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    Madame Hyde : "L'humour n'est pas une manière d'échapper à l'importance des sujets"

    En salles cette semaine, "Madame Hyde" revisite à sa façon bien particulière le mythe du "Dr Jekyll et de Mr. Hyde" et fait virer Isabelle Huppert de prof mal inspirée à prof "allumée". Rencontre avec son réalisateur, Serge Bozon.

    Les Films Pelleas

    Après l'expérience Tip TopSerge Bozon retrouve Isabelle Huppert dans Madame Hyde, un film haut en couleurs qui revisite totalement l'univers pourtant vu et revu du célèbre mythe de Robert Louis Stevenson, "Dr Jekyll et Mr Hyde", le déplaçant de nos jours dans un lycée de banlieue et en offrant le(s) rôle(s)-titre(s) à une héroïne. Une héroïne aussi touchante que déroutante...

    Madame Hyde fait partie des "lents", comme son mari le lui fait délicatement remarquer. En 35 ans de carrière, cette professeur de physique n'a toujours pas réussi à trouver l'étincelle qui lui permettrait de transmettre le savoir à ses élèves. A la suite d'une expérience dans son laboratoire, cette étincelle, elle va enfin la trouver, en se faisant frapper par la foudre. Petit à petit, cette "insignifiant bout de femme", comme la désigne gentiment son proviseur, sent un changement en elle et parvient à diffuser sa lumière dans ses cours mais aussi en-dehors, dans d'étranges promenades nocturnes. Pour tenter de comprendre ce film autant ancré dans le réel que le fantastique, qui navigue entre comédie et drame, nous sommes allés à la rencontre de son réalisateur... 

    Stevenson nous donne la possibilité fantastique de transformer quelqu'un qui ne pouvait plus changer

    AlloCiné : Pourquoi adapter "L'étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde", un roman court déjà maintes fois adapté par le cinéma ?

    Serge Bozon : C'est vrai. Mais, au fond, ce n'était pas parce que j'avais l'envie irrépressible de faire la énième adaptation de "Docteur Jekyll et M. Hyde", c'est plus parce que j'avais l'impression, et je peux me tromper, que le roman allait m'aider à traiter l'éducation. Ce qui n'est évidemment pas le cas du roman qui ne se passe pas du tout dans un contexte de prof mais dans un contexte de laborantin solitaire, de pharmacien fou.

    Dans Madame Hyde, l’héroïne est une prof. Une prof en échec. Et pas depuis un mois, mais en échec total depuis le début de sa carrière. [Elle exerce depuis] 35 ans, elle est en fin de carrière. Donc, si elle avait pu changer avant, elle l'aurait déjà fait. Pour elle, c'est trop tard pour changer. D'un point de vue naturel, c'est fini. Qu'est-ce qui pourrait encore lui permettre de changer ? Qu'est-ce qui reste ? Un accident. C'est là que le fantastique intervient. Stevenson nous donne la possibilité fantastique de faire se transformer quelqu'un qui, d'un point de vue réaliste, ne pouvait plus se transformer. Il nous donne l'étincelle qui va permettre enfin de mettre en branle un changement chez quelqu'un qui, sinon, vit dans un échec irrémédiable. C'est ça qui m'intéressait.

    Le film de Jerry Lewis, "Docteur Jerry et Mister Love", adapte aussi l'histoire de Stevenson au sein de l'école

    Oui, tout à fait. A ma connaissance, c'est le premier cinéaste qui a eu cette idée d'adapter Dr Jekyll et Mr Hyde en milieu scolaire et de faire du héros, un peu comme dans mon film, un prof malheureux qui va se transformer. [Dans l'une des dernières scènes de] mon film, il y a un très long discours et dans le film de Jerry Lewis aussi. Sauf que dans le film de Jerry Lewis, le discours final, qui est d'ailleurs très beau, dit qu'il ne faut pas essayer de se transformer, qu'il faut d'abord s'aimer soi-même. Une fois qu'on s'aime tel qu'on est, les autres peuvent nous aimer, plutôt que de vouloir se transformer pour répondre aux désirs des autres. Dans mon film, c'est très différent, le discours final est sur la question de l'interaction, des gènes et de l'environnement. C'est presque un peu politique. 

    Madame Hyde est un être de lumière

    Par exemple, votre taille, qu'est-ce qu'elle doit à vos gènes et qu'est-ce qu'elle doit à votre environnement ? Dans le film, Madame Géquil reprend cette question toute simple, sauf que comme on est en banlieue, elle se demande qu'est-ce qu'il y aurait eu comme autre environnement possible. Qu'est-ce que ça aurait changé si, par exemple, ces élèves étaient nés ou avaient vécu dans le sixième arrondissement de Paris. Le discours final est plus douloureux et plus noir, je trouve, que celui de Lewis. C'est une scène triste de mon point de vue. Je voudrais que les gens pleurent. Alors que dans le film de Jerry Lewis, c'est une scène émouvante mais plutôt optimiste. L'autre rapport avec Jerry Lewis, c'est que mon film est assez coloré. Actuellement, on tourne beaucoup en numérique. Et en gros, cela donne beaucoup de films qui sont quasi monochromes. Comme c'est tourné en 35 mm, il y a dans Madame Hyde une tentative de retrouver le goût de la couleur. 

    Vous choisissez de placer le fantastique dans un milieu réel. Est-ce que c'est rare en France selon vous ?

    C'est rare mais ça existe. Je ne suis pas du tout le premier. Pour moi, cela vient de toute une tradition française et pas américaine. Mon film ne prétend absolument pas être un film d'horreur, au sens où ce n'est pas un film d'action. Et personne ne va être terrifié. Le but n'est pas de se dire : "Wouah, qu'est-ce qu'on a peur." Non, c'est autre chose. C'est plus des rêveries, des scènes de nuit. Je l'inscris dans une tradition, qui n'est pas celle de Wes Craven qui est un cinéaste que j'adore, mais celle de Georges Franju ou Jean-Claude Brisseau. Prenons un exemple concret : Dans De bruit et de fureur, qu'est-ce qu'on a ? Film de banlieue, éducation, fantastique. Mais pas du fantastique d'action, du fantastique de rêverie. Malheureusement, on connaît plus le fantastique d'action. Je m'inscris dans une tradition qui est celle du cinéma français, même si c'est une tradition qui est un peu obscure, il faut reconnaître, