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    Luke Perry : on a retrouvé la voix française de Dylan dans Beverly Hills [VIDEO]
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Il y a un an, on apprenait la mort de Luke Perry, comédien magnétique qui a marqué avant tout pour son rôle de Dylan McKay dans Beverly Hills. Sa voix française reste inséparable du personnage. Nous l'avons retrouvée pour une interview hommage.

    La mort de Luke Perry a suscité une vague de réactions et d'hommage. Charismatique et sexy avec ses faux airs de rebelle à la James Dean, le comédien a marqué la génération qui a grandi dans les années 90, au rythme de la diffusion de Beverly Hills, en France, sur TF1. Puis, Luke Perry a su séduire un public plus jeune en rejoignant une autre série générationnelle, Riverdale

    Pour les fidèles de la série Beverly Hills, le personnage de Dylan McKay reste indissociable de cette voix, grave, charmeuse, légèrement rauque, participant à l'image de ce personnage d'écorché vif. Nous avons retrouvé le comédien qui a suivi Luke Perry tout au long de sa carrière : Lionel Tua. Le comédien, qui prête également sa voix à Owen Wilson ou d'autres personnages de séries telles que Parker Lewis ne perd jamaisSuits ou Mon Oncle Charlie, a accepté notre invitation de se confier sur la relation qu'il entretenait avec ce comédien qu'il a suivi pendant près de 30 ans. L'occasion pour nous aussi de mettre en lumière ce métier toujours trop peu médiatisé et rendre un dernier hommage à Luke Perry par le prisme de sa voix française. 

    Ce personnage de Luke Perry était attachant, l'homme, l'acteur

    AlloCiné : Quelle relation entretienez-vous avec Luke Perry ? Aviez-vous une affection particulière pour cet acteur que vous avez suivi depuis le début des années 90 ?

    Lionel Tua, comédien : Quand on fait ce travail sur tant d'années à travers des rôles assez différents, il y a une proximité qui se créée. Je ne l'ai jamais rencontré, je ne le connais pas du tout, je ne sais pas comment il était dans la vie, si c'était quelqu'un de bon, de rude, je n'en ai aucune idée. Tout ce que j'ai fait, c'est accompagner son travail pendant 25 ou 28 ans, je ne sais plus. Au bout d'un moment, il y a une affection. Simplement, on le connaît, sans le connaître.

    Ce personnage de Luke Perry était attachant, l'homme, l'acteur. C'était un visage, un regard, une douceur dans la voix. Je le voyais comme un mec bien. Dans son travail d'acteur, c'était quelqu'un d'assez simple à suivre. Ce n'est pas un acteur de composition. Un De Niro, Pacino… Ce n'est pas un acteur formé au théâtre par exemple. Il n'a pas une gamme de jeu très étendue.

    C'est quelqu'un qui suit sa ligne et cette ligne est jolie. Il y avait toujours dans le choix de ses rôles quelque chose qui avait sûrement trait quelque part à sa volonté d'homme. Ce n'est pas quelqu'un qui avait fait de grandes études, je pense. Je crois que, juste avant de tourner Beverly Hills, il posait du goudron sur les routes. C'est quelqu’un qui a réussi à s'élever socialement par la télévision.

    A chaque fois, il a voulu jouer des savants, des justiciers, des gens qui avaient fait des études. Il a joué des juges, des prix Nobel, des scientifiques, des universitaires, des médecins. Il avait toujours voulu s'élever à l'intérieur de ses rôles. Il avait voulu jouer des rôles où il était l'exception. Il devait avoir un complexe social quelque part qui le poussait à vouloir accéder à un autre monde à travers le choix de ses rôles.

    C'était assez passionnant de le voir car il avait cette fragilité

    C'était assez passionnant de le voir car il avait cette fragilité et en même temps, je ne sais pas si dans la vie c'était le plus grand des tombeurs, le James Dean de sa génération, mais ce que ça donnait à voir quand on l'a suivi sur je ne sais pas, j'ai dû passer 400, 450 jours à le doubler. S'il donnait cette image de Don Juan, de tombeur, de beau mec, d'amant, je pense que dans la vie, il était plutôt un mari qu'un amant. Il a joué de cette image. Tel que je l'imagine, je pense que c'était un gars assez doux, assez gentil. Il a joué le rebelle et il le jouait très bien, parce qu'il avait le physique pour ça, il avait un magnétisme.

