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    Halloween : qui est David Gordon Green, une des carrières les plus insaisissables du cinéma américain ?
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    A l'occasion de la sortie de "Halloween", retour sur les différentes facettes du réalisateur américain David Gordon Green, passé de l'étiquette "cinéma d'auteur" à celle des comédies potaches comme "Délire Express" et "Baby-Sitter malgré lui".

    SGP / BESTIMAGE

    "Le prochain Terrence Malick"

    Le premier film de David Gordon Green, George Washington, est salué par la critique américaine et notamment par The Guardian, qui relève que "l'esthétique incroyable de Malick est peut-être l'influence la plus marquante de l'autrement très original George Washington". Le long métrage est un conte plutôt sombre sur un groupe d'enfants de la bourgade de Caroline du Nord (où Green a grandi) qui doivent faire face à des choix difficiles. L'Autre rive, son troisième long, sera dans la même veine et même produit par Terrence Malick lui-même.

    On retiendra également de cette période une volonté du cinéaste de créer des moments de poésie grâce au jeu minutieux de ses acteurs, comme avec Zoey Deschanel et Paul Schneider dans All the Real Girls. A l'époque, ses histoires ont pour thème commun de se situer dans des petites villes du sud des États-Unis.

    Dès cette époque, Gordon Green, s'entoure d'un de ses collaborateurs les plus proches avec Craig Zobel, qui coproduit son premier film et qui sera mentionné dans beaucoup de génériques à divers postes. Ami de fac rencontré à la School of the Arts de Caroline du Nord, Zobel est une voie pragmatique qui aide beaucoup Green, qui déclarera sobrement à son propos : "Nous ne rêvons pas d'être l'élite hollywoodienne, nous nous amusons simplement en faisant des films".

    Le "potache"

    En 2008, Gordon Green prend un virage inattendu en signant le stoner Délire express, porté par James Franco et Seth Rogen, une comédie potache très vite rentabilisée financièrement, et produite par Judd Apatow. Porté par ce succès et des critiques globalement positives, le cinéaste se lance dans un projet qui lui tient très à cœur, une parodie de conte de fées déjantée intitulée Votre Majesté. Porté par James Franco, Danny McBride et Natalie Portman, le film ne fait pas dans la finesse. Assassiné par la critique (28% sur Rotten Tomatoes), c'est un échec financier au box office qui fait perdre de l'argent au studio Universal.

    Sony Pictures Releasing France

    Votre Majesté sort la même année que Babysitter malgré lui, qui met au premier plan le comique Jonah Hill (révélé dans SuperGrave) et qui se fait encore une fois bombarder de mauvaises critiques (22% sur RT). Ces mauvaises expériences successives finiront d'enterrer la période comique de Gordon Green, malgré une participation récente à la série Vice Principals (2016-2018). Cette passade sera mal interprétée par une partie des professionnels et des spectateurs qui lui reprocheront de s'être "perdu" dans des comédies dans lesquelles il abandonnait la volonté d'esthétisation de ses trois premiers films.

    Le découvreur de talents

    David Gordon Green a contribué à l'émergence de nouveaux talents du cinéma indépendant américain. Il a été coproducteur de Shotgun Stories, le premier film de son autre ami de fac Jeff Nichols. Ce dernier sera ensuite célèbre pour Take Shelter et Mud entre autres. Il tournera également plusieurs épisodes des séries de Danny McBride comme Kenny Powers. Il sera également un soutien pour Jody Hill sur son long métrage My Deer Hunter Dad et les projets télé réunissant Hill et Danny McBride.

    Il sera également producteur d'un court métrage de Dustin Guy-Deffa (Manhattan Stories, sorti en mai dernier), mais financera aussi Rick Alverson (dont les trois films ne sont pas arrivés jusqu'à nous), Peter Sattler (Camp X-Ray), Amman Abbasi (Stupid Things) ou Aaron Katz et Martha Stephens (Land Ho!).

    L'amateur d'animation

    Touche-à-tout, Gordon Green s'attaquera au monde de l'animation avec trois séries. La plus récente de ces productions s'intitule Tarantula, une série comique sur un tatoueur racontant la vie de ses voisins via des monologues intérieurs. Mais le cinéaste était aussi le créateur de Good Vibes (2011), 13 épisodes sur deux amis qui vont vivre à fond leur vie de surfeurs sur une plage californienne. Il sera néanmoins moins appliqué sur Chozen, un rappeur homosexuel cherchant la rédemption après une peine de prison et à décrocher le titre de meilleur rappeur.

    Kool

    L'intimiste

    Après sa vague de comédies, quatre films vont marquer le retour du réalisateur au film intimiste, avec d'abord Prince of Texas (remake d'un film islandais) puis Joe avec Nicolas Cage. Le cinéaste retourne à ses premiers amours en situant l'action des films dans le "deep south", au Texas plus précisément. Si les critiques sont de nouveaux au rendez-vous, ravis de retrouver le Gordon Green de ses débuts, les films sortent de façon assez confidentielle, notamment à cause, pour Prince of Texas, d'une surprenante sortie R-Rated aux États-Unis.

    S'ensuivent Que le meilleur gagne et Manglehorn, le premier porté par Sandra Bullock et le second par Al Pacino. Comme Prince of Texas et Joe, les deux films sont des échecs cuisants mais ils confirment que le cinéaste peut tout faire, d'adapter une histoire vraie d'élection bolivienne ou se lancer dans une étude de personnage comme Manglehorn.

    Le "commercial"

    Après ces insuccès, Gordon Green s'est récemment lancé dans les films gérés par des studios. Pour Lionsgate, il signe le biopic Stronger avec Jake Gyllenhaal, centré sur la vie de Jeff Bauman, survivant de l'attentat à la bombe du marathon de Boston. Malgré une bonne réception au festival de Toronto où il était présenté, Stronger a coûté 30 millions mais n'en a rapporté que 4,2 au box-office américain. Pressenti comme un prétendant aux Oscars, le film n'obtiendra finalement aucune nomination.

    Pour Universal et Blumhouse, le réalisateur vient de terminer un nouvel opus de la saga Halloween, disponible depuis ce mercredi dans les salles. Le retour de Michael Myers pourrait marquer le retour au succès public pour Gordon Green, car le film cartonne déjà au box-office américain. Ces bons résultats devraient convaincre Universal de l'engager définitivement pour le reboot de Friday Night Lights en préparation et auquel il est pour l'instant attaché.

    Mais, sa carrière étant insaisissable, Gordon Green prépare également Newsflash, un biopic tourné en toute indépendance sur le journaliste Walter Cronkite, qui eut la charge de commenter en direct l'assassinat du président John F. Kennedy en 1963. Une preuve supplémentaire que le réalisateur continuera dans la voie qui est la sienne, celle d'être un inclassable du cinéma américain.

    "Halloween", actuellement en salle :

     

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