La première saison de Miracle Workers, emmenée par Daniel Radcliffe et Steve Buscemi, se termine ce samedi 6 avril dès 20h55 sur Warner TV avec la diffusion des trois derniers épisodes. AlloCiné a eu la chance d'être le seul média français convié à se rendre sur le tournage de la série en février 2018, près d'Atlanta, en compagnie d'une poignée de journalistes américains. L'occasion de s'entretenir avec Simon Rich, le créateur de cette comédie pas comme les autres.
Miracle Workers est l'adaptation de votre roman What in God's Name. Vous aviez la sensation dès l'écriture que cette histoire ferait un bon film ou une bonne série ?
Simon Rich : Je crois oui. En fait j'ai toujours espéré pouvoir un jour adapter un de mes romans à l'écran, mais étant donné que ce roman en question était très ambitieux en terme de narration je pensais vraiment que cela ne se ferait jamais. Je ne pensais pas qu'une chaîne finirait par nous donner la confiance et la liberté nécessaire à la création d'un univers aussi vaste. C'est incroyablement excitant de voir tout ceci se matérialiser à l'écran.
Comment vous est venue l'idée de ce Paradis très particulier, qui est à des années lumière de celui de la Bible ?
Je me suis toujours imaginé un au-delà qui soit fidèle à mon expérience en tant qu'être humain sur Terre. Chaque jour, lorsque je marche dans la rue ou que je vis des situations toutes plus différentes les unes que les autres, je n'ai pas vraiment l'impression que tout ait été pensé par une puissance supérieure, je ne ressens pas vraiment l'idée d'un plan, ou de ce fameux "Tout est écrit". Et donc je me suis toujours dit qu'il était possible que l'état des choses sur Terre soit le résultat d'une sorte de désorganisation tout en haut.
Malgré tout, est-ce qu'il y a des aspects du roman que vous avez modifé au moment d'écrire la série ?
Oui, la vision du Paradis dans la série est finalement quelque peu différente de celle que j'avais imginée dans le roman de base. Dans le livre, le Paradis ressemblait à une sorte de start-up sans importance. Le campus était très luxuriant et étant donné qu'à l'époque je travaillais pour Pixar, dans la région de la baie de San Francisco, je suppose que cela a eu une influence sur ce que j'étais en train d'écrire.
Dans la série, par contre, le Paradis, représenté par Heaven Inc., est une institution pleine de défauts, qui est en quelque sorte "pourrie" au sommet, ce qui a eu pour effet d'affecter, par ricochet, le reste de l'entreprise. C'est une entreprise qui est en train de tomber en décrépitude et dont les technologies sont pour la plupart obsolète. Ce n'est vraiment pas un endroit où chaque chose arrive pour une raison bien précise. Je dirais même plutôt que c'est une enteprise au sein de laquelle les choses arrivent, la plupart du temps, sans raison. Et je pense que le public américain devrait facilement arriver à s'identifier à ce système totalement faillible, qui subit les décisions prises tout au sommet par un dirigeant tout sauf parfait. Ce n'est pas quelque chose que nous avons essayé d'appuyer dans la série, mais il est vrai qu'au sein de notre salle d'écriture, les autres scénaristes et moi-même n'avons pu nous empêcher de remarquer les parallèles qui existent entre notre histoire et la situation politique actuelle de notre pays.
La première saison de Miracle Workers ne compte que sept épisodes. C'est une commande assez inhabituelle...
Je suis ravi que TBS nous ait laissé produire sept épisodes. C'était le nombre précis d'épisodes dont nous avions besoin pour raconter cette histoire. Pas six, pas huit, mais juste sept. La chaîne ne nous a jamais demandé d'étendre notre vision de l'histoire pour produire 13 ou 20 épisodes, et je leur en suis reconnaissant. Ils ont entendu mon pitch, ils ont lu les synopsis, et ils en sont également venus à la conclusion que sept épisodes était un nombre parfait. Parce que la série est, en quelque sorte, un compte à rebours vers la fin du monde. La saison se déroule sur deux semaines seulement, il y a une vraie échéance au sein même du récit, donc nous ne voulions surtout pas diminuer les enjeux et ralentir l'intrigue en ajoutant des épisodes superflus.
Daniel Radcliffe a été impliqué très tôt dans la série en tant qu'acteur et producteur. Comment l'avez-vous choisi ?
Dès le moment où j'ai appris qu'il état fan de mon travail et qu'il avait envie de m'aider à transposer mon roman en série, j'ai su que cela allait être une expérience incroyable et que pour la première fois de ma vie j'allais peut-être enfin arriver à adapter un de mes romans ou nouvelles en série. Vous savez, je suis fan de Daniel depuis très longtemps. Évidemment pour son travail en tant qu'acteur au cinéma, mais aussi à Broadway. Et je savais que si Daniel faisait partie de cette aventure, elle avait vraiment une chance de voir la jour. Daniel est évidemment un acteur incroyable mais c'est aussi un super producteur, très investi. Il m'a très vite donné beaucoup d'idées, que ce soit en terme de narration, de casting, ou de réalisateurs avec qui travailler. En fait, il a pris part à toutes les décisions importantes depuis le début de l'aventure Miracle Workers.
Owen Wilson devait au départ incarner Dieu, et il a finalement été remplacé par Steve Buscemi. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur ce changement ?
En fait Owen Wilson était impliqué dans le projet au tout début de l'aventure, lorsque même les scripts n'étaient pas encore finalisés. Et à un moment donné nous nous sommes rendus compte que nous avions une vision différente du personnage de Dieu, alors nous avons préféré en rester là. C'est arrivé assez vite dans le processus créatif.
Qu'est-ce qui, selon vous, différencie Miracle Workers de Man Seeking Woman, votre précédente série ?
C'est une bonne question (rires). Les deux séries ont des similitudes. Elles sont toutes les deux assez surréalistes. Mais je pense que Miracle Workers est plus ambitieuse, sur le plan de l'histoire comme sur le plan des personnages. Nous avons fait tout notre possible pour que les personnages soient profonds et pour qu'il y ait quelques chose de viscéral dans l'intrigue, ainsi que des éléments de suspense. La narration est plus importante dans Miracle Workers, nous sommes moins dans une série "character-driven", où tout vient des personnages.
Miracle Workers a été imaginée comme une anthologie. Vous avez déjà des idées concernant les potentielles futures saisons qui pourraient voir le jour ?
Je ne devrais sûrement pas le dire mais oui, j'ai des idées pour la suite, et je suis très excités à l'idée qu'elles se concrétisent.
Est-ce qu'on peut s'attendre à ce qu'une partie du casting revienne pour interpréter de nouveaux personnages, à la manière d'American Horror Story ?
Oui, c'est ce qui est prévu.
La saison 2, si elle est commandée, se passerait toujours au Paradis ?
Non, la saison 2 sera très différente. C'est tout ce que je peux dire.
La bande-annonce de Miracle Workers, diffusée en France en exclusivité sur Warner TV :