    Bestimage

    Vous souvenez-vous de vos débuts de doublage de Dylan ? Saviez-vous que vous embarquiez pour une si longue aventure ?

    C'est étonnant ce qu'il s'est passé pour Beverly Hills. Il arrive pour un tout petit rôle. Il avait une scène. Je me souviens, la première après-midi où je débarque, il a une scène en haut d'un escalier, où il parle à Brandon. Il l'appelle Minnesota. Et d'un coup, il devient une star du feuilleton. Il avait quelque chose, qui m'échappe. Je ne sais pas ce que c'est. Mais ça donnait envie de s'y intéresser. Il avait un magnétisme pour le public féminin en tout cas, et même pour le public masculin. Tout le monde s'accorde à dire qu'il se passe quelque chose quand il est à l'écran.

    Je suis tombé sur Luke Perry si j'ose dire parce que j'étais libre cet après-midi là, et que j'avais, je ne sais plus, 28 ans, ou un truc comme ça. Et que ça correspondait à peu près. On m'a dit : est-ce que tu es libre cet après-midi pour faire 3 boucles ? On travaille par boucle pour le doublage, c'est à dire que ce sont des scènes qui durent 1 minute, 1 minute 30, comme ça. Il avait 2 petites boucles dans un épisode. Je ne savais même pas s'il allait revenir. Je pensais que c'était un mec que croisait Brandon, le héros. Et puis, il est revenu, puis il est revenu. Et ça ne s’est jamais arrêté. Jusqu'à ce que ce pauvre garçon disparaisse si jeune.  

    Essayer de percer l'énigme, de l'apprivoiser. D'être lui, mais par la voix. De l'accompagner.

    Avec certains comédiens, il y a ce qu'on peut appeler une rencontre, c'est à dire une évidence. Parfois on a l'impression qu'on fait corps avec un comédien. Et il y en a qui restent plus difficile à aborder. On garde une distance avec eux ; on arrive jamais à saisir la quintessence de ce qu'ils sont. Avec Luke Perry, c'est autre chose, c'est ma jeunesse, c'est mon apprentissage aussi de ce métier. Quand on m'a demandé de le doubler, quand on m'a fait ce petit cadeau qui a duré très longtemps, j'en étais encore à chercher comment on fait pour doubler un acteur américain. J'ai appris avec lui et lui aussi n'était pas très assuré quand il commençait. Chercher sa voix, chercher cette dynamique, chercher à être lui. Il avait des fêlures dans la voix. Chercher ce rapprochement de la voix mais en gardant le mienne. Ce travail d'apprivoiser l'acteur qu'on voit à l'écran. Se rapprocher au maximum de ce qu'il produit. Trouver sa douceur, son énervement, son humour. Travailler sur ses ruptures. Travailler sur ce que lui a fait comme travail. Essayer de percer l'énigme, de l'apprivoiser. D'être lui, mais par la voix. De l'accompagner.

    Bestimage

    Comment se passait les séances de doublage ? Est-ce que toutes les voix étaient réunies et formaient une petite bande à l'image du groupe formé dans la série ?

    Ça se fait moins maintenant, mais à l époque oui, on était tous ensemble. On doublait un épisode dans la journée. Beverly Hills a été doublé de façon chorale, avec des gens qui s'entendaient merveilleusement bien aussi. On était tous au tout début de notre carrière. C'est Luq Hamet qui dirigeait l'ensemble, et qui jouait aussi le rôle de Brandon [Jason Priestley]. Dans ma mémoire, on était assez contents, passé le stade de bien s'entendre, d'apprécier de travailler ensemble, de rire, d'avoir un regard ému et critique sur ce qu'on voit.

    On essayait de garder ce fil de la modernité et d'être sincère dans notre approche du travail

    On voyait aussi que cette série, Beverly Hills, si elle a marché à l'époque, c'était aussi parce qu'elle apportait quelque chose de neuf pour les ados. C'était une série ado. C'était la première série ado où l'on parlait de la première fois où le héros couche avec l'héroïne, les préservatifs, le SIDA, le viol… Il y avait énormément de thèmes abordés qui n'avaient pas été abordés dans les séries pour adolescents jusqu'à présent. On découvrait tout ça. Il y avait une modernité. On essayait de garder ce fil de la modernité et d'être sincère dans notre approche du travail. 

    Luke Perry : ce n'était pas que Beverly Hills et Riverdale ! Voici 7 autres rôles marquants 

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