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    Harcèlement : Adèle Haenel accuse le réalisateur de son premier film
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Pour la première fois, une actrice française dénonce des actes de pédophilie : Adèle Haenel accuse le réalisateur de son premier film d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" dans les colonnes de Mediapart qui a mené l'enquête depuis 7 mois.

    Bestimage

    Mediapart vient de dévoiler une enquête choc initiée par l'actrice Adèle Haenel (Portrait de la jeune fille en feu, Les Combattants). Comme l'écrivent en titre nos confrères de Mediapart, elle "brise un nouveau tabou". Adèle Haenel a en effet décidé de "poser publiquement les mots sur ce qu’elle « considère clairement comme de la pédophilie et du harcèlement sexuel »". "Elle accuse le réalisateur Christophe Ruggia de comportements sexuels inappropriés entre 2001 et 2004, alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans, et lui de 36 à 39 ans", peut-on lire au début de cette très longue enquête qui a nécessité 7 mois de travail dans le plus grand secret, et pour laquelle une trentaine de personnes ont été sollicitées pour recouper les accusations de la comédienne.

    "À Mediapart, l’actrice dénonce « l’emprise » importante du cinéaste lors du tournage du film Les Diables, puis un « harcèlement sexuel permanent », des « attouchements » répétés sur les « cuisses » et « le torse », des « baisers forcés dans le cou », qui auraient eu lieu dans l’appartement du réalisateur et lors de plusieurs festivals internationaux". Contacté par Mediapart, Christophe Ruggia "réfute catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineure" (lire sa réponse complète).

    Précision importante : Adèle Haenel "ne souhaite pas porter l’affaire devant la justice qui, de manière générale, selon elle, « condamne si peu les agresseurs » et « un viol sur cent ». « La justice nous ignore, on ignore la justice. »"

    Océan Films

    Pour expliquer sa démarche, aujourd'hui, l'actrice indique que "silence [était] devenu insupportable": "Je suis vraiment en colère. (...) Je veux raconter un abus malheureusement banal, et dénoncer le système de silence et de complicité qui, derrière, rend cela possible. Le silence n’a jamais été sans violence. Le silence est une immense violence, un bâillonnement."

    Et d'ajouter : "Dans ma situation actuelle – mon confort matériel, la certitude du travail, mon statut social –, je ne peux pas accepter le silence. Et s’il faut que cela me colle à la peau toute ma vie, si ma carrière au cinéma doit s’arrêter après cela, tant pis. Mon engagement militant est d’assumer, de dire “voilà, j’ai vécu cela”, et ce n’est pas parce qu’on est victime qu’on doit porter la honte, qu’on doit accepter l’impunité des bourreaux. On doit leur montrer l’image d’eux qu’ils ne veulent pas voir." Et de conclure : "Je ne suis pas courageuse, je suis déterminée. Parler est une façon de dire qu’on survit."

     

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