Attention, ce qui suit révèle des éléments de la saison 5 de Murder. Si vous ne souhaitez pas être spoilés, merci de ne pas lire cet article.
Voici le moment de la saison que les plus assidus attendent. Le moment où toutes les énigmes convergent, où le mort est révélé (c’est une tradition), où toutes les pièces du puzzle s’emboîtent. Qui meurt ? Qui est Gabriel ? Où est Oliver ? L’art de faire monter la pression. Dans cette cinquième saison, le jeu de piste avait quelque chose de mission impossible. Trop d’éléments a priori sans lien direct ; trop d’arcs narratifs indépendants ; des flash-forwards très compacts mais aussi morcelés. Les règles du jeu n’avait pas changé pour le spectateur mais la main de départ rendait la partie difficile à gagner.
Avant de lancer l’épisode, on confronte les différentes théories. On jauge, on élimine, on espère que certaines ne se confirment pas. Gabriel, l’enfant caché d’Annalise ? Le frère de Michaela ? Trop soap basique quand Murder préfère twister la recette. Oliver meurt ? Personne n’a envie d’une telle issue mais peut-être que la série a en besoins. Qui est le meurtrier ? Là, les solutions sont plus appétissantes. Et peut-être qu’elles intéressent davantage Peter Nowalk.
Finalement, les réponses ne sont pas tout à fait celles que l’on attendait. Un peu déçu ? Pas nécessairement. Il y a les morts qui font mal (Wes en saison 3), celles qui servent à propulser le récit (Sam en saison 1) et celles qui impactent les personnages (Rebecca en saison 2). Ici, le mort a moins d’importance que ses conséquences. Dire adieu à Ronald Miller n’émouvra pas grand monde (sinon de penser qu’être procureur est un métier à risque dans Murder) mais envisager les répercussions psychologiques sur Nate et Bonnie, voilà qui interpelle. La cause est moins excitante que ses effets. La scène est d’ailleurs brutale, violente, émouvante par sa façon d’entraîner des personnages déjà bien endommagés vers le fond. Bonnie comme Nate ont le plus souvent été des dommages collatéraux. Dans cet épisode, ils sont autant victimes que bourreaux.
La force de I want to love you until the day I die repose dans le fait de résumer toute la série et ses intentions. Plus programmatique que réellement impressionnant, il contracte tout ce qui la constitue. On s’attendait à un tour de montagne russe ? L’épisode sort un exposé. La culpabilité est un poison, une toxine qui se répand et supprime tout espoir. Les différents personnages sont tous emprisonnés par le poids de leurs actions. Leur immoralité, même passagère, les a contaminés au point de les décrocher de la réalité. Cet épisode peut-être plus que d’autres rappelle qu’il n’y aura probablement pas d’issue pour eux. S’ils baissent la garde, la mort viendra les frapper. Un portrait extrêmement sombre de l’humanité, désespéré, qui tente de se rattacher aux quelques traits de lumière qui perce. La saison dernière avait Christopher, celle-ci a le mariage d’Oliver et Connor. On y trouve de rares moments de douceur, voire un peu de bienveillance, dans un ensemble qui suffoque.
Enfin il y a Gabriel Maddox. La révélation de sa nature réveille de vieux fantômes et rappelle combien la série n’oublie pas ses images fondamentales. Ses intentions sont encore troubles mais on peut faire confiance à Peter Nowalk pour l’instrumentaliser de la meilleure des façons. Encore une fois, le producteur se montre particulièrement pervers avec le traitement réservé à ses personnages. Un sadisme absolu mais dont la série a besoins. Murder doit se nourrir en permanence d’intrigues retors, de drames, elle ne pourra mais supporter le sur-place. Mais jusqu’où iront-ils est une question qui revient souvent. Encore plus loin, toujours plus loin. C’est l’histoire d’une chute. Et l’importance est autant la chute que l’atterrissage.