Mon compte
    Capharnaüm : "Art et engagement vont de pair" selon Nadine Labaki

    Dans "Capharnaüm", la réalisatrice Nadine Labaki suit le destin du jeune Zain, 12 ans, en guerre contre ses parents. Cette odyssée romanesque, à la lisière du documentaire, était présentée en conférence de presse à Cannes. Morceaux choisis.

    JACOVIDES-BORDE-MOREAU / BESTIMAGE

    "Nadine Labaki est une enfant de Cannes" nous dit le journaliste Philippe Rouyer en introduction de la conférence de presse de Capharnaüm. Il est vrai que la réalisatrice libanaise y a présenté tous ses films : Caramel à la Quinzaine des réalisateurs en 2007, Et Maintenant on va où ? au Certain Regard en 2011 et puis ce nouveau film donc, ce Capharnaüm, qui concourt pour la Palme d'Or. 

    A la lisière du documentaire, cette odyssée s'intéresse au jeune Zain (Zain Alrafeea, réfugié syrien dont c'est ici le premier rôle), un enfant des rues qui décide d'intenter un procès. "Pourquoi ?" interroge la Juge. Et Zain de répondre : "Pour m'avoir donné la vie". Il faut dire que Zain, maltraité par sa famille, n'a pas une enfance facile. Lorsqu'il prend la fuite, dans les faubourgs de Beyrouth, le jeune garçon fait la rencontre de Rahil, réfugiée éthiopienne sans papier, et de son petit garçon Yonas, un an. 

    "J'avais envie de parler du système en général qui, à mon sens, ne va pas très bien (...) les enfants  maltraités, l’esclavagisme moderne, les travailleurs migrants… Ces gens sont exclus du sytème. Aucun des acteurs non professionnels du film n’ont de papier. Ils vivent de manière illégale dans le pays. Je voulais souligner l’importance absurde de ce papier dont on a besoin pour prouver qu’on existe." 

    "C’est la chose la plus stupide au monde d’être arrêté parce qu’on n'a pas de papier (...) c’est révoltant" renchérit le producteur et compositeur Khaled Mouzanar. 

    Yordanos Shifera, l'interprète de Rahil, ne cache pas son émotion. Émue aux larmes, elle raconte : "Je veux remercier Nadine qui m'a permis de raconter ma propre histoire à travers ce film (...) Ce que vous avez vu, c'est ma vérité, c'est ma vie." 

    La vérité de ces gens s'est imposée à nous

    C'est cette vérité que Nadine Labaki a cherché à capturer tout au long du tournage, qui s'est étalé sur 90 jours. "Il y a beaucoup de vérité et très peu de choses fantasmées. C’est vraiment ce qu’on a vu. Il fallait être le plus près possible de la vérité de ces enfants (...) On a essayé d'intervenir le moins possible (...) La vérité de ces gens s'est imposée à nous, c'est une chorégraphie très minutieuse entre fiction et réalité."

    Entre fiction et réalité

    Sans tomber dans le misérabilisme, Capharnaüm brosse un portrait amer du monde d'aujourd'hui : "On détourne les yeux pour ne pas regarder la vérité en face. C’est vrai que la vérité est très difficile. Au Liban, des milliers d’enfants naissent et meurent sans que qu’on le sache. Parce qu’ils sont invisibles, exclus du système, soumis à des formes de négligence extrême, livrés à eux-mêmes (...) Mais qu’est-ce qu’on en fait ? Qui veille à ce que les enfants aient droit à des choses élémentaires ?"

    Interrogée sur le rôle que doit tenir l'artiste dans notre société, Nadine Labaki répond : "On a beaucoup de responsabilité en tant qu’artiste. Pour moi, art et engagement vont de pair (...) C'est difficile de ne pas se sentir engagée quand on sait que l’art peut changer les choses. C'est peut-être naïf mais j’y crois profondément. Il peut en tout cas ouvrir le débat." conclut-elle. 

    La bande-annonce de Capharnaüm  

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top