Il vous a fait rire et vibrer sur grand écran, il va désormais vous faire swinguer ! L'acteur américain Jeff Goldblum, la star de La Mouche, de Jurassic Park et d'Independence Day, vu récemment au générique de Thor : Ragnarok, vient de publier un enthousiasmant album de jazz avec son groupe du Mildred Snitzer Orchestra. Un album live intitulé The Capitol Studios Sessions (Decca Records / Universal Music) qui fait étalage de ses talents de pianiste et qui ravira autant les initiés que les débutants. Rencontre.
AlloCiné : De quand date votre passion pour le jazz ?
Jeff Goldblum : Quand j'étais jeune, à Pittsburgh, je me souviens que mon père avait rapporté à la maison un disque d'Erroll Garner, un pianiste originaire de la ville. Ca s'appellait Erroll Garner Plays Misty. Je pense que c'est vraiment la première fois que j'ai entendu du jazz, et j'ai adoré, j'ai trouvé ça incroyable. J'adore la liberté de cette musique, cette improvisation, le fait qu'on s'écoute entre chaque membre d'un groupe. Il y a une conversation entre nous, on essaie d'être créatifs, inventifs, et puis il y a l'interaction avec le public. Le jazz, c'est beaucoup de liberté, de spontanéité, quelque chose qui me rend très joyeux.
Etes-vous d'accord si je vous dis qu'il y a des similitudes entre la musique jazz et le jeu d'acteur ? Notamment avec cette part d'improvisation...
Bien sûr ! Vous savez, j'ai toujours voulu être acteur, j'ai consacré ma vie à ça, et j'ai toujours eu de très bons profs. Sanford Meisner était un maître, un prof excellent, et l'improvisation faisait partie de ses techniques d'entraînement. Personnellement, je me considère toujours comme un étudiant, je me sens très humble, que ce soit en tant qu'acteur ou en tant que pianiste. Dans les deux cas, ce sont deux formes artistiques très libératrices.
Comment est né ce projet d'album ?
Les gens de la maison de disque Decca Records ont été super, ils sont venus me voir après m'avoir vu jouer avec Gregory Porter, il y a environ un an, alors que je faisais la promotion de Thor : Ragnarok. Ils m'ont mis en contact avec un producteur, des musiciens, avec cette idée de faire un album live aux Capitol Studios. Je n'avais jamais vraiment songé à faire un album, c'est un peu arrivé par accident, avec un peu de chance, et maintenant que c'est fait, c'est comme un rêve, ça m'excite beaucoup.
On sent que pour vous, faire du jazz, c'est vraiment du plaisir pur. Il y a quelques semaines, on vous voyait jouer du piano en pleine gare à Londres, et on ressentait ce bonheur très simple...
Ce n'est pas que je ne prenne pas les choses au sérieux (rires), mais j'adore le côté joyeux, ludique, de la musique. Et en effet, pour faire la promotion de l'album, Decca Records a eu cette idée géniale, quand j'étais à Londres, que je vienne jouer du piano dans cette station. Les gens n'étaient pas au courant, c'était un petit "happening" spontané, je me suis éclaté !
Comment définiriez-vous votre album ? Un disque pour initiés ou plutôt à destination de ceux qui voudraient découvrir le jazz ?
Je pense que c'est un peu des deux. Les musiciens qui jouent à mes côtés sont excellents, des pointures dans leur style. L'idée était qu'on prenne notre pied sur des classiques du jazz... Mon producteur voulait qu'on ressente l'esprit d'un jazz populaire, avec ce côté événement social sexy, romantique et fun ! Il voulait faire un album live dans les mêmes conditions que les concerts qu'on fait chaque semaine. Il aimait cette idée que des gens qui m'avaient vu dans un film ou deux, pas forcément fans de jazz, soient emballés par l'expérience et découvrent cette musique de la manière la plus agréable qui soit.
Quelle place occupe la musique dans votre vie de tous les jours ?
J'en écoute et j'en joue tous les jours ! Vous savez, j'ai un garçon de trois ans et une fille d'un an, et avant que je les réveille, vers 7h/7h30, avant qu'on s'en occupe, j'aime bien faire mes "devoirs". Je me couche généralement tôt, et quand je saute du lit, non seulement je travaille sur mon jeu d'acteur et je fais de la "musculation" (en français dans le texte, ndlr), mais je joue aussi du piano pendant une heure. Commencer ma journée ainsi, ça change ma vie ! J'écoute tout le temps plein de choses différentes, beaucoup de jazz. Et puis je joue chaque semaine au Rockwell Table and Stage de Los Angeles. Vraiment, la musique tient une part importante dans ma vie.
Et lorsque vous êtes sur un tournage ?
Quand je tourne, la musique est toujours une sorte d'élément informateur sur la vie intime d'un personnage ou d'une scène. Je collecte toujours des chansons, des thèmes qui me semblent être en phase avec une scène. Et parfois, il m'arrive de les chanter ou de les jouer sur le plateau ! (rires) La musique, c'est quelque chose de naturel, de joyeux, on a pas besoin de trop réflechir quand on en écoute. J'adore ça, ça complète et forme mon jeu d'acteur, ça me permet de me relaxer et d'être libre quand je joue. Mais même entre chaque film, c'est une bonne manière de faire le break, c'est quelque chose de vraiment enrichissant dans ma vie.
Propos recueillis pas Clément Cuyer le vendredi 30 novembre 2018
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