Ils sont troublants chacun à sa manière, ils sont touchants chacun à son moment. Hier matin, à la Quinzaine des réalisateurs, nous a été projeté le thriller dramatique sado-masochiste Dogs don't wear pants. Une heure un peu trop matinale pour un tel sujet qui aurait pu être déceptif car inutilement choquer. Il n'en est rien. Le film suit le deuil d'un père de famille anesthésié après la noyage de son épouse. Entre pulsion de vie (se re-ssentir en vie) et pulsion de mort (étouffer à tout prix), le héros se noie lui aussi. Sa rencontre avec une jeune adepte des pratiques SM va lui ouvrir la voie de la guérison, étrangement trouvée dans la mutilation.
Car oui, c'est en cherchant l'inexpressif et l'anesthésie sous son sac plastique, que Juha trouve sa thérapie. Il y a des scènes vraiment chocs dans ce film (mentions spéciales à l'ongle et à la dent arrachés que ce soit à main nue ou à l'aide d'une pince à outils) mais il y a surtout de l'humour, beaucoup d'humour, sur un sujet délicat et casse-gueule. La sublime Krista Kosonen y est pour beaucoup qui semble prendre un plaisir fou à incarner cette déesse dominatrice, physiquement bien sûr mais aussi psychologiquement. Aux côtés de son partenaire Pekka Strang, elle lâche prise, en confiance, sereine, débarassée de toute logistique et de tout complexe. Une thérapie douloureuse tendance joyeuse (c'est l'auteur qui le dit), que l'on vous encourage à découvrir les yeux grand ouverts.