AlloCiné : L’arche incendie de Demain nous appartient a débuté la semaine dernière avec deux épisodes très forts qui ont vu le mas ostréicole être ravagé par les flammes, alors que plusieurs personnages, dont Flore, se trouvaient à l'intérieur. Comment avez-vous vécu le tournage des séquences d’incendie ?
Anne Caillon : C'était très bizarre. Je n'avais pas participé à l'arche accident de bus l'an dernier donc je ne me rendais pas bien compte. C'est particulier car on tournait uniquement de nuit. Avec des soirs où on venait nous chercher vers 1 heure du matin pour aller tourner. C'est un peu bizarre. Il y avait une ambiance très particulière, c'était très différent de notre tournage quotidien. Avec en plus une espèce de danger permanent, on n'était pas vraiment tranquilles. On sentait une tension palpable. C'est du feu quoi, et le feu ça brûle (rires). Évidemment, on avait confiance car on était entourés de gens dont c'est le métier, et on portait des vêtement ignifugés en plus. Mais on avait des scènes à jouer pas forcément faciles et comme la technique prenait souvent le pas sur le reste, car il fallait faire très attention tout le temps, j'ai trouvé que c'était relativement difficile. Difficile, on s'entend bien sûr, car ça reste de la comédie. Mais ce n'était pas facile d'être vraiment là à chaque instant. Car comme lors de tout tournage il y a la réalité de l'attente, de la fatigue, avec des fous rires parfois aussi, on ne va pas se mentir.
Ingrid Chauvin, notamment, a déclaré qu'elle avait assez mal vécu ce tournage mais que vous étiez heureusement là pour détendre l'atmosphère...
Oui, on essayait d'en rire, mais on joue des choses qui sont parfois tellement proches de nos vies que c'est difficile. Comme le fait de perdre un enfant, c'est toujours des moments un peu compliqués. Et en même temps quand on était dans la pièce on avait réellement du mal à respirer et il fallait malgré tout rester en place et assurer. Ingrid était toujours là, il n'y a pas un soir où elle y a échappé. Mais on s'en est parlé toutes les deux. On est des dures à cuire et Ingrid ne se plaint jamais de rien, mais là oui elle était en souffrance quand je suis arrivée. Car ça faisait déjà deux nuits qu'elle tournait. Donc on s'est aidées et on avait ce truc à jouer ensemble qui était d'aller sauver nos enfants qui étaient prisonniers du feu. Donc on devait trouver une vérité de jeu dans quelque chose qu'on n'a jamais vécu et face auquel on ne sait pas du tout comment on se comporterait. Il y avait des choses qui étaient écrites et en même temps nous, ensemble, on s'est battues pour apporter ce qu'on pensait être notre vérité. Car qui sait si je me jetterait aussi dans les flammes si mon enfant était pris dedans ? Physiquement je ne sais même pas si c'est possible en fait. Mais il y avait une évidence à le faire et on a ajouté notre sensibilité de mère à nous. Il fallait que ça ait l'air vrai. Et en même temps il y avait nous, les comédiennes en galère (rires). La température montait très vite et la difficulté à respirer était assez éprouvante.
Le plus dur pour moi je crois que c'était d'être couchée dans les flammes. Quand on a les yeux ouverts on peut être aux aguets, mais là quand il est 5 heures du matin, qu'on vous allonge par terre et qu'on doit fermer les yeux et avoir confiance c'est compliqué parce que ça chauffe (rires). J'avais vraiment l'impression d'être prise dans les flammes et le plus dur c'était de fermer les yeux dans le feu. Je me suis dit "Ils vont se tromper, un vêtement va finir par prendre feu". Je m'imaginais vraiment prendre feu, c'était assez horrible sur le moment.
À la fin de l’épisode diffusé ce lundi, Flore est plongée dans un coma artificiel afin que son organisme récupère plus facilement. C’est le troisième coma de Flore en deux ans. C’est limite de l’acharnement de la part des scénaristes, non ?
Demain nous appartient c'est du soap avant tout, c'est souvent assez rocambolesque, on ne va pas se mentir. Donc on garde notre humour et on sait en rire heureusement. Je connais une personne qui a été dans le coma et qui s'en est sortie. Mais quand même avec des séquelles. Et elle n'a connu qu'un seul coma. Alors trois fois, oui, ça fait beaucoup ! Mais celui-ci est choisi, c'est un peu différent (rires). C'est un coma artificiel mais quand même. Donc oui oui, c'est mon troisième coma !
Qu’est-ce que vous pouvez dire sur ce qui nous attend dans les prochains épisodes ? Le coma de Flore va être le point de départ d'une "guerre" entre Arnaud et Bart, c'est ça ?
