AlloCiné : Comment vous définiriez cette sélection en quelques mots ?
Albin Lewi : Forte, exigeante, ecclectique et internationale, avec cette envie que les séries puissent venir de partout dans le monde tout en restant compréhensibles par le plus grand nombre. On a deux publics ici : celui qui vient gratuitement assister aux projections et celui des professionnels, que ce soient les diffuseurs qui sont présents pour le MIP ou les journalistes. Il fallait donc les réunir dans cette découverte de séries inédites.
Est-ce que vous aviez fixé des quotas précis pour la provenance des séries ?
Absolument aucun. On a 9 nationalités différenres sur 10 séries présentées. C'est toujours la qualité qui nous a guidés, soit par l'histoire, soit par la réalisation, soit par le jeu des comédiens, et de préférence le tout combiné. J'espère que tout le monde saura les apprécier sur au moins un de ces critères et que les gens seront émus. On couvre certaines parties du monde, pas toutes, on a fait de notre mieux.
Techniquement, comment avez-vous procédé pour les choisir ? Vous êtes passés par un appel à candidatures ?
On a fait un appel à canditatures, mais forcément sur la saison 1 d'un festival, il a fallu aller vers les diffuseurs et les producteurs. Dans l'ordre, on s'est réuni pour lister un certain nombre de critères. Ensuite, on s'est déplacé dans le monde entier pour présenter le projet. Je suis allé à Los Angeles, à Londres, à Berlin... J'ai fait tous les marchés possibles et des tas de rencontres téléphoniques. On s'est également appuyé su le MIP TV (marché international des programmes de télévision) qui est notre partenaire, et qui avait déjà un certain nombre de contacts parmi les ayant-droits qui semblaient les plus prometteurs. C'est à partir de ce moment-là qu'on a publié un appel à candidatures en ligne. On en a alors reçu énormément spontanément.
Combien étiez-vous de personnes pour faire la sélection et combien avez-vous vu de séries ?
On était environ cinq personnes dans le comité de sélection, d'horizons variés; on a vu 130 séries différentes, elles ont toutes été vues par au moins deux personnes, on a beaucoup discuté, mais je prenais la décision finale, ce n'était pas un choix démocratique. De 130, on est passé à 30. Puis de 30 à 20. Et enfin, c'est là que ça a été le plus difficile, de 20 à 10. Ensuite, c'était un échange aussi. On n'allait pas forcer les gens à venir présenter leurs séries. Il fallait qu'ils soient aussi enthousiastes que nous. Et il y avait des critères techniques très exigeants à remplir, que ce soit au niveau du son, de l'image, des sous-titres, car ces séries sont diffusées sur grand écran et toutes ne se prêtent pas à une telle diffusion.
Découvrez les10 séries de la Compétition Officielle :
Festival CANNESERIES : Découvrez les 10 séries internationales en compétition officielleIl n'y a pas de séries françaises dans la compétition, on peut s'en étonner pour un festival français...
Il n'y en a pas en compétition, c'est vrai, mais il y a plein de séries françaises en projection malgré tout (Section de recherches, Capitaine Marleau, Un Village Français...) Ensuite, il était hors de question de mettre une série française pour mettre une série française et on voulait éviter une sélection franco-américaine. Je ne dis pas que les séries françaises ne sont pas bonnes, mais qu'à cet instant T aucune ne remplissait tous nos critères. Rien n'empêche en tout cas qu'il y en ait l'année prochaine.
Est-ce que la concurrence avec le festival Séries Mania a pu être un handicap pour la sélection ?
Sur un timing si proche entre les deux festivals, il y a forcément des séries qui ont été visionnées par les deux comités de sélection. Chacun était concentré sur sa propre sélection et en ce qui me concerne, je n'ai eu aucun problème, je n'ai pas du tout le sentiment d'avoir été impacté par la concurrence. On est très satisfaits de nos choix. Et il n'y pas de duel, contrairement à ce que l'on voudrait faire croire. Des festivals séries il y en a partout dans le monde et chacun a son ADN.
Est-ce que parmi vos critères, il y avait celui que ces séries soient diffusées en France ?
Pas du tout. Certaines séries ont été diffusées sur leur territoire d'origine, d'autres pas. La plupart n'avait pas de véléités particulières à être diffusées à l'international. Le festival va leur donner un coup de projecteur qui, on l'espère, leur permettra d'être vendues ailleurs, notamment en France. Mais en dehors des séries françaises, américaines et anglaises, qui peuvent être facilement piratées, il n'y avait pas d'obligations à ce qu'elles soient inédites dans leur pays, juste très récentes.
Il n'y a aucune comédie dans la sélection, vous ne vouliez que des dramas ?
Non, ce n'était pas un critère. Il y avait de la comédie dans la shortlist. Ensuite, on a plein de drames qui ont du second degré, qui peuvent être fun. J'espère qu'on aura des comédies dans les années futures. Et de toute façon, pour moi, la ligne entre drame et comédie n'existe plus.
La série que vous aimeriez avoir l'année prochaine ?
En admettant qu'elles soient prêtes, dans l'idéal, la série de George Clooney Catch 22, Julia Roberts qui arrive avec Homecoming, la série Vernon Subutex... Tout ça est très alléchant !
LES 3 SERIES PHARES D'ALBIN LEWI
LEGION : J'ai hâte de démarrer la saison 2 dès que le festival sera terminé. C'est une série extraordinaire, exigeante artistiquement, barrée, psychédélique, schizophrène comme son personnage principal.
TWIN PEAKS : Comme beaucoup, j'ai été estomaqué par la saison 3 de Twin Peaks, qui est une oeuvre inclassable. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, elle ne peut pas laisser indifférent.
DEXTER : Michael C. Hall est ici pour présenter sa nouvelle série Safe et je dois dire que Dexter, pas dans son intégralité, mais au moins sa première saison, c'était formidable, et pour moi il y a vraiment eu un avant et un après.