Le Festival du Cinéma Américain de Deauville semble porter chance à Marc Turtletaub : douze ans après le Grand Prix remporté par Little Miss Sunshine, dont il était producteur, il se pourrait bien que Puzzle, son deuxième long métrage en tant que réalisateur, s'invite au palmarès de cette édition. Au vu des rires qu'il a suscités ou de la longue standing ovation à laquelle il a eu droit, allant jusqu'à émouvoir le cinéaste aux larmes, le film est aujourd'hui le favori pour le Prix du Public qui sera remis ce samedi 8 septembre. Mais nous n'en sommes pas encore là.
Deux jours après cette séquence émotion ("C'était tellement embarrassant", nous dit le principal intéressé en riant), Marc Turtletaub revient avec nous sur l'accueil réservé à cette histoire d'une femme au foyer qui renaît, en quelque sorte, lorsqu'elle se prend de passion pour les puzzles et décide de donner un nouveau sens à sa vie. "C'était énorme, incroyablement satisfaisant", nous explique-t-il. "Nous faisons autant ces histoires pour nous-mêmes que pour un public. Donc que ledit public réagisse de la sorte, cela signifie beaucoup pour moi. Nous avons eu un très bel accueil lorsque nous avons projeté le film pour la première fois à Sundance, mais Deauville c'est spécial. Je pense que les gens en France aiment vraiment les films, et en parlent d'une manière qui est très rare."
Avec toute cette expérience, sait-il pourquoi les spectateurs réagissent aussi bien face à Puzzle ? Est-ce son côté positif, qui tranche sévèrement avec ce que la compétition nous a proposé depuis le début de cette édition ? L'histoire qu'elle développe ? Le personnage central ? Un peu de tout cela ? "C'est une très bonne question. Je pense que c'est en partie parce qu'ils aiment l'histoire du personnage principal. C'est l'histoire de quelqu'un qui suit sa passion sans se soucier des conséquences, en sachant que beaucoup de choses, pas très bonnes, se produisent. Mais ils aiment cela, c'est le cœur du film."
"Je pense qu'ils réagissent également ainsi car il est plein de sincérité. Et celle-ci provient du scénario. Les spectateurs voient des personnages qui sont authentiques. Ils ne sont pas tout noir ou tout blanc, ce ne sont pas des stéréotypes. Le mari [joué par David Denman, ndlr] pourrait très bien être quelqu'un que l'on déteste s'il était l'un de ces stéréotypes. Mais il est bien plus nuancé. C'est un homme qui peut parfois nous étonner et nous choquer avec ce qu'il fait ou dit, mais nous savons qu'il aime sa femme et ses enfants, ce qui le rend compliqué. Comme de vraies personnes."
Je pense que les gens en France aiment vraiment les films, et en parlent d'une manière qui est très rare
"Il est très difficile d'expliquer ceci aux gens jusqu'à ce qu'il ne voient le film. Ensuite, quand quelque chose paraît aussi réaliste - des spectateurs m'ont dit avoir eu le sentiment de voir une vraie famille - et qu'il y a de l'humour, cela résonne vraiment car l'idée n'est pas de faire une blague mais bien de donner vie à une situation de la vie quotidienne, ce qui est d'ailleurs plus drôle. Les raisons qui font que les gens aiment un film relèvent toujours du mystère pour moi, mais voici quelques-uns des éléments qui, selon moi, touchent les gens dans celui-ci."
Reste maintenant à savoir si l'enthousiasme ressenti à l'issue de la projection officielle se traduira par un Prix du Public ce samedi. Et si les jurys respectivement emmenés par Sandrine Kiberlain et Cédric Kahn auront eux aussi été sensibles aux pièces de ce Puzzle. Lequel n'a pas encore de date de sortie en France, mais un distributeur (Bac Films), ce qui signifie qu'il devrait bientôt être visible dans nos salles.