Ce qui a été vraiment intéressant à jouer c'est que pendant son coma Flore est consciente. Elle a une prescience des choses qui se passent autour d'elle. Et on va l'entendre parler dans sa tête grâce à une voix-off que j'ai enregistrée par la suite. Ce n'était pas facile de jouer tout ça sans que ce soit ridicule, c'était un vrai défi. Mais Flore entend des choses et quand elle se réveille elle ne se souvient plus vraiment, c'est assez flou. Et effectivement Bart et Arnaud se déchirent à son chevet. Et c'est la raison pour laquelle elle va essayer, avec l'énergie vitale qu'il lui reste, de donner des signes aux médecins. Elle essaye de leur faire comprendre qu'elle est là et qu'il faut la réveiller, qu'il faut qu'elle en sorte. J'ai discuté il y a quelques temps avec un réalisateur qui avait lu le livre d'une femme qui a été dans le coma et qu'ils ont déclaré morte cérébralement alors qu'elle ne l'était pas. Elle avait toute sa conscience. Et elle a fini par écrire un livre là-dessus. C'était intéressant de parler de ça car c'est terrible. C'était assez difficile de jouer ces séquences où Flore est intubée. Ça a été des semaines éprouvantes, on peut dire qu'on ne s'ennuie pas sur le plateau. Mais, voilà, bien qu'elle soit dans le coma, Flore a conscience que quelque chose de très grave est en train de se passer entre Bart et Arnaud, et elle veut absolument sortir du coma pour comprendre et les aider à sortir de cette situation qui prend une tournure très dramatique.
Est-ce que le but de tout ça ce n'est pas aussi de montrer Arnaud sous un nouveau jour et de faire prendre conscience aux téléspectateurs de l'amour qu'il porte à Flore ?
Ah ça c'est sûr qu'il l'aime. Mais alors il l'aime d'une manière inconditionnelle. Il a un amour fou pour Flore et sur ça elle ne s'est pas du tout trompée. Ce qui est intéressant aussi c'est d'aller jusqu'au mariage, qui va arriver dans quelques mois, et de faire en sorte que les choses s'arrangent avec Bart. Et il y a Anna aussi dans l'histoire. Car elle est inquiète pour son fils qu'elle voit perturbé par l'amour qu'il y a entre Flore et Arnaud. Ça va avec l'histoire de ce couple recomposé et de l'instinct surprotecteur qu'a pu avoir Bart vis-à-vis de Flore. Il doit accepter que quelqu'un d'autre entre dans la vie de sa mère. Et quand Flore sort de l'hôpital elle a une énergie de vie qui est plus forte que tout. Toutes ces dissensions doivent être oubliées. Comme tous les gens qui ont failli mourir et qui se rendent compte que chaque jour est précieux. On va découvrir Arnaud autrement. Jusqu'au mariage, qu'on va bientôt tourner. Ça va être un événement très beau et assez dingue. J'ai vraiment hâte.
Depuis plusieurs mois, Flore sentait Bart lui échapper un peu, ou en tout cas se rapprocher davantage d’Anna, ça a notamment été le cas au moment du retour d’Hugo et de l’accident d’Arthur. Depuis leur décision de partir au Canada, on sent la tendance s’inverser. Et Flore a tout risqué pour le sauver durant l’incendie. Vous êtes heureuse de ce développement et de ce retour vers davantage de scènes entre Flore et son fils ?
Oui, tout ça est aussi lié à la présence des personnages dans les intrigues et à leurs arches respectives. Comme je suis partie tourner un peu ailleurs cet été j'étais moins présente. Mais on a toujours adoré tourner ensemble avec Hector Langevin et avec Maud Baecker aussi. On a un trio qui fonctionne super bien. C'est d'ailleurs rigolo qu'ils nous aient mis au générique tous les trois ensemble, je trouve que c'est un très joli trio. À un moment on s'est même dit "D'accord il y a déjà des lesbiennes dans la série mais si on se mettait en couple toutes les deux ce serait beaucoup plus simples pour chacune d'entre nous et au moins Bart aurait ses deux mamans et tout irait bien" (rires). Et quand on est un peu moins présent à l'écran le lien est évidemment moins travaillé par les auteurs. Mais je suis très très heureuse de tout ça. Je trouve qu'Hector a vraiment pris de l'ampleur dans son jeu au fur et à mesure, et il a très envie de travailler donc on s'est dit tous les deux qu'on allait bosser encore plus ensemble. Là on va passer trois semaines très intenses. C'est un vrai plaisir de jouer avec lui. Et puis Flore c'est un mystère, on ne sait rien d'elle avant les Vallorta. Et ce qu'elle a de plus précieux c'est son fils. Et ça c'est quelque chose que je ne lâcherai jamais.
Puisque Flore va être durant quelques temps à l'hôpital, est-ce que vous allez enfin avoir des scènes avec Samira Lachhab, l'interprète de Leïla, dont vous êtes très proche dans la vie ?
Juste quelques petites scènes, mais oui, enfin, il était temps ! Elle va enfin être là quand je suis à l'hôpital. Car à chaque fois que Flore était à l'hôpital auparavant, elle n'était pas là ma petite Leïla. Elle va un peu écouter Flore et elle va sentir des choses. Elle ne va pas beaucoup me parler (rires), mais on va enfin nous voir ensemble à l'écran.
