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    The End of the F***ing World sur Netflix : une saison 2 à la hauteur de la 1 ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Arrivée en janvier 2018 sur Netflix, la pépite "The End of the F****ing World" a fait son retour ce mardi 5 novembre après nous avoir laissés en suspens à la fin de la saison 1. Mais que valent donc ces nouveaux épisodes.

    Channel 4 / Netflix

    Arrivée sans faire de bruit début 2018, après ses débuts en Grande-Bretagne, The End of the F***ing World s'est immédiatement affirmée comme l'une des pépites de Netflix. Grâce à son ton, son esthétique à la fois stylisée et désespérée, et ses personnages, sortes de Bonnie & Clyde ados et anglais lancés dans un road trip meurtrier qui s'était achevé par un coup de feu sur une plage. Et puis plus rien, car c'est sur ce cliffhanger que s'achevait la saison 1 et, pensait-on à l'époque, la série. Mais non. Renouvelée quelques mois plus tard, elle est aujourd'hui de retour avec un défi de taille : confirmer les espoirs placés en elle en prolongeant un récit qui aurait très bien pu se suffire à lui-même. Ce qu'elle réussit dans l'ensemble.

    Le show ne peut cependant plus compter sur l'effet de surprise mais parvient à déjouer les attentes en repoussant la résolution du mystère entourant le sort de James (Alex Lawther), que nous avions laissé en fuite sur une plage alors qu'un policier le tenait en joue. Car c'est grâce à un nouveau personnage que nous entrons dans l'histoire : Bonnie (Naomi Ackie, attendue dans Star Wars IX en décembre), jeune femme fraîchement libérée de la prison dans laquelle elle a séjourné après avoir tué quelqu'un. "Volontairement" précise-t-elle à l'interlocuteur à qui elle raconte son parcours, avec un détachement nous donnant l'impression qu'elle s'entendrait bien avec les deux jeunes héros. Si ces derniers n'avaient pas tué son amant.

    Channel 4 / Netflix

    Et c'est alors qu'Alyssa (Jessica Barden), que l'on imagine en danger de mort, va voir son passé resurgir lorsque James, sorti de l'hôpital dans lequel il est resté de longs mois après avoir été blessé par balle, la retrouve et chamboule sa nouvelle vie. Si le passé refait surface dans l'univers de la jeune femme, et que chacun se débat avec ses séquelles (physiques et/ou psychologiques), la série ne nous rejoue pas la même musique, même si, une fois les deux premiers épisodes passés, la saison prend encore la forme d'un road trip qui ressemble davantage à une errance qu'à une fuite en avant, articulée autour des thèmes de la vengeance, de la rédemption et du pardon lorsque Bonnie se joint à eux et révèle peu-à-peu son identité.

    La bande-originale est toujours un sans-faute et l'on retrouve vite nos marques dans ce monde. Trop peut-être car la trame de cette saison 2 se révèle parfois trop proche de la 1 dans sa structure globale, jusque dans un rebondissement précis, alors que l'apport de Bonnie relève parfois du prétexte pour poursuivre l'aventure. C'est pourtant grâce à elle que la série gagne en puissance et se révèle en prise avec l'actualité. Diffusé en octobre 2017 en Grande-Bretagne (puis sur Netflix quelque mois plus tard), le show débarquait alors que l'affaire Weinstein ne faisait que commencer. Grâce à des flashbacks permettant d'étoffer le rôle de Clive Koch (Jonathan Aris), il apporte sa pierre à l'édifice et aborde de front le sujet de la masculinité toxique et de la difficulté, pour une victime, de se confronter à son agresseur.

    THE END OF THE F***ING SERIES ?

    Bien aidée par le jeu nuancé de Naomi Ackie, qui parvient à faire passer beaucoup d'émotions dans son regard, The End of the F***ing World baigne toujours dans cette tristesse qu'incarnent James et Alyssa, dont la quête d'aventure fait place à une recherche de soi et de la nature du lien qui les unit, dans une histoire d'émancipation à plus d'un titre : pendant que les uns veulent échapper à la norme et la vie normale que l'on souhaite leur imposer, et qu'une autre peine à se libérer de son passé, la série tente de tracer sa propre route, ne pouvant plus s'appuyer sur le roman graphique qui avait servi de base à la saison 1.

    Si le chemin n'est pas sans heurts, elle y parvient et gagne en maturité en même temps que ses personnages, confrontés à l'âpreté d'un monde dépeint de manière très stylisée (sans trop en faire), où les notions de Bien et de Mal sont plus floues qu'on ne le pense. Beaucoup plus posée, là où la première avait des allures d'embardée, cette saison 2 ne fera que renforcer l'attachement des fans pour ses protagonistes, Alyssa en tête. Depuis le début, c'est elle qui donne le tempo et son évolution est particulièrement réussie et cohérente, sans atténuer la tendresse que l'on peut éprouver pour la jeune femme, qui peine pourtant à exprimer ses sentiments.

    Tout au long de ces nouveaux épisodes, elle entraîne James (et les téléspectateurs) dans son sillage et s'immisce à sa façon dans les mouvements #MeToo et Time's Up, jusqu'à une conclusion douce, logique et satisfaisante, qui sonne comme la fin du voyage, au propre comme au figuré, pour James et Alyssa. S'il s'agit bien de l'heure des adieux pour The End of the F***ing World, cette fin n'en serait que plus belle.

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