Des retrouvailles difficiles
Changement de décors pour Léo Mattéï qui pose ses valises du côté de Marseille pour cette sixième saison. Une nouvelle destination qui n'est pas motivée par le paysage mais par les suites judiciaires autour de David, l’homme qui avait séquestré sa fille pendant 8 ans. La courte cinquième saison avait conclu un fil rouge narratif, célébrant ainsi les retrouvailles entre Léo et Héloïse. Cette nouvelle fournée d’épisodes va creuser plus en détail la difficile reconstruction d’une relation entre un père et sa fille. Crise de confiance, choc des générations, tout le champs lexical des rapports dysfonctionnels est respecté.
Cette sixième saison, à l’image de ce qu’a fait Broadchurch, va imaginer l’après. Car l’histoire ne s’arrête pas au moment où on arrête les méchants. S’enclenche alors tous le lourd dispositif judiciaire et la difficile mais nécessaire confrontation. Diffus dans ces premiers épisodes où il est davantage question de l’évolution psychologique d’Héloïse et ses tentatives d’adaptation dans un monde dont elle a oublié les codes, tout s’accélère dans les deux derniers épisodes, plus sensationnelles où dilemmes moraux et suspense vont tenter d’apporter aux spectateurs quelques ascenseurs émotionnelles.
Des enquêtes...
Si Marseille est synonyme de soleil, de mer et de foot, la ville est aussi le théâtre de disparitions, d’overdoses et d’enlèvements. Le quotidien de la brigade des mineurs. Autour de Léo, on retrouve le commandant Olivia Lambert (Mathilde Lebrequier), le commissaire Cabelle (Xavier Matthieu) et les lieutenants Fred (Linda Bouhenni) et Jonathan (Alexandre Achdjian). Une équipe qui avait déjà accompagné Léo Mattéï sur l’affaire David et qui prend désormais une place régulière dans la série.
Au programme, l’univers des danseuses étoiles, une radio associative, les sugar daddy (des hommes riches qui offrent cadeaux sur cadeaux à de (très) jeunes filles en échange de leur compagnie), les drogues dans le milieu étudiants pour booster les capacités neuronales en période d’examen, un catalogue des maux potentiels qui pèsent sur la jeunesse. L’occasion aussi de traiter une dimension parentale, où l’amour peut parfois être toxique. La fin de Au Bout du Fil (6x04) se montrera particulièrement émouvante et cruelle.
… et des guests
Comme à son habitude la saison va multiplier les guests. Michel Sarran quitte provisoirement les cuisines de Top Chefs et occupe le rôle… d’un professeur de cuisine dans une école hôtelière. Un vrai rôle de composition dans un épisode tout désigné. C’est sans surprise non plus que l’on retrouve également Patrick Bosso, passage obligatoire semble-t-il dès qu’il s’agit de Marseille. Autres habitués de la télévision, Bruno Wolkowitch et David Brécourt sont au programme du troisième épisode ; Cyril Eldin accompagne des visages bien connus des spectateurs de Plus Belle La Vie : Rebecca Hampton et Louis Duneton dans l’épisode 2. Le célèbre feuilleton de France 3 est toujours un important vivier d’acteur, puisque d’autres anciens figurent aussi à la distribution du quatrième : Stéphanie Pareja et Bryan Trésor. Enfin les auditeurs de France Inter pourront reconnaître Juliette Arnaud dans le rôle de l’avocate Keller.
Un cahier des charges respecté
Cette sixième saison coche toutes les cases : des faits de société, des enquêtes au suspense mécanique, un fil rouge et un finish au sprint. Les auteurs assurent ainsi six épisodes carrés, sans surprise ni prise de risque. Un produit bien manufacturé, un peu timide (on pourrait aller plus loin dans les thèmes) mais sans doute rassurant pour TF1. Seul le jeu parfois très approximatif des comédiens (Jean-Luc Reichmann en tête) rappelle que si Léo Mattéï possède une certaine maîtrise dans les domaines policiers, la série reste néanmoins anecdotique dans un paysage télévisuel déjà très formaté.