Vous aviez fait part à la production de ce souhait de tourner ensemble ?
Oui, ils nous demandent toujours avec qui on a envie d'avoir des interactions, mais il y a des choses qui sont pertinentes et d'autres qui le sont moins. C'est vrai qu'au début de jouais beaucoup avec Atmen Kelif car Bilel travaillait au mas des Vallorta. Mais je n'avais pas d'interactions avec Leïla. Et à chaque fois qu'on en parlait c'était plus pour la blague. Je crois qu'on avait surtout envie de se croiser afin d'avoir un souvenir personnel. Et en fait à chaque fois elle vivait de tels drames dans sa vie que ça venait perturber son histoire. Mais avoir davantage de scènes ensemble, oui, on l'espère. Après, pour une vraie arche ensemble, il faudrait que Flore change de métier. Il faudrait qu'elle aille bosser à l'hôpital (rires).
Vous parliez du passé de Flore qu'on ne connaît pas. Est-ce que vous aimeriez que sa famille soit un jour introduite dans la série, comme ce fut le cas cet été pour les parents de Sandrine et de Victoire ?
J'adorerais. Quand on a débuté le tournage de la série il y a deux ans et demi, on nous avait "dessiné" les personnages. Ce qu'on savait vaguement de Flore c'est qu'elle aurait été élevée uniquement par sa mère qui s'était battue pour sa fille, pour qu'elle ait un avenir. On ne m'a jamais parlé de mon père, mais c'est comme ça qu'était décrit le personnage tout au début. Après je vous avoue qu'on ne m'en a jamais reparlé ensuite et que ça n'a jamais été évoqué dans la série. Et deux ans plus tard, je n'ai toujours pas de mère (rires). Mais j'aimerais beaucoup qu'on en apprenne davantage sur le passé de Flore.
Vincent Meslet, le producteur de Demain nous appartient, a annoncé récemment qu’il y aurait des morts au sein de la série dans les mois à venir. Ce genre d’annonce ça vous inquiète ?
Ça nous inquiète tous (rires). C'est vraiment la blague entre nous à chaque fois. Car il y a deux blagues entre nous sur le tournage : soit tu meurs, soit tu pars en Chine. Et quand tu pars en Chine en général tu ne reviens pas alors que quand tu meurs tu peux ressusciter. C'est arrive à Martin quand même. On l'a cru mort et finalement il était vivant ! Donc finalement mourir est inquiétant mais pas tant que ça (rires). Mais plus sérieusement, quand la production balance des choses comme ça, c'est toujours inquiétant évidemment. Mais souvent ce sont juste des idées qu'ont les auteurs et on ne sait de toute façon jamais quelle famille ça concerne. C'est la surprise. On en rigole entre nous mais on sait que demain au prix de la narration et des intrigues notre personnage pourrait mourir. Après ça se discute avec la production, et il y a des gens qui le demandent. Et d'autres qui ne le demandent pas et les auteurs se disent juste que ce serait dingue de faire mourir tel personnage. Ce serait dingue que Chloé meurt par exemple vous voyez (rires). Mais ce serait compliqué et on n'a vraiment pas envie ! Je pense que si ça se produisait j'arrêterais de regarder (rires). Mais il faut de vrais drames dans un soap comme Demain nous appartient, donc c'est important.
Et en parallèle de la série, est-ce que vous avez des projets à venir dont vous pouvez parler ?
J'ai tourné un Meurtre à... en Guyane avec Rani Bheemuck, qui joue Lou dans Demain nous appartient. Meurtre à Cayenne. Avec aussi Philippe Caroit et Nadège Beausson-Diagne. C'était très amusant de se retrouver là-bas avec Rani, on était ravies. C'était une merveilleuse expérience, même si j'ai peur des insectes. La Guyane, c'est tellement beau. Rani était totalement bouleversée par ce tournage. Je ne sais pas encore quand ça va être diffusé. Et j'ai tourné un petit guest dans Tropiques criminels, la nouvelle série de France 2 avec Sonia Rolland. Et il y a un téléfilm que j'ai tourné l'hiver dernier avec Thierry Neuvic, La malédiction de Provins, qui a été diffusé en Belgique mais qui reste encore inédit en France. J'ai hâte qu'il passe car j'en suis très fière.
Et avec TF1, est-ce que vous discutez d'un possible unitaire ou d'un rôle dans une autre série en parallèle de Demain nous appartient ?
Pas assez, mais j'y pense très fort. À chaque fois que je vois un fait-divers marquant ou que je lis un livre je me dis qu'il faudrait que je creuse pour trouver un sujet qui me corresponde. J'y pense mais je n'ai pas encore trouvé le truc qui me plaît. Mais j'aimerais beaucoup jouer dans un unitaire de TF1.