Votre série Vingt-cinq est-elle un Girls au masculin ?
Bryan Marciano (créateur) : J'ai regardé une saison de Girls pendant l'écriture de Vingt-cinq, et comparer les deux est à mes yeux un compliment car ce que j'aime dans Girls, et dans les films de Judd Apatow, c'est que les personnages parlent comme nous. C'est ce qui m'a le plus marqué, car je ne peux pas m'identifier à eux au-delà de dialogues, puisque je ne vis pas à New York, que je ne mène pas la même vie qu'eux.
Géraldine Nakache (productrice) : Quand Bryan a commencé l'écriture de la série, il n'y avait pas de modèle, il observait puis écrivait ce qu'il voyait au quotidien. Mais quand il m'a présenté les premiers textes il y a cinq ans, cela n'avait ni l'allure d'une série ni d'un film, il s'agissait de simples scènes dialoguées. Le format série s'est ensuite imposé à nous. La comparaison avec Girls s'est ensuite faite lorsque l'on a tenté de vendre le concept, on nous demandait de décrire en quelques mots la série, donc on l'a présentée comme un Girls en VF avec des mecs. En France, il n'y jamais eu de série comme celle-ci, parce qu'il décrit -comme l'a fait Lena Dunham- la vie des jeunes de sa génération. Ce que j'ai ressenti en lisant les premiers jets de Vingt-cinq, c'est que les hommes d'aujourd'hui sont les femmes d'hier : ils pleurent en pensant à leur amour passé, ils se retrouvent piégés dans des histoires de sex-tape… Je ne m'en étais jamais rendue compte avant cela.
Bryan Marciano : J'ai commencé l'écriture de la série à 24 ans, et dans ma tête cela parlait vraiment des hommes, mais quand Géraldine l'a lue, elle m'a dit qu'elle ne se rendait pas compte que nous vivions toutes ces choses. Ce n'est pas du tout quelque chose que j'avais prévu en l'écrivant.
Vingt-cinq : que vaut la nouvelle série générationnelle d'OCS ?Est-ce que d'avoir écrit des personnages imparfaits a permis de les rendre plus attachants aux yeux du public ?
Bryan Marciano : Totalement, l'histoire de la série est assez autobiographique, ce n'est pas forcément tiré de ma vie directement, mais de scènes auxquelles j'ai assisté, et il n'a rien de plus jouissif à regarder dans une série que quand les personnages sont au bout de leur vie, qu'il leur arrive des malheurs mais qu'on parvient à détourner ça en dérision.
Géraldine Nakache : C'est je pense la grande force de Bryan, à savoir de contourner tous ces aspects, d'une façon qui, au-delà des Apatow et des Girls, remonte au cinéma de Claude Sautet. Il parvient à raconter des personnages en partant de leurs défauts, c'est cela qui les rends attachants. Les quatre héros de la série ne sont pas parfaits, et le format série nous permet de s'attacher peu à peu à chacun d'entre eux.
Pablo Pauly (acteur) : Je pense que c'est le cas oui, en tout cas c'est ce qui m'a attiré dans le personnage que j'interprète, c'est quelqu'un de très maladroit. Mais je l'apprécie car c'est quelqu'un de très volontaire, qui tente des choses même s'il ne sait pas vraiment comment faire. Tous les personnages sont touchants et les femmes sont très fortes, il ne s'agissait pas simplement d'être drôle sinon autant faire des sketches ou du one-man show, il fallait aussi créer l'émotion.
La comédie permet-elle d'aborder certains sujets qu'il serait plus difficile à traiter par le biais du drame ?
Pablo Pauly : Ah c'est intéressant, parce que dans un drame, il est très difficile de sorte de cet aspect. Dans Patients (le film qui l'a révélé, ndlr), l'humour n'était pas indispensable à l'histoire, mais il est omniprésent dans ce monde hospitalier, et c'est également le cas avec cette série, ce n'est pas parce que les personnages sont tristes et déprimés qu'ils ne rient plus. Comme le disait Desproges, on doit rire de tout, et donc l'humour fait partie du décor chez ces jeunes gens.
Découvrez le premier épisode de la série Vingt-cinq en intégralité :