Après avoir défrayé la chronique avec Ida en 2014, Oscar du meilleur film étranger, le cinéaste polonais Pawel Pawlikowski est de retour avec son nouveau film, Cold War, projeté en compétition au 71ème Festival de Cannes.
Ida se déroulait dans la Pologne des années 60. Le film suivait Anna, jeune orpheline élevée au couvent, partant à la rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en vie. Elle découvre alors un sombre secret de famille datant de l'occupation nazie. Cette fois, le réalisateur a décidé de reculer d'une décennie avec Cold War afin de nous plonger dans la guerre froide. Entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.
En marge de la projection du film, Pawel Pawlikowski et son équipe sont venus répondre aux questions des journalistes lors de la traditionnelle conférence de presse. Affublé d'une paire de lunettes de soleil, le metteur en scène est apparu détendu et souriant, content de répondre à la presse, enjoué à l'idée de défendre son film, très bien reçu sur la Croisette. "J'ai grandi avec le cinéma classique des années 50/60", révèle le cinéaste, enchaînant ensuite sur le choix d'utiliser à nouveau le noir et blanc pour Cold War, à l'instar de son dernier long-métrage, Ida. "On n'arrivait pas à trouver la bonne palette. Du coup on a opté pour un noir et blanc plus contrasté et profond que sur Ida", explique le cinéaste.
L'actrice principale, Joanna Kulig, déjà présente dans Ida, approuve les propos de son metteur en scène, déclarant qu'il était "important que le film soit tourné en noir et blanc". Par la suite, les questions des journalistes se tourneront vers la musique, très présente dans Cold War, y jouant un rôle prépondérant. "Le film contient beaucoup de musique, il est beaucoup plus dynamique et vivant que Ida", précise le réalisateur. "On a beaucoup travaillé la bande-son. Travailler sur le son, c'est comme travailler sur les autres aspects du film, il faut que tout soit bien calibré, comme pour les images", ajoute le metteur en scène polonais.
Interrogé sur le thème de l'amour, central dans son film, Pawel Pawlikowski s'est montré très critique envers les nouvelles technologies et le monde des images, estimant que cela bloquait les rencontres amoureuses. "Tout est trop bruyant à notre époque à cause des téléphones portables, du matraquage d'images.... Il est plus compliqué de se regarder dans les yeux et tomber amoureux. À l'époque de Cold War, il y avait moins de distraction, et les gens pouvaient se parler sans le bruit et la pollution sonore qui nous entoure", analyse le cinéaste. "La nostalgie n'est pas le moteur de mes films mais cette simplicité de l'époque me manque", déclare Pawlikowski.
Pour terminer, l'artiste se confiera sur les personnages principaux de son film, inspirés par ses propres parents. "Il y a beaucoup de choses en commun entre le couple du film et mes parents. J'ai utilisé leurs noms dans mon film en leur hommage car ils sont décédés. C'était un couple désastreux, qui se séparait, se remettait ensemble... ce n'est pas un portrait craché mais il y a des similitudes".
Cold War sortira en salles le 31 octobre 2018.