AlloCiné : À quoi doit-on s'attendre au cours cette saison 3 de Tandem, qui débute sur France 3 ?
Astrid Veillon : Il va y avoir plein de rebondissements. C'est une belle saison. J'ai la sensation qu'on monte en puissance avec cette saison 3. Les intrigues tiennent mieux la route, à mon sens. Et puis Paul et Léa vont être confrontés à de nouveaux problèmes, qui concernent autant les enfants que leurs amours. Et puis on est de plus en plus dans la comédie au sein de ce duo. Léa se détend un peu cette saison, elle n'a plus besoin de montrer qui est la patronne, c'est quelque chose qui est établi (rires). Donc tout en restant malgré tout commandant, elle s'adoucit et montre davantage son côté maman et son côté femme. Et une personne va s'immiscer au milieu de tout ça. Il y a vraiment beaucoup de rebondissements et de nouveaux personnages qui arrivent. Ça va être intéressant à suivre pour le public.
On peut supposer que la série va continuer à jouer sur les sentiments que Léa et Paul semblent toujours avoir l'un pour l'autre, ou tout du moins sur cette valse-hésitation qui a déjà rythmé une bonne partie de la saison 2. Et en même temps on a l'impression que s'ils se remettaient ensemble, ils ne se supporteraient pas plus de 48 heures. Vous êtes d'accord avec ça ?
Oui, d'ailleurs c'est ce qui fait qu'ils ne retournent pas l'un vers l'autre. Clairement, ces deux personnes-là s'aiment passionnément. Personne ne connaît mieux Paul que Léa, et inversement. Mais ils savent très bien qu'au bout de 48 heures ils finiraient par s'étriper. Je préfère cette histoire d'amour un peu impossible d'ailleurs.
Et sans trop en dire bien évidemment, est-ce qu'on peut espérer voir Léa trouver l'amour cette saison avec un autre homme ?
Haha, mystère ! Est-ce que ce ne serait pas l'un des grands enjeux de cette saison justement ?! (rires)
On sait aussi que la mère de Léa va revenir se mêler de sa vie au cours de ces nouveaux épisodes. Quel genre de relation est-ce qu'elles entretiennent toutes les deux ?
Léa est très proche de son père, qui est lui-même colonel de gendarmerie. Elle a un peu suivi le même parcours que lui. Avec sa mère c'est beaucoup plus compliqué. En fait je pense que Léa n'est pas la fille que sa mère aurait aimé avoir. Donc c'est problématique. D'ailleurs la scène durant laquelle sa mère arrive à la gendarmerie est très, très drôle. C'est quelque chose qui est développé au fil des épisodes, mais quand on la voit arriver on se rend vite compte que Léa n'est pas l'idéal que sa mère pouvait se faire de sa fille. Leurs rapports sont plutôt drôles et sa mère est très envahissante. Et ce que je trouve intéressant c'est que l'arrivée de sa mère dans la série permet d'expliquer, je pense, certaines failles de Léa. On comprend mieux pourquoi elle est qui elle est aujourd'hui.
Après trois saisons, est-ce que vous prenez toujours autant de plaisir à incarner Léa Soler ?
Écoutez, moi, le jour où je ne prends plus de plaisir je m'en vais, car ce n'est pas un métier qu'il faut faire dans la souffrance. Je pense que ce plaisir se ressent à l'écran. Je fais un métier que j'aime passionnément, j'aime les plateaux, j'aime travailler les personnages, j'aime travailler les textes. Donc si un jour je m'ennuie dans le rôle de Léa je prendrai la décision d'arrêter, j'ai toujours été très claire avec ça. Car on peut vite devenir désagréable quand on n'aime plus ce qu'on fait (rires). Vous savez, les acteurs, on est un peu comme des enfants, on joue la comédie. Donc si on ne prend plus de plaisir on ne joue plus et ça peut vite devenir un enfer, et pour la personne, et pour l'entourage. J'ai déjà vu des comédiens qui n'aimaient plus leur métier et je peux vous assurer que ce n'est pas drôle. Donc je n'infligerai pas ça aux équipes de Tandem qui sont formidables.
Pour l'instant je m'amuse encore beaucoup. Là, nous avons déjà tourné les quatre premiers épisodes de la saison 4. C'est vraiment super. Et puis j'adore mon partenaire, Stéphane Blancafort. J'adore jouer avec ce mec et je crois que ça se ressent à l'écran. C'est ce qui donne toute la crédibilité à ce couple. Et puis on a de bons auteurs. J'avais un peu peur de tomber dans une espèce de systématisme chien-chat, et finalement en saison 4 il y a de nouveaux enjeux qui vont arriver. Donc non, pour l'instant, je ne suis vraiment pas lassée de Léa Soler et je pense pouvoir encore lui apporter pas mal de choses.
Vous le disiez, vous avez déjà commencé à tourner la saison 4. C'est finalement assez rare que les chaînes renouvellent leurs séries avant même la diffusion de la dernière saison inédite en date. C'est une belle preuve de confiance, vous devez être ravie...
Oui c'était un petit cadeau, et puis c'était important pour nous. Normalement nous faisons 12 épisodes en trois mois, là où les autres séries mettent en boîte 10 épisodes en six mois. On a une sacrée cadence, un peu à l'arrache. Et en fait les années précédentes nous terminions le tournage par une dernière session en novembre-décembre, qui était assez compliquée à tourner, car il faisait plus froid, les jours étaient plus courts. Les conditions étaient assez difficiles. Nous avons donc voulu avancer cette session à mars-avril. Et vu les résultats d'audience des deux premières saisons, et vu que Tandem est une série qui ne coûte pas très cher, car on est ce qu'on appelle en "coûts maîtrisés", je pense que ce n'était pas un gros risque pour la chaîne d'accepter qu'on commence le tournage plus tôt que d'habitude et qu'on n'attende même pas les audiences de la saison 3.
