En mai 2017, AlloCiné s'est rendu sur le tournage de Robin des Bois, réalisé par Otto Bathurst, à qui l'on doit le pilote de Black Mirror et les trois premiers épisodes de la série Peaky Blinders. Si l'on en croit les producteurs, comédiens, et le réalisateur, recontrés sur le plateau à la Cité du Cinéma, cette nouvelle adaptation de la célébrissime légende médiévale qui réunit Taron Egerton (Robin), Jamie Foxx (Petit Jean), Jamie Dornan (Will L'Ecarlate), Eve Hewson (Marianne) et Ben Mendelsohn (le Shérif de Nottingham) s'annonce résolument moderne et pour le moins intrigante.
Aux origines d'une origin story
Jennifer Davisson, qui dirige la société de production de Leonardo DiCaprio, Appian Way, est impliquée dans la production de Robin des Bois depuis le tout début. Elle nous indique alors qu'il a fallu compter environ un an de développement, de l'écriture du scénario jusqu'à ce que Lionsgate s'engage à distribuer le film. "La difficulté, ce n'était pas qu'il existait déjà des films sur Robin des Bois, c'était que tout le monde voulait faire son Robin des Bois !", se souvient-elle, précisant que quatre ou cinq projets étaient alors en concurrence.
Il a ensuite fallu convaincre Otto Bathurst de rejoindre l'aventure. "Le travail d'Otto sur Peaky Blinders était remarquable, il parvenait à apporter une incroyable modernité dans une série d'époque et à créer un univers unique. Il nous semblait correspondre exactement à ce qu'on voulait pour ce Robin des Bois", commente la productrice. Le réalisateur n'a pas été facile à convaincre : "Je n'avais aucun intérêt particulier pour Robin des Bois, les contes et légendes ou les films d'époque", admet-il. "Ce qui m'intéressait, c'était de réinventer cette histoire, de la mettre en parallèle avec ce qui se passe aujourd'hui : la corruption des gouvernements et de l'église, le pouvoir de la révolution."
Enfin, il ne restait qu'à attendre Taron Edgerton, qui était à l'époque engagé sur Kingsman 2. Ainsi que nous l'explique E. Bennett Walsh, producteur exécutif du film, le tournage a commencé fin janvier 2017 à Budapest. Il aurait dû s'y dérouler dans son intégralité, mais à quelques semaines de la fin, un incendie s'est déclaré et a complètement détruit les studios, il a donc fallul recréer le plateau à Paris à la Cité du Cinéma, en seulement cinq semaines.
Un film ancré dans son époque
Walsh confirme que Robin des Bois sera une origin story et s'intéressera donc au moment où Robin de Loxley devient Robin des Bois. Le film sera construit en trois actes. D'abord, les croisades auxquelles participe le jeune Robin. Puis une seconde partie de cascades et de courses-poursuites où Robin et Jean jouent au chat et à la souris avec le shérif, et une troisième menant à la confrontation finale avec le grand méchant.
"Robin a été Syrie pendant plusieurs années, participant aux croisades et il se rend compte que quelque chose ne va pas là-dedans, que tout cela n'est qu'une illusion et que le but est simplement de contrôler les gens. La violence des autres soldats le frappe tout à coup : ils tuent un jeune garçon innocent sous ses yeux, qui se trouve être le fils de Jean. C'est là que Robin rencontre Jean, et qu'il réalise que ce qu'il fait depuis des années est complètement insensé", résume Taron Egerton, qui incarne Robin.
"Ce sera un film très politique, mais également un divertissement avec beaucoup d'humour", promet le réalisateur Otto Bathurst. "C'est un film urbain et industriel, souvent proche du buddy movie et parfois du western. D'ailleurs, seulement quarante-cinq secondes du film se passent dans la forêt. Si je devais décrire l'esprit de ce Robin des Bois, je dirais que ça ressemble à de la science-fiction médiévale. C'est Blade Runner qui rencontre le punk, qui rencontre le rock'n'roll."
Bien que le film se passe au XIVe siècle, il se revendique d'inspiration moderne, ainsi qu'en attestent les costumes, créés par le Britannique Julian Day. "Je voulais un ton futuriste", souligne-t-il. "J'ai fait appel à une centaine d'influence, mais aucune n'est médiévale ! Je me suis inspiré des cultures japonaise, orientale et indienne. Je ne voulais pas du style qu'on peut trouver dans le Robin des Bois avec Errol Flynn. Je dirais que les 10 000 costumes créés pour le film sont au tiers d'influence historique, au tiers d'influence moderne et au tiers d'inspiration futuriste."
Des décors monumentaux et une ambiance détendue
Le jour de notre visite, le 10 mai 2017, l'équipe doit tourner dans les studios de la Cité du Cinéma, à Saint-Denis, l'une des dernière scènes du film : celle de la mort du Shérif. Taron Egerton, Ben Mendelsohn et Jamie Foxx répètent, puis jouent la scène, filmée à trois caméras, dont on observe le retour sur le moniteur.
Entre les prises, Jamie Foxx plaisante, esquisse quelques pas de danse à la manière de Michael Jackson ou peste au téléphone au sujet d'un match de basketball. Puis, Otto Bathurst demande à la doublure de Ben Mendelsohn d'entrer en scène pour réaliser la fin de la séquence. Taron Egerton, quant à lui, réalise lui-même ses cascades. Il a d'ailleurs appris à manier l'arc et les flèches pour le film, sous la houlette de Lars Andersen : "C'est un archer danois. Vous pouvez le voir sur Youtube. Il est incroyable, il peut lancer quelque chose comme 9 flêches en 5 secondes."
Tout se déroule de manière très efficace. L'équipe a même un peu d'avance sur le plan de tournage et pourra donc enregistrer quelques plans de l'arrivée de Robin au bal château de Nottingham. Dans cette séquence, il infiltre le palais, se faisant passer pour un gentleman et essayant d'obtenir des informations de l'intérieur pour pouvoir anéantir. Changement d'atmosphère en plateau : entrent des dizaines de figurants en tenue d'apparât, habillés par Julian Day et son atelier.
A chacun son Robin des Bois
Lorsqu'ils ont quelques minutes, les comédiens et le cinéaste se prêtent au jeu du questions-réponses. Ben Mendelsohn, après la scène de son assassinat, a terminé sa journée. Il a même terminé de tourner toutes ses scènes et, à peine démaquillé et changé, il semble content de rentrer chez lui pour se reposer un peu. Lorsqu'on lui demande quel est son Robin des Bois préféré, l'acteur austalien raconte : "Le Robin des Bois de Disney est le tout premier film que j'ai vu au cinéma. C'est donc mon préféré."
Plus tard, Taron Egerton, encore en costume après le tournage de la séquence de l'arrivée à la fête du château de Nottingham, confirme. C'est aussi son préféré. A côté de lui, encore dans la peau de Petit Jean, Jamie Foxx penche plutôt pour le film de 1991, réalisé par Kevin Reynolds, avec Kevin Costner : "Kevin Costner évidemment ! A mon époque, c'était la plus grosse star !"
Otto Bathurst, le réalisateur, n'y va pas par quatre chemins et sa réponse à la même question est sans appel : « Russel Crowe était épouvantable. Kevin Costner était très bon dans son genre. Le Robin des Bois de Disney est le meilleur. » Ce n'est pas nous qui allons le contredire.
La bande-annonce de Robin des Bois, qui sortira le 28 novembre :