20 000 lieues sous les mers
En 1954, Disney lance sa propre adaptation du roman de Jules Verne et offre le second rôle principal à Kirk Douglas, qui sort du succès d'Ulysse. Un film d'aventure familial et impressionnant pour l'époque, mis en scène par le talentueux Richard Fleischer. L'acteur joue le rôle de Ned, un harponneur de baleine bravache côtoyant le capitaine Nemo joué par James Mason. Sa chanson Une histoire de baleine lui permet de jouer de tout son charisme, comme en témoigne la séquence :
Les Ensorcelés
Première des quatre collaborations entre Vincente Minnelli et l'acteur, Les Ensorcelés voit Douglas jouer un producteur hollywoodien. Il convoque dans son bureau une actrice, un réalisateur et un écrivain pour leur demander un service. Le récit est constitué des souvenirs de ces trois personnes et de flashbacks racontant leurs rapports avec ce producteur, tantôt charmeur, manipulateur et capable des pires trahisons. Un personnage tout en complexité pour un film qui évoque le système hollywoodien pour le pire comme pour le meilleur, The Bad and The Beautiful, le titre original des Ensorcelés.
Le Gouffre aux chimères
C'est l'histoire d'un journaliste porté sur la bouteille qui trouve une bonne histoire et va l'exploiter jusqu'au macabre. Ce point de départ est celui d'un film injustement méconnu tant il est d'une actualité brûlante. Nous sommes en 1951 et Billy Wilder, journaliste de formation, dresse un portrait cynique d'une certaine presse et de la façon dont l'information peut être tordue et manipulée à des fins personnelles (ici un journaliste en mal de scoop). Nous n'entrerons pas davantage dans le détail, en laissant le spectateur découvrir jusqu'où va aller ce journaliste joué par un Kirk Douglas habité.
L'Homme qui n'a pas d'étoile
King Vidor, auteur du formidable Duel au soleil revient au western avec cet Homme qui n'a pas d'étoile, qui figure parmi les classiques indétrônables du genre. Le film montre l'arrivée d'un cow-boy expérimenté dans un ranch tenu par une femme et très vite, il va remettre en cause ses méthodes. Formidable film sur la fin d'une époque, l'arrivée des barbelés sur la prairie et l'individualisme, L'Homme qui n'a pas d'étoile est un western riche et explore des personnages complexes. Douglas incarne un héros d'abord réfractaire puis optant pour le changement au lieu du replis sur soi et de l'isolement. Quelques années plus tard, l'acteur reviendra sur ce sujet avec un film plus désabusé, Seuls sont les indomptés.
Règlement de comptes à OK Corral
Autre western mythique avec Kirk Douglas, Règlement de comptes à OK Corral relate une nouvelle fois l'affrontement entre les frères Earp (dont le célèbre Wyatt Earp) et les cow-boys de la famille Clanton. Douglas y incarne Doc Holliday, un dentiste-aventurier-alcoolique inspiré d'un véritable personnage de l'Ouest américain. Holliday fleurte avec le pathétique, puis l'émotion dans sa relation avec Kate, incarnée par une géniale Jo Van Fleet. Sur le plateau, parce qu'il incarne un malade dont l'état empire, Douglas compte dans chaque séquence combien de fois il tousse afin de ne pas créer de problèmes de cohérence. Il y donne la réplique à l'un de ses plus proches amis, Burt Lancaster, avec qui il tournera à sept reprises. Un must.
Les Sentiers de la gloire
Sans doute l'un des meilleurs films sur la Première guerre mondiale, Les Sentiers de la gloire marque la première collaboration entre Kirk Douglas et Stanley Kubrick. Mais c'est un film de guerre dont l'ennemi est invisible. Car l'ennemi est au sein de l'armée, dans les rapports entre les officiers et les soldats d'un même camp. Sans démagogie ni manichéisme, Kubrick démonte le système absurde et inéquitable de la justice militaire pour une ode à la paix et à l'égalité. Dans un rôle ambigu de colonel impulsif mais humaniste, Douglas trouve ici un de ses plus beaux rôles.
Seuls sont les indomptés
Au Nouveau-Mexique, Jack Burns (Douglas), authentique cow-boy perdu dans notre monde moderne, retourne volontairement en prison pour aider son ami Paul à s'échapper. Mais comme celui-ci a décidé de purger sa peine jusqu'au bout, Jack s'évade tout seul mais est poursuivi par le shérif Johnson... Cette histoire d'un homme qui refuse le changement et la modernité, qui défend la marginalité, anticipe un thème qui sera particulièrement prisé par le Nouvel Hollywood des années plus tard (nous sommes en 1962, Bonnie & Clyde n'arrivera qu'en 67). A noter que bien que le réalisateur crédité soit David Miller, il fut renvoyé du plateau en cours du tournage, et remplacé par Kirk Douglas lui-même, qui le trouvait trop lent.
Spartacus
Premier film en couleurs de Stanley Kubrick, Spartacus symbolise l'esclave brisant ses chaînes. Le personnage (interprété par Douglas) va même se rebeller contre l'ordre établi en fomentant une révolte contre un Empire romain tout puissant. Le film opte pour une reconstitution à gros budget et critique la décadence romaine. Le scénariste Dalton Trumbo (alors suspecté de sympathies communistes) place une critique allégorique de son envie de rébellion face à une Amérique devenue paranoïaque et étouffante. Un classique immense à voir et à revoir.
La Vie passionnée de Van Gogh
Biopic sur le célèbre peintre, La vie passionnée de Van Gogh est d'une beauté plastique qui impose le respect. Vincente Minnelli met tout son savoir-faire dans la mise en couleurs de cette histoire en partie tournée sur les lieux où Van Gogh vécut réellement. Dans ce film, Douglas "est" littéralement Van Gogh et Minnelli dut batailler férocement avec la M.G.M. pour avoir le droit de le mettre en scène. En échange, il fut obligé de réaliser deux comédies musicales -sa spécialité- pour le studio. Depuis, les biopics sur Van Gogh se sont multipliés, mais aucun acteur n'a réussi à égaler le regard de Douglas dans le rôle.
Les Vikings
Ce nouveau film d'aventures est important dans la carrière de l'acteur, car cette fois, il en est le coproducteur. Le film marque les retrouvailles de Douglas avec Richard Fleischer, quatre ans après 20 000 lieues sous les mers. L'acteur porte un bandeau noir sur l'oeil et incarne Einar, Viking impitoyable au service d'un film épique qui n'oublie pas d'être visuellement magnifique (la photographie de Jack Cardiff et le talent de Fleischer y sont pour beaucoup). Porté par un casting royal (Tony Curtis, Janet Leigh et Ernest Borgnine), Les Vikings sera un succès en salles et a marqué la jeunesse de plus d'un cinéphile.