AlloCiné : Beaucoup de films d’horreur débutent comme une histoire pour enfants. Ça peut être aussi le cas de "Sans un bruit". C’était votre point de départ ?
John Krasinski : C’est une question intéressante, je n’y avais jamais pensé de ce point de vue-là. Les histoires dont tu parles ont toutes la même source : la famille. Et c’est d’ailleurs l’un de mes points de départ, à savoir "jusqu’où irais-tu pour protéger tes enfants ?" Quand j’ai lu la première version du script, c’était l’aspect qui m’a le plus plu, et j’ai essayé de l’accentuer. J’espère émouvoir les spectateurs avec cette histoire. C’est rare que l’on pleure devant un film d’horreur.
Ce n’est pas facile de faire un film d’horreur convaincant, d’autant plus quand il n’y a pas de dialogue. Quel est le secret de la réussite de "Sans un bruit" ?
Emily Blunt : Tout le crédit revient à John, il a réussi à en tirer une histoire forte et des scènes marquantes, centrées sur les personnages.
Aviez-vous pensé à un moment donné à faire quelque chose de plus radical – sans introduire de musique ou de répliques ?
J.K. : Non pas vraiment. J’ai fait ces choix parce qu’ils me touchaient émotionnellement. Trois semaines avant de lire le script, nous venions d’accueillir notre seconde fille. Je la tenais dans mes bras et j’avais les pages devant moi. J’étais vraiment conquis par le thème de la famille. En ce qui concerne les effets visuels ou sonores, c’était quelque chose qui me tracassait un peu. Comme je connaissais bien l’histoire et que j’étais confiant, nous nous sommes amusés à explorer certaines choses. C’est incroyable tout ce que l’on peut faire autour du son… Mes passages préférés du film sont ceux où le silence est total.
Vous collaborez pour la première fois ensemble. Comment ça s’est passé ?
J.K. : C’est très facile quand votre femme a beaucoup de talent. J’ai toujours été très fan d’elle. Les gens pensent qu’on partage la même expérience parce qu’on est tous les deux acteurs. Mais la plupart du temps, elle est à l’étranger, sur un tournage avec une autre équipe, un autre réalisateur et moi je fais la même chose mais ailleurs. La voir travailler sur un plateau a été l’une des plus belles expériences de ma vie, je ne sais pas si je vais collaborer avec quelqu’un d’autre d’aussi talentueuse qu’elle. Je me souviens de ce qu’elle m’a dit : "Tu dois me traiter comme n’importe quelle autre actrice, tu as ta vision et je la suis, tu as de très bonnes idées."
E.B. : Mais ça faisait du bien aussi de revenir à une certaine normalité après les scènes les plus intenses même si nous n’avions pas le choix parce que, quand on rentre à la maison, la priorité reste les enfants. L’expérience était mémorable et c’était aussi une sorte de test : on découvre une autre personnalité de la personne avec qui on vit quand on collabore professionnellement.
Emilie, vous ajoutez un nouveau genre à votre catalogue grâce à ce film d’horreur. Que vous reste-t-il à faire ?
E.B : (Rires) Un western ! Je suis ouverte à toutes suggestions ! Mais je ne veux pas être la demoiselle en détresse, celle qu’on vient sauver.
Il y a cette scène d’accouchement, qui va sans doute marquer les esprits. Comment l’avez-vous appréhendée ?
E.B : C’était très intense. C’était une semaine de tournage difficile pour moi et pour l’équipe. Plusieurs membres féminins se sentaient mal pour moi (rires).
J.K : Cette scène est la raison pour laquelle on a besoin d’une actrice comme Emily. Je suis l’une des seules personnes à l’avoir vu accoucher donc je savais qu’elle pouvait le faire et capturer l’essence de cette scène (rires).