AlloCiné : Comment avez-vous eu l'idée de réaliser ce film centré sur cette figure de l'étranger, un Iranien vivant au Danemark ?
Milad Alami : J'avais fait quelques courts métrages sur des étrangers qui traitaient de thèmes liés aux différences de classes, des identités brisées et des luttes de pouvoir. Quand moi et Ingeborg Topsøe, avec qui j'ai co-écrit le scénario de The Charmer, avons commencé à discuter de l'histoire, le personnage d'Esmail est venu naturellement. Je voulais décrire les luttes intérieures de son voyage.
Avez-vous eu des références, cinématographiques ou autres, au moment de la conception de The Charmer ?
J'avais bien sûr lu "L'Étranger" d'Albert Camus plusieurs années avant de faire The Charmer, même si on n'en parlait pas pendant la réalisation du film. Nous avons par ailleurs regardé des séquences de films qui nous semblaient avoir l'ambiance ou l'atmosphère que nous voulions. Après, il était important pour moi que la "sensation" se dégageant du film soit vivante. Nous avons également regardé plusieurs films de Fatih Akin et Lynne Ramsay.
Comment s'est effectué le choix de l'acteur principal, l'Irano-suédois Ardalan Esmaili ?
Je connaissais Ardalan auparavant et quand nous avons fait le casting avec lui, j'ai immédiatement senti qu'il était parfait pour le rôle. Ardalan possède un mélange de quelque chose de sombre et mystérieux mais aussi une sensibilité qui était importante pour le personnage. Il était important que nous puissions sentir ses luttes intérieures, et Ardalan pouvait parfaitement transmettre cela.
Quels sont les principaux choix esthétiques que vous avez fait, notamment au niveau de l'image ?
Sabine Hviid, la responsable de la production, Sophia Olsson, la directrice de la photographie et moi avons eu de longues discussions sur le langage visuel de The Charmer. Dès le début, nous avons eu l'idée de créer un labyrinthe avec de longs couloirs et des reflets dans les miroirs, dans le but de donner forme à une atmosphère claustrophobe. Je voulais que la première partie du film soit sombre et mystérieuse, et que la dernière partie (quand nous comprenons qui est Esmail et ce qu'il cache) soit claire.
Quelles ont été les principales difficultés de tournage ?
C'était un tournage serré donc nous devions travailler très vite. Le film se déroule dans de nombreux endroits différents et a une grande distribution, donc c'était un vrai défi de diriger les scènes dans un laps de temps limité. J'ai fait beaucoup de préparatifs avant le tournage pour pouvoir garder une vision claire pendant les prises.
Vous-êtes vous beaucoup documenté sur les migrants au Danemark avant d'écrire le scénario du film ?
Je vis au Danemark et j'ai travaillé avec des réfugiés avant de commencer à faire des films. Nous avons également fait beaucoup de recherches, rencontré des réfugiés, parlé à des avocats et visité des centres de d'hébergement. Mais je connaissais ce monde parce que j'étais moi-même réfugié en Suède.
Avez-vous des projets en cours ?
Mon prochain film s'appelle "The Opponent" et l'histoire est la suivante : "Dans un village désolé du nord de la Suède, une histoire d'amour secrète entre un ancien lutteur olympique iranien et son coéquipier déclenche de violentes répercussions pour lui et sa famille. La masculinité, l'amour et la violence imprègnent ce mystère-thriller psychologique moderne." Je travaille aussi sur un autre long-métrage, avec Ingeborg Topsøe (co-scénariste de The Charmer), qui possède des thèmes similaires à The Charmer.