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    Blade a 20 ans ! Pourquoi le film Marvel est-il plus important qu'on ne le croit ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Sorti le 18 novembre 1998 dans nos salles, "Blade" fête ses 20 ans. L'occasion de se re-pencher sur l'importance du film emmené par Wesley Snipes, que l'on a peut-être sous-estimé au fil des ans.

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    20 ans et toutes ses dents. Pointues. Blade est en effet sorti sur nos écrans le 18 novembre 1998, porté par un buzz positif né le 23 août aux États-Unis, et qui lui permettra de finir sa course avec 131 millions de dollars de recettes dans le monde, en ayant notamment rassemblé 664 937 spectateurs dans l'Hexagone. Pas mal pour un long métrage classé R (interdit aux moins de 17 ans non-accompagnés) centré sur un héros méconnu du très grand public. Si le personnage a depuis perdu de sa superbe, la faute à un troisième opus pas loin d'être catastrophique et une série télé passée inaperçue, le premier volet fait partie de ces films qui ont compté, au crépuscule des années 90, et dont l'importance se mesure encore aujourd'hui.

    POUR LES SUPER-HÉROS...

    Se lancer dans un film (ou une série) de super-héros est aujourd'hui une formalité. Presqu'une obligation, si l'on veut survivre dans la jungle des blockbusters hollywoodiens. Il y a vingt ans, c'était une autre histoire. Même s'il a été tourné avant (entre le 5 février et le 6 juin 1997), Blade est sorti après Batman & Robin et Spawn qui, loin d'être des échecs publics (238 millions de billets verts dans le monde pour le premier, 88 pour le second), se sont avérés être des ratages laissant penser que la place de ces justiciers était moins sur grand écran quand dans les pages des comic books dont ils étaient issus.

    Autre donnée qui rendait le projet risqué : Blade est une propriété de Marvel, société déclarée en faillite en 1996 et qui a vendu ses super-héros pour une bouchée de pain à divers studios, sans parvenir à les installer avec succès sur grand écran, comme l'a prouvé l'adaptation fauchée et catastrophique des 4 Fantastiques, dont la sortie en salles a été annulée en 1994 avant que ses copies illégales ne fassent le bonheur des amateurs de nanars. Avec des prises de vues lancées en février 1997, de façon à ce que New Line n'en perde pas les droits, le long métrage ressemble à une opération de la dernière chance pour la boîte et le producteur Avi Arad. Lequel s'appuiera sur le succès du film pour lancer, enfin, les X-Men et Spider-Man sur grand écran.

    De là à dire que c'est au chasseur de vampires que les mutants, l'Homme-Araignée, Iron Man ou Captain America doivent leur force de frappe actuelle, il n'y a qu'un pas que nous pouvons aisément franchir. Ne serait-ce que parce que sa bonne réception a sans aucun doute accéléré la mise en production des X-Men de Bryan Singer, avec parmi ses producteurs un certain Kevin Feige, qui faisait ses débuts dans ce domaine. La suite, on la connaît.

    POUR LA DIVERSITÉ...

    Début 2018, Black Panther faisait l'événement en étant le premier super-héros noir à tenir la vedette d'un film du MCU, alors que Luke Cage avait ouvert la voie côté séries deux ans plus tôt. Mais le vrai pionnier en la matière, c'est Blade, le vrai premier personnage noir issu de la Maison des Idées à avoir son propre long métrage. Et contrairement à Chadwick Boseman, qui a profité de l'aura de T'Challa pour booster sa cote de popularité, c'est l'inverse qui se produit avec Wesley Snipes, superstar capable de porter un tel projet sur ses épaules à l'époque, grâce aux succès de Demolition Man ou Money Train. Sauf que Blade n'était pas son premier choix.

    L'acteur avait en effet des vues sur Black Panther. Soutenu par le regretté Stan Lee, il parvient même à faire avancer un projet pour lequel des noms de réalisateurs tels que Mario Van Peebles ou John Singleton circuleront. Mais, après avoir pourtant franchi divers obstacles, le film ne verra finalement pas le jour : "Nous n'avons pas réussi à trouver la bonne combinaison de scénario et de réalisateur et, à l'époque aussi, le mode de pensée n'était pas aussi avancé et la technologie n'était pas disponible pour permettre de recréer ce qui existait déjà dans les comic books", racontait récemment Tom DeFalco, rédacteur en chef de Marvel entre 1987 et 1994.

    Wesley Snipes ne se laisse toutefois pas abattre : "Je me suis dit, allez, si je ne peux pas faire le roi du Wakanda, du Vibranium et du royaume caché d'Afrique, je n'ai qu'à faire un vampire noir." Ce sera Blade, personnage créé en 1973 et un temps dévolu à LL Cool J. Un choix payant à plus d'un titre puisqu'il a mis le pied des autres héros Marvel à l'étrier et prouvé, quelques années plus tard, la frilosité des producteurs quant à la représentation de la diversité, puisqu'il avait montré que l'on pouvait connaître le succès avec un personnage noir en haut de l'affiche. Lequel tente toujours de revenir, sur petit ou grand écran, des rumeurs faisant souvent état de projets de films et séries. Avec ou sans Wesley Snipes, même s'il sera bien difficile de lui succéder, tant Blade possède aujourd'hui ses traits dans l'inconscient collectif.

    POUR LES EFFETS SPÉCIAUX...

    Soyons honnêtes : Blade, premier du nom, n'est pas le meilleur film de la trilogie, et possède quelques défauts saillants. Il n'a même pas très bien veilli, surtout sur le plan visuel, malgré quelques visions marquantes (la douche de sang en tête), car très ancré dans son époque, avec des effets spéciaux certes novateurs mais imparfaits. Mis en scène par Stephen Norrington, le long métrage fait pourtant figure de précurseur dans ce registre, dans la mesure où il annonçait la révolution Matrix, qui allait intervenir moins d'un an plus tard. Dans sa gestion de l'espace ou la façon dont la caméra bouge autour des protagonistes pendant les séquences d'action, il n'est pas difficile de reconnaître un brouillon du bullet time.

    L'idée n'est bien évidemment pas d'accuser les Wachowski de plagiat, surtout que le tournage de Matrix a commencé avant la sortie de Blade, mais de montrer que ce dernier, dans son utilisation des effets spéciaux, le look de ses protagonistes ou le mélange de fluidité et rugosité de ses combats, a participé au mouvement qui a touché Hollywood à l'orée du XXIe siècle. Revoir le film de Stephen Norrington aujourd'hui, avec le recul, permet de mieux s'en rendre compte et de réévaluer son importance dans l'Histoire du cinéma fantastique et d'action. Surtout que la saga ne s'arrêtera pas là : en 2002, la suite réalisée par Guillermo del Toro deviendra le premier long métrage en faire intervenir la doublure numérique d'un comédien, trucage popularisé l'année suivante par... Matrix Reloaded.

    Si les super-héros sont aujourd'hui devenus une valeur sûre du paysage cinématographique hollywoodien, surtout ceux issus de l'écurie Marvel, les choses auraient sans aucun doute été différentes sans Blade et son succès, qui s'est révélé être un pionnier par bien des aspects. Ce qui rend d'autant plus paradoxale sa difficulté à faire son retour au cinéma et à la télévision. À moins que le carton de Black Panther ne lui offre une possibilité au cours de la Phase 4, ce qui serait un juste retour des choses.

    Tout ce qu'il faut savoir sur la trilogie "Blade" :

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