Avec son décès, c'est une terrible page de l'Histoire qui se tourne. Semion Rosenfeld, qui vivait à Tel-Aviv depuis les années 1990, dernier survivant rescapé du camp d'extermination nazi de Sobibor, s'est éteint à l'âge de 96 ans.
Né en Ukraine, ce soldat juif appartenait à l’Armée rouge quand il a été emprisonné. De mai 1942 à l’été 1943, environ 250.000 juifs, essentiellement déportés de l’est de la Pologne mais aussi des Pays-Bas, de la République Tchèque et de la Slovaquie, ont péri dans le camp de Sobibor. Le tournant eut lieu le 14 octobre 1943. Une révolte, célèbre, éclata dans le camp. Près de 300 prisonniers s'échappèrent, dont Semion Rosenfeld, qui avait alors 21 ans, par une brèche créée dans les barbelés. Près de 170 prisonniers furent capturés et immédiatement passés par les armes. Après la liquidation de la révolte d'octobre 1943, les SS dissimulèrent toute trace du camp en le rasant, en plantant de nombreux arbres sur son site et en y construisant une ferme d'aspect anodin. 47 évadés survécurent après la guerre. Semion Rosenfeld, lui, retourna se battre dans l'Armée rouge après sa libération.
Si l'on parle de ce décès ici, c'est que ce fameux et tragique récit de cette révolte a été au coeur de plusieurs oeuvres cinématographiques. La plus fameuse -brillante- est celle de Claude Lanzmann, dans un documentaire sorti en 2001 : Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures. Poignant et puissant récit, ce documentaire est composé d'un mélange de prises de vues de situation tournées en 2001, et de l'interview du rescapé Yehuda Lerner, réalisée en 1979, alors que Lanzmann mettait en boîte son film fleuve que sera Shoah.
Les événements historiques de Sobibor ont aussi inspiré un téléfilm sorti en 1987, Les rescapés de Sobibor, notamment porté par Rutger Hauer.
En voici la bande-annonce...
En 2018, une nouvelle fiction a vu le jour, sobrement intitulée Sobibor, qui fut un Direct-to-Video chez nous. Une coproduction russo-lituano-polono-allemande (!), dans laquelle on retrouve un Christophe Lambert incarnant l'officier SS Karl Frenzel, qui fut en charge pendant un temps du camp.
Voici la bande-annonce du film signé Konstantin Khabenskiy...