01- Michael Gough : Batman (1989), Batman le défi (1992), Batman Forever (1995) et Batman & Robin (1997)
Michael Gough est l’acteur qui aura le plus interpréter Alfred au cinéma, quatre films durants (et trois interprètes de Batman). Il est dans la parfaite continuité de la proposition d’Alan Napier, l’action en moins. Avec lui, Pennyworth devient un peu l’ultimate majordome, celui qui anticipe tous les besoins de son boss, même les plus excentriques dans une Batcave. Ici, Alfred est synonyme d’une douceur particulière, contrastant avec l’ambiance très « freak show » de l’univers de Tim Burton, sans compter les sorties de route que furent Forever et Batman & Robin. Paradoxalement, Michael Gough n’est peut-être pas celui qui restera le plus dans les mémoires mais son interprétation fut très précieuse.
02- Michael Caine : Batman Begins (2005), Dark Knight (2008) et Dark Knight Rises (2012)
Entre les deux films de Tim Burton et les trois de Christopher Nolan, les coeurs balancent sur l’idée de « meilleure adaptation de Batman » (spoiler : la bonne réponse est la série d’animation de Bruce Timm et Paul Dini). Un même dilemme concerne les Alfred. Quel Michael ? Team Caine ou Team Gough ? Avec Caine (et Nolan) le majordome gagne une certaine profondeur et peut-être davantage de versatilité. Il n’est plus uniquement chargé de servir Bruce Wayne mais apporte sa voix contradictrice. Une sorte d’objecteur de conscience concernant les activités nocturnes de son maître. On gagne un personnage plus actif, sans pour autant être dans l’action. Alfred version Michael Caine offre ainsi une vraie réflexion sur la distinction entre le héros et le vigilante, tout en suppliant Bruce Wayne d’arrêter ses activités. Le plus émouvant des Alfred Pennyworth.
03- Alan Napier : Batman, la série + le film (1966)
Avec la série puis le film, Alfred Pennyworth circa 1966 prend du grade ! Le personnage étend ses compétences pour devenir également le majordome de Batman. Ainsi, il répond au Bat-phone, montre de belles compétences de déduction (il découvre avant tout le monde l’identité de Batgirl) et se transforme parfois en homme d’action où il affronte avec succès le Joker et ira même jusqu’à enfiler le costume de Batman pour sauver la situation !
Si la série n’est exactement représentative des comic-books (elle privilégie une ambiance kitsch et queer), elle aura néanmoins eu son importance dans l’histoire de Batman. Elle aura effectivement permis de réhabiliter des méchants aujourd’hui célèbres, autrefois moribonds (le Pingouin, le Sphinx, Mr Freeze ou Catwoman), tout en apportant l’identité de Barbara Gordon à Batgirl.
04- Jeremy Irons : Batman vs Superman (2016), Justice League (2017)
Avec son look aux tempes grisonnantes et ses lunettes, Jeremy Irons aurait pu être un plausible Commissaire Gordon mais c’est finalement dans le rôle du majordome que l’acteur britannique brille. Dans le film de Zack Snyder, Alfred gagne encore en compétences. En plus de servir son maître, d’apporter sa sagesse et sa lucidité (avec un petit côté espiègle), il est aussi responsable de la confection des gadgets. Sorte de Q dans James Bond ou contraction de Morgan Freeman et Michael Caine dans la trilogie de Nolan. Dans un ensemble parfois un peu philosophiquement appuyé, son interprétation apporte une dose de pragmatisme détaché. Une respiration ponctuelle qui fait du bien au film (et au personnage).
05- Sean Pertwee : Gotham (2014 - 2019)
C’est la première fois que l’on peut voir sur une longue durée une interprétation d’Alfred Pennyworth auprès d’un jeune Bruce Wayne. Dans Gotham, série créée par Bruno « The Mentalist » Heller, Sean Pertwee apporte un léger vent de fraîcheur sur le personnage et rappelle les origines multiples du majordome au fil des ans et des auteurs. Ancien médecin militaire, ex-espion, le serviteur des Wayne dévoile ainsi des aptitudes plus physiques. Une version plus racé et dynamique que celle d’Alan Napier mais qui montre que Pennyworth n’est pas uniquement bon à ouvrir les portes et répondre au téléphone. Enfin Gotham permet également de se rendre compte combien Alfred fut un vrai père de substitution pour Bruce Wayne.
