C’est devenu une habitude, désormais, les annonces de Marvel pour leur future phase écrase toute la concurrence. Et cette année n’a pas dérogé à la nouvelle règle : Natalie Portman en future détentrice de Mjöllnir ; Fantastic Four et les Mutants bientôt au programme ; la distribution des Eternals ; le retour du vrai Mandarin dans Shang-Chi ; les fans ne savaient plus où donner de la tête. Mais dans leur copieux programme demeure un grand absent et on ne parle pas d’Iron Man ou de Steve Rogers mais des Avengers !
Kevin Feige l’a avoué en fin de conférence, il a manqué de temps pour dévoiler toutes les informations. On appréciera la blague de celui qui cadenasse à double tour la communication de Marvel (et l’absence de Mark Ruffalo ou Tom Holland a dû lui apaiser l’esprit). Alors pourquoi la plus grande bande de super-héros de l’histoire du cinéma ne figure pas dans le line up ? Une surprise gardée pour plus tard ? Possible, les coups fourrés sont une habitude de la Maison des Idées. Un changement de cap pour une phase de transition ? Probable. Mais peut-être que derrière cette omission se cache également une modification (ponctuelle) de la stratégie de Marvel/Disney.
Marvel : Rassemblement(s) !
En effet, la plus grande nouveauté de cette phase 4 c’est l’importance accordée aux séries pour la plateforme à venir : Disney+. Entre le cinéma et le streaming, c’est désormais l’équité. Une première ! Et surtout, tout est rassemblé dans un même écosystème. C’est à dire qu’il n’y a plus les séries Netflix d’un côté, les séries ABC de l’autre qui tentent de se faire une place puis le cinéma mais un seul grand pot commun. Ce n’est plus seulement le Marvel Cinematic Universe mais le Marvel Universe tout court (ou transmédia).
On sent dans cette nouvelle importance consacrée aux séries, une volonté de consacrer Disney+ comme un acteur majeur du streaming. Après avoir importé le modèle des séries au cinéma (les phases comme des saisons ; les films comme des épisodes), Marvel entend fédérer les publics et inviter les spectateurs à s’engager auprès de Disney. Et rien de tel qu’une flopée de séries aux styles différents pour créer des traits-d’union. On exploite ainsi le destin de Loki après Endgame ; la série Wandavision devrait introduire Dr Strange 2 ; Falcon fera ses premiers pas en Captain America et Hawkeye devrait entraîner sa future remplaçante : Kate Bishop. Au lieu de célébrer un grand plan d’ensemble ou une saga épique, Kevin Feige privilégie une sorte de statu quo mais offre désormais deux lieux de rassemblement : le cinéma et le streaming.
Il ne s’agit pas de dire que cette nouvelle stratégie signe la mort prochaine de la salle de cinéma mais cela prouve combien les plateformes sont devenues un enjeux central dans le développement des studios (voir WarnerMédia avec HBO Max). Ce n’est pas un simple service pour y balancer des rediffusions mais une offre indispensable pour comprendre les ramifications d’un univers. Est ce que les gens vont être capable d’investir autant de temps (une mini-série restera toujours plus longue qu’un film) pour être à jour avec le Marvel Cinematic Universe ? Ce sera la grande inconnue de cette nouvelle équation.
Une phase de transition
Il y a les raisons contractuelles d’offrir des munitions à Disney+ en multipliant les séries pour achalander les rayonnages puis celles d’accorder du temps à Avengers Endgame afin que les deuils aient du sens. Comprendre que la perte des deux figures tutélaires (Captain America et Iron Man) ont des vrais conséquences.
L’autre motif est de permettre à Kevin Feige de souffler un peu. Après l’enchaînement des trois phases pour finir en apothéose (et sur le toit du monde du box office), le grand manitou du Marvel Cinematic Universe a probablement besoins de laisser retomber la pression et revenir à des structures plus simples à maîtriser. Il y a les nouveautés (The Eternals, Shang-Chi), les retours des derniers arrivés (Dr Strange, Black Panther, Captain Marvel) et tout ce petit monde ne semble pas vraiment communiquer entre eux. Ainsi si tous ces films existeront bien dans le même univers, il y a moins de chance que la phase 4 multiplie les connexions et s’amuse à monter un saga gigogne. Il faudrait donc s’attendre davantage à des stand alone et des récits moins sérialisés.
L’heure des grands changements
L’horizon s’annonce particulièrement excitant avec l’arrivée prochaine des Quatre Fantastiques et des Mutants et c’est peut-être pour cette raison que la phase 4 opère une légère retenue. Les chantiers sont nombreux, les possibilités quasi infinies. La famille Richards apporterait un vrai lien entre les aventures cosmiques et des choses plus terre à terre (sans compter la perspective de voir Galactus), les mutants pourraient amener un nouvel antagonisme (il y a bien eu un Avengers vs X-Men dans les récents events).
Autrement dit, pour composer avec tous ces nouveaux personnages, il faut savoir s’offrir un peu de répit, gérer la redistribution des cartes après Endgame, lancer quelques nouvelles pistes mais surtout, revenir à une structure plus simple et compartimentée. Il y aura bien assez de temps et de films pour venir bousculer tout cela le moment adéquat.
Marvel et Disney sont à un tournant. La firme aux grandes oreilles doit s’assurer que sa plateforme devienne un acteur fondamental du streaming ; Kevin Feige doit composer un nouveau plan capable de rivaliser avec la saga de l’Infinité. Ensemble, ils doivent se montrer capable de pérenniser davantage le Marvel Cinematic Universe sans lasser le public. Pour l’instant, la recette fonctionne. Mais jusqu’à quand ?
Découvrez le line up dévoilé durant le Comic Con 2019 :
Black Widow, Thor 4, Loki, Eternals… : la Phase 4 de Marvel, ce sera des films et des séries