Un Homme ordinaire - 4x60 minutes - Diffusion sur M6 à partir du 15 septembre
Résumé : Une mère et ses quatre enfants sont retrouvés assassinés sous la terrasse de leur maison. Seul le père manque. Anna-Rose, une professionnelle du Net et de ses réseaux, cherche à comprendre. Happée par cet homme, et par cette horreur, elle va dangereusement basculer de la toile à la réalité...
La bande-annonce :
Le fantasme de l'histoire
20 mai 2019. C’est à la terrasse du Grand Café de la Soie, petite brasserie située en plein coeur du quartier de la Croix-Rousse qui plombe les hauteurs de Lyon, que la chaîne M6 nous a donné rendez-vous pour assister au tournage de sa mini-série événement, Un Homme ordinaire. Sur place à l’heure fixée, nous assistons à notre plus grande surprise au rangement du matériel, alors que les prises de vues de la matinée viennent de s’achever (le tournage reprendra dans l’après-midi dans un autre quartier de la ville). Qu’à cela ne tienne, le réalisateur Pierre Aknine, à qui nous sommes immmédiatement présentés par l’attachée de presse, s'empare de notre bras pour nous demander non sans une certaine excitation si nous avons "vu Arnaud" ?
Visiblement ravi de la performance de son interprète principal Arnaud Ducret, le metteur en scène se lance dans une pluie d’éloges à son égard, allant même jusqu’à demander à un assistant de nous organiser un visionnage des rushes tournés dans la matinée, séquence mettant en scène une conversation autour d’un café dans une brasserie entre les deux protagonistes principaux du programme. Le comédien étant absent de la scène de l'apres midi, il s'agira là du seul aperçu que nous aurons de lui dans le rôle. Aperçu qui suffit néanmoins à nous confirmer sa crédibilité.
Alors que le ciel lyonnais se couvre de nuages menaçants, rendant incertain le tournage des scènes en extérieur de l’après-midi, nous trouvons refuge dans un café en compagnie de la productrice du programme Sarah Aknine et des équipes de la société de production CAPA Drama. Dès le début de l’entretien qu’elle a accepté de nous accorder, la jeune femme est catégorique : Un homme ordinaire n’est PAS l’adaptation de l’affaire Dupont de Ligonnès.
Pour des "raisons juridiques" évidentes, jamais la productrice n’évoquera durant notre conversation le nom de celui qui fait régulièrement les titres des rubriques de faits divers depuis la découverte macabre des corps sans vie des membres de sa famille le 21 avril 2011 à Nantes. Mais si Un Homme ordinaire n’en est pas l’adaptation officielle, la série s'en inspire néanmoins fortement, ce que reconnaît Sarah Aknine pour qui "le fantasme de l’histoire" a été le véritable élément moteur de ce projet.
"Dupond de Ligonnès est bel et bien en vie"
Des faits d’origine, les quatres épisodes d'Un homme ordinaire en conservent donc l’essence principale : de Nantes, l’action est transposée ici à Lyon, alors qu’un banal accident de la route fait se croiser la route d'une jeune femme spécialisée (Emilie Dequenne) dans l’informatique et d'un homme bien sous tous rapports, dont nous découvrirons peu à peu la vraie nature, celle d'un père de famille criblé de dettes qui assassine sa famille avant de disparaître dans la nature. Le personnage de l'informaticienne a vraiment existé, simplement dans la vraie vie il s’agissait d’un homme nous précise la productrice, décidément incollable sur l’affaire "XDDL".
La pause midi avancée en raison de la pluie, nous sommes véhiculés jusqu'aux abords du parc de la Tête d’Or pour déjeuner en compagnie de Pierre Aknine et Arnaud Ducret ; très complices, les deux hommes enchaînent les plaisanteries, créant un climat propice à l’humour nécessaire selon le comédien, qui reconnaît avoir été très marqué par le tournage des scènes de meurtres, une séquence forcément choc pour ce père de famille. De nouveau, le metteur en scène se lance dans une série d’éloges à son encontre, rappelant que l’acteur phare des Profs et de Parents mode d’emploi s’était déjà auparavant essayé au drame, comme par exemple en 2009 dans le téléfilm Adieu, De Gaulle, Adieu dans le rôle de Jacques Chirac.
En écho aux propos de sa productrice - et accessoirement sa fille - tenus un peu plus tôt, Pierre Aknine nous explique que sa démarche n’a pas été celle de se rapprocher au plus de la réalité, "sinon autant faire un documentaire", mais d’articuler une histoire autour du fantasme d’un homme menant une double-vie, et de s'interroger sur les raisons qui pousseraient un personnage a priori tout à fait banal à assassiner sa propre famille.
Libéré de toute contrainte par rapport aux faits, le metteur en scène a ainsi pu livrer sa propre vision de l’affaire, et notamment de son dénouement qu’il ne souhaite pas nous révéler tout en affirmant tout de même qu’il s’agit d’un fin "restée ouverte". Une chose est en tout cas certaine pour le réalisateur : Dupont de Ligonnès est bel et bien en vie. "Je ne sais pas s’il regardera ma série, je l’espère, et s’il se fait coincer d’ici là, nous verrons bien…"
En prononçant ces mots en mai 2019, Pierre Aknine ignorait que l’affaire allait connaître un tournant inattendu avec l’annonce quelques mois plus tard de l’arrestation de Dupont de Ligonnès à l’aéroport de Glasgow ; immédiatement joint par la rédaction de Ouest-France, le metteur en scène n’avait pas caché à l'époque son grand étonnement, expliquant à nos confrères que cette annonce pourrait entraîner la diffusion anticipée de la série dont il venait - par une étrange coïncidence - d’achever le montage ce même jour. Finalement, des test ADN ont démontré que l’homme interpellé n’était pas Xavier Dupont de Ligonnès, une nouvelle impasse dans ce fait divers décidément fascinant.
Fin de tournage ensoleillée
Le beau temps revenu, nous nous sommes alors rendus dans le parc de la Tête d’Or pour assister au tournage d’une scène impliquant le personnage d’Emilie Dequenne, en pleine conversation téléphonique. Accessible et amicale, la comédienne est dirigée avec précision par Pierre Aknine, tandis que trois figurants - dont un enfant en tenue de communion - ont pour consigne de feindre une séance photo en arrière-plan de la scène. Les prises se succèdent à un rythme soutenu de façon à pouvoir capter la scène à travers plusieurs valeurs de plan : plan général, gros plan, de dos, de profil… Un enchaînement de prises répétitif mais auquel se livrent avec plein de bonne volonté l'actrice belge et l’équipe de tournage composée d’une vingtaine de personnes.
Et c’est finalement sous le soleil que cette journée de travail s’achève, tandis que plus de la moitié des quatre épisodes a déjà été mise en boîte. Toujours aussi enthousiaste Pierre Aknine nous gratifie d’un sourire radieux en nous saluant une dernière fois avant que nous quittions le tournage de cette série dont la diffusion sur M6 sera forcément un événement. Avant que l’affaire ne reparte de plus belle avec d’autres révélations ?