06- William Austin : Batman ou The Batman ou An Evening with Batman and Robin, serial (1943)
Il est le premier acteur à avoir interprété le célèbre majordome de Bruce Wayne dans ce serial de 15 chapitres, diffusés en 1943. Le monde est en pleine seconde guerre mondiale ce que ne manque pas de rappeler cette adaptation (vilain espion japonais, propos racistes). Si un charme un peu désuet se dégage de l’ensemble, cette version de Batman fera également date pour avoir donné le look « définitif » du personnage. Auparavant bedonnant et bien rasé, William Austin lui donnera une forme longiligne, une fine moustache qui sera ainsi la représentation canonique du précieux Alfred.
07- Ian Abercrombie : Birds of Prey (2002 - 2003)
Si Ian Abercrombie n’a pas offert une prestation mémorable, c’est moins à cause de sa performance que celle d’une direction artistique peu recommandable. Avant d’être un futur film avec Margot Robbie dans le rôle d’Harley Quinn, c’était une série où trois héroïnes (Helena Kyle, fille de Selina « Catwoman » Kyle et future Huntress ; Barbara Gordon fille du commissaire et Batgirl / Oracle la nuit ; la télépathe Dinah Lance) s’associent pour combattre le crime. Quelle place pour Alfred dans l’équation ? Un rôle un peu étrange qui emprunte beaucoup au Alfred de Tim Burton même si on pense également à un mix entre Bosley/Charlie des Drôles de Dames. L’acteur fait bonne figure et sa version n’est pas dénuée d’intérêt mais la pauvreté générale n’encourage pas l’enthousiasme.
08- Eric Wilton : Batman & Robin ou New Adventures of Batman and Robin, the Boy Wonder, serial (1949)
L’histoire de Batman ne retiendra probablement pas le nom d’Eric Wilton pour autre chose qu’une simple interprétation d’Alfred. C’est à dire que s’il ne fait aucunement honte au personnage, sa prestation n’a malheureusement pas marqué les mémoires. Contrairement à un William Austin qui a littéralement donné une nouvelle forme au majordome, Eric Wilton a simplement été un Alfred très souvent débordé par le secret de son employeur. Et c’est à peu près tout. A noter que dans cette version, le nom de famille d’Alfred n’est pas Pennyworth mais Beagle, patronyme déjà employé dans les comics et qui sera réservé à la version du personnage sur Terre-2.
Bonus :
Jacques Ciron (doubleur français)
Mention spéciale à Jacques Ciron, acteur de doublage qui a très souvent prêté sa voix au majordome des Wayne. Il s’est occupé de la version française de Michael Gough et s’est également chargé d’interpréter Alfred Pennyworth dans de nombreuses versions animées : Batman The Animated Serie, The New Batman Adventures, La Mystérieuse Batwoman, Batman Vs Dracula, Batman/Superman : ennemis publics, Batman & Red Hood, Batman Year One, La Ligue des Justiciers : Echec, The Dark Knight Returns,... au final, il aura joué 20 fois Alfred Pennyworth que ce soit à la télévision, au cinéma ou en vidéo. Une présence importante et un côté exceptionnel pour les francophones qui auront ainsi longtemps été bercés par une voix qui rappelle les origines so british du personnage et qui aura donné un petit côté espiègle et pince sans rire au majordome.
Jack Bannon : Pennyworth (2019 -)
Jack Bannon aura ainsi la lourde tâche de passer derrière de nombreuses et grandes interprétation du personnage, tout en ayant le luxe d’éviter les comparaisons franches parce qu’il en incarne une version jeune, jusque là, plus ou moins inédite sur les écrans. Voilà qui le libérera d’un poids certains et soulagera ainsi ses désirs d’emmener le personnage où lui et Bruno Heller (décidément fan du majordome après Gotham) le souhaitent. La série sera donc centrée sur les jeunes années de Pennyworth au sein des forces spéciales britanniques et sa rencontre avec un certain Thomas Wayne.
Votre vote sur Twitter
Nous vous avons soumis un sondage sur Twitter afin de connaître votre position sur les différentes incarnations d'Alfred. Limité à 4 entrées, voici les résultats après 7 jours de vote :