À quelques jours de sa sortie en salle, Joker, signé Todd Phillips, fait polémique sur le degré de violence qu'il pourrait contenir. Selon Variety, des voix se sont élevées pour exprimer leur inquiétude sur le film. Il s'agit des proches des victimes de la fusillade d'Aurora de 2012 lors de la projection de The Dark Knight Rises, dernier volet de la trilogie de Christopher Nolan sur Batman.
Dans leur lettre adressée à Ann Sarnoff, PDG de Warner Bros., les familles et les amis des victimes demandent à la société de s'allier à Walmart et CVS : "Nous vous appelons à utiliser votre plateforme massive et votre influence afin de rejoindre notre combat pour établir des communautés plus sécurisées avec moins d'armes à feu. Nous vous interpellons afin de prendre part au groupe grandissant de chefs d'entreprise qui ont compris qu'ils avaient la responsabilité sociale de veiller à la sécurité de tous."
La lettre poursuit ainsi : "Puisque le gouvernement fédéral n'a pas réussi à adopter des réformes qui rehausserait les critères des détenteurs d'armes à feu en Amérique, les grandes entreprises comme Warner Brothers ont la responsabilité d'agir. Nous espérons que vous irez dans ce sens." Leur inquiétude résulte du traitement du Joker (Joaquin Phoenix) dans le film, dépeint comme un homme dépressif et rejeté par la société qui bascule dans la violence pour renaître grâce à un personnage créé de toutes pièces.
LA RÉPONSE DE WARNER
D'après Deadline, un représentant de Warner Bros. a aujourd'hui répondu à cette polémique : "La violence armée dans notre société est un problème critique et nous exprimons notre plus profonde sympathie à toutes les victimes et leurs familles touchées par ces tragédies. Notre entreprise fait depuis longtemps des dons aux victimes de violence, dont celles d'Aurora, et au cours des dernières semaines, notre société mère s'est associée à d'autres dirigeants d'entreprise pour interpeller les politiques et les presser de promulguer une législation bipartite afin de lutter contre cette épidémie."
Le représentant de Warner Bros. poursuit sur le personnage du Joker en question : "Warner Bros. pense que l'un des attraits de la narration est de provoquer des conversations difficiles sur des problématiques complexes. Mais ne vous y trompez pas : ni le personnage fictif du Joker, ni le film ne sont une approbation de la violence dans le monde réel. Ce n'est en aucun cas l'intention du film, des cinéastes ou du studio d'ériger ce personnage en héros."
Cette polémique relance le débat houleux sur la part de violence dans la culture, les films et les jeux vidéo étant souvent pointés du doigt pour leur influence jugée néfaste par certains détracteurs. Si les entreprises peuvent avoir un rôle à jouer dans la prévention de la violence, il n'en reste pas moins que les objets culturels ne peuvent pas être tenus responsables de la violence dans le monde, en particulier dans le cas d'une fusillade. Le problème de fond restant le lobbying des armes à feu aux États-Unis, comme l'indiquent les deux parties s'exprimant sur cette polémique.
La bande-annonce de Joker :