Comment expliquez-vous le succès phénoménal rencontré par Capitaine Marleau sur France 3 ?
Josée Dayan : Je pense qu'elle a un ton très différent des autres séries policières, très libre avec un personnage principal atypique qui inspire la sympathie mais aussi l'irritation, en tout cas qui ne laisse pas indifférent. On sort des intrigues vues et revues de conflits familiaux, ou du cliché de la mère célibataire qui doit gérer ses enfants après le travail, nous sommes dans un univers totalement différent et je pense que cela joue sur la perception que l'on se fait du personnage. Malgré son côté humain, ce personnage nous fait d'une certaine façon sortir du quotidien.
Avec Corinne Masiero nous sommes très complices, et nous éprouvons l'une pour l'autre beaucoup d'amitié et de respect. Elle dégage une véritable humanité, c'est à la fois quelqu'un de franc tireur qui balance des répliques à la limite de la vulgarité, mais c'est également quelqu'un d'extrêmement pudique. Il y a quelque chose chez d'elle de délicat et de chaleureux, et je pense que la présence à chaque épisode d'acteurs de prestige joue aussi sur le succès de la série. Comme Corinne a tendance à modifier ses dialogues et que nous tournons peu de prises, les réactions de ses partenaires de jeu sont le plus souvent authentiques, ce qui donne lieu à des moments assez délicieux.
Comment être-vous parvenue à convaincre des acteurs du calibre de Gérard Depardieu ou d'Isabelle Adjani d'apparaître dans la série ?
Gérard Depardieu est venu par amitié pour moi, car je souhaitais dès le premier épisode opposer Marleau à un acteur populaire et talentueux. Il a eu la gentillesse de venir sans savoir à quoi s'attendre, et sa participation nous a été d'une grande aide. J'ai généralement de très bons rapports avec les comédiens, et c'est vrai que désormais de plus en plus d'acteurs et d'actrices ont tendance à nous contacter pour signifier leur envie de jouer dans la série.
D.R.
Pensez-vous que vos adaptations en séries d’œuvres comme Le Comte de Monte Cristo et Les Misérables ont rendu la littérature plus accessible aux jeunes générations ?
C'était en tout cas le ressenti à l'époque de leur diffusion. Après la diffusion de ces séries, on a noté un surcroît de ventes de ces livres, mais cela a également été le cas quelques années plus tard avec Les Rois maudits. Tant mieux si ces grands classiques ont pu retrouver un désir de lecture auprès des téléspectateurs et si nous avons pu contribuer à cela, alors bien évidemment cela me touche !
Quel autre classique de la littérature aimeriez-vous adapter ?
C'est une très bonne question, car il y en a énormément, mais il y a un roman que j'aimerais tout particulièrement adapter, dans une version moderne, il s'agit du Joueur de Dostoïevski mélangé à l'intrigue de L'Idiot, je pense qu'il y aurait quelque chose d’extraordinaire à faire. J'ai essayé de le faire il y a quelques années avec Guillaume Depardieu dans le rôle du prince Mychkine, mais hélas il n'est plus parmi nous donc je ne sais pas si j'ai encore en moi le désir de m'investir dans une telle histoire. Sinon ce n'est pas vraiment un classique, mais j'aimerais faire une nouvelle version de Fantomas, ce qui n'est pas malheureusement pas faisable pour des questions de droits.