Mais pour tout vous dire, on travaille déjà sur les arches narratives de la saison 5. Je crois qu'il y a une vraie affection du public pour cette série. Les gens aiment bien Paul et Léa, ils s'identifient à eux. Ils aiment bien ce concept de couple divorcé qui continue de travailler ensemble. C'est ce qui fait la différence avec les autres séries du genre. On n'est pas dans un processus de séduction, leur histoire est déjà passée. C'est ce qui fait l'originalité de Tandem.
Après l'arrêt de Quai n°1 en 2005, vous vous êtes principalement consacrée au théâtre et à l'écriture. Est-ce que quelque part, au moment d'accepter de jouer dans Tandem, la télévision vous manquait ? Vous aviez envie d'un nouveau rôle récurrent dans une série ?
Je n'ai pas de plans de carrière particuliers, je me laisse porter par la vie. Je suis arrivée au théâtre un peu par accident avec ma pièce La Salle de bain que j'ai écrite. Je suis une autodidacte, je n'avais jamais pris de cours de théâtre, et finalement le théâtre m'a appris mon métier après dix ans de carrière, ce qui est un peu particulier. Quand je regarde ce que je faisais avant je me dis "Mon Dieu, qu'est-ce que j'étais mauvaise" (rires). Je ne dis pas que je suis excellente aujourd'hui, j'ai encore plein de choses à apprendre. Mais ce passage par le théâtre à partir de 2004 m'a juste aidée à devenir une comédienne, tout simplement. À travailler un personnage et une histoire.
Maintenant, le retour à la télévision... Oui, au bout d'un moment les plateaux de tournage finissent par nous manquer inévitablement, je pense. Mais ce n'était pas un besoin vital non plus, car j'avais eu mon fils entre temps, j'avais d'autres priorités. Et en fait, la vie étant plutôt généreuse et bien faite avec moi, lorsque les producteurs sont arrivés pour me proposer le rôle de Léa dans Tandem, ce personnage m'a tout de suite plu. Si ça avait été un simple rôle de flic j'aurais certainement dit "non", car je l'avais déjà fait dans Quai n°1 et je n'avais pas forcément envie de me cantonner à ça. Mais là l'aspect mère de famille qui doit gérer l'ex-mari et les enfants m'a vraiment emballé. Tout ce côté comédie, et le fait de mélanger le boulot à l'affect, ça me plaisait beaucoup. Quand ils m'ont proposé le rôle, c'était vraiment le bon moment. Et puis je ne vais pas vous le cacher, le tournage avait lieu à 1 heure et demie de route de chez moi, dans le sud de la France, donc je prends ça comme un cadeau du ciel. Ça tombait à point nommé et c'était un projet qui me plaisait donc j'aurais eu bien tort de dire "non". Mais dire que la télévision me manquait, non, pas spécialement.
Vous avez joué dans de nombreuses séries depuis le début de votre carrière. Est-ce qu'il y en a une qui reste tout spécialement chère à votre coeur ?
Extrême limite je dirais, car c'est la série dans laquelle j'ai débuté. On a toujours beaucoup de tendresse pour ses débuts. C'est ce qui m'a permis d'avoir un début de popularité et d'obtenir d'autres rôles ensuite. Donc j'ai beaucoup d'affection pour cette série et pour Paloma. Et Quai n°1 bien sûr aussi, même si je préfère Tandem. Ça reste une super expérience. Et puis il y a pas mal d'unitaires qui m'ont marquée aussi, comme Le chapeau du p'tit Jésus ou Hold-up à l'italienne. Au-delà du film et des personnages, ce sont les expériences, ce que j'ai vécu durant un mois de tournage, qui me marquent. Et puis j'ai adoré tourner dans La femme du boulanger, ou encore ma rencontre avec Richard Bohringer dans Un homme en colère. Franchement j'ai eu beaucoup de chance, je n'ai pas à me plaindre. Il y a eu un seul film sur le tournage duquel je n'ai pas été heureuse, mais je ne vous dirai pas lequel (rires). Mais sinon en 26 ans de carrière, j'ai eu une chance folle.
Et en parallèle de Tandem, est-ce que vous avez prévu de continuer à écrire et de publier un nouveau roman ?
Ça fait juste un an et demi que je dis la même chose donc ça commence à être embêtant (rires). Mais, oui, j'ai écrit 275 pages de mon troisième roman. Je suis en train de le relire pour le lisser en quelque sorte, car c'est la première fois que j'écris sans éditeur. Je suis partie dans une histoire qui raconte une belle tranche de vie. C'est une histoire d'amour entre un navigateur et une actrice. C'est une réflexion sur la vie, sur l'amour, sur les rapports humains, vue par elle et vue par lui. Je suis en phase de relecture, et ensuite je ne sais pas si j'ai peur de me prendre une claque et que personne ne veuille m'éditer (rires), mais c'est vrai que j'ai peur d'aller au bout. Mais je vais le finir, je vous l'assure. D'ici la fin de l'année, il sera prêt et je partirai en quête d'un éditeur par la suite. Et si personne n'en veut, je l'éditerai tout seule, sur internet. Je me débrouillerai.