Mon compte
    Mouche : que vaut la série avec Camille Cottin, remake de la comédie britannique Fleabag ?

    Attendue sur Canal+ ce lundi 3 juin, "Mouche" est l'adaptation française de "Fleabag". Que vous n'avez peut-être pas vue ? Pas de problème dans ce cas, car voici deux avis sur la série avec Camille Cottin, qu'on ait vu son modèle ou non.

    Canal+ / Amazon Prime Video

    Quand un Sac à puces devient une Mouche. Emmenée par Camille Cottin, la nouvelle série de Canal+ est en effet l'adaptation française de Fleabag, crée, écrite et interprétée par Phoebe Waller-Bridge et dont la récente saison 2 a généré une vague d'enthousiasme parmi ses téléspectateurs. Dont vous faites peut-être partie ? Vu l'engouement suscité par sa saison 2, le monde des sériephiles semble se diviser en deux catégories aujourd'hui, entre ceux qui ont vu Fleabag et les autres. Et parmi ces derniers, on compte aussi bien ceux qui ignorent tout d'elle, que ceux qui connaissent son sujet, son actrice principale et créatrice, et certaines de ses caractéristiques. Comme l'adresse fréquente au téléspectateur ou la rencontre avec un personnage aux incisives proéminentes, reprise telle quelle dans Mouche, son adaptation française par laquelle l'auteur des lignes qui suivent a donc commencé alors qu'il était tout proche d'attaquer, enfin, l'originale. Ce sera finalement pour plus tard, et les quelques lignes qui suivent ne jouent pas la carte d'une comparaison qui pourrait ne pas être à l'avantage du nouveau bébé de Canal+.

    SI VOUS N'AVEZ PAS VU FLEABAG…

    Même sans se référer à ce que Phoebe Waller-Bridge avait fait, Mouche peine à décoller dans ses premiers épisodes : les monologues face caméra paraissent trop rarement naturels et cassent le rythme, là où de brefs regards caméra et réactions spontanées se révèlent plus efficaces et prompts à faire naître un début de complicité entre l'héroïne et nous. Complicité qui ne reste jamais de façon constante. Peut-être parce que, malgré son talent et la malice qui pétille dans ses yeux, le visage de Camille Cottin nous est déjà trop connu et que l'on voit moins le personnage que la star de Connasse, dont cette série pourrait être l'un des dérivés. En moins osé, malgré la tentative d'aborder certains sujets de manière crue.

    Si certaines situations et répliques font mouche, l'ensemble peine d'abord à exploiter son potentiel cocasse, mais se révèle plus convaincant lorsqu'il se concentre sur un lieu quasi-unique (la maison du père de Mouche, dans l'épisode 5, par exemple) ou quand il se focalise sur les fêlures de son personnage principal, touchant du doigt sa solitude, son égocentrisme et son côté auto-destructeur qui l'empêchent autant d'avancer que de réussir, dans tous les domaines de sa vie. Un aspect qui est, peut-être, déjà présent dans Fleabag, et ne surprendra pas ceux qui lui sont familiers. Il n'empêche que son adaptation française s'avère moins réussie en tant que comédie que lorsqu'elle glisse vers la dramédie. Un léger changement de ton qui s'accompagne d'adresses à la caméra moins appuyées, ceci expliquant peut-être cela.

    Tout n'est donc pas à jeter, loin de là, dans cette première (et dernière ?) saison de Mouche, dont le charme parvient à opérer par petites touches. L'association entre Camille Cottin et Jeanne Herry, réalisatrice des très réussis Elle l'adore et Pupille, promettait toutefois beaucoup plus, même si l'ensemble, à défaut de passionner, se regarde rapidement et sans difficulté. Mais il est maintenant l'heure de se tourner, enfin, vers Fleabag.

    Quand le passé de l'héroïne refait surface...

    SI VOUS AVEZ VU FLEABAG…

    ...En revanche, la copie souffre irrémédiablement de la comparaison avec l'originale. Car on parle bien ici de copie : toutes les intrigues et dialogues sont restitués à la ligne près, et les fans de Fleabag seront au mieux nostalgiques de la version anglaise, à défaut d'y trouver un quelconque intérêt. Malgré un solide casting de pointures du cinéma et du théâtre (Benjamin Lavernhe, Anne Dorval, Didier Flamand et Suliane Brahim, vue dans Zone Blanche) qui campent chacun avec brio les membres de l'entourage de l'héroïne, c'est la version de celle-ci livrée par Camille Cottin qui peine à égaler la rythmique de jeu survoltée de son interprète britannique. En particulier dans les fameux apartés faisant tout le sel de la série originale, et qui manquent ici de naturel. On y préfère les tête-à-tête entre Mouche et sa soeur Louise, touchants et sincères, ou encore les confrontations des deux soeurs face à leur père dépassé et à leur odieuse marraine : Anne Dorval se régale dans ce rôle et nous aussi.

    Mais hélas, il semble que la comédie ne puisse pas être transposée aussi facilement d'un pays à l'autre : les notes d'humour tombent souvent à plat, faute d'une véritable réincarnation de l'esprit so british de la série dans un contexte français (mis à part une allusion furtive à Benoît Hamon dans une scène savoureuse, qui se référait dans la version anglaise à... Barack Obama.) Les diatribes crues de Phoebe Waller-Bridge, si réjouissantes dans la langue de Shakespeare, ont souvent l'air inconfortables dans celle de Molière, voire totalement incongrues, et sont souvent desservies par une réalisation qui manque d'un brin de folie, et où la bande originale rompt souvent avec l'esprit d'une scène par son style trop passe-partout. Quand on se souvient des transitions tonitruantes de Fleabag, on ne peut réprimer une légère pointe de déception. Une adaptation de bonne facture en somme, mais qui semble bien pâle face à son modèle britannique et qui échoue à restituer la virtuosité de son humour.

    Mouche est diffusée à partir du lundi 3 juin à 21h sur Canal+, et ensuite disponible en intégralité sur MyCanal. Découvrez la bande-annonce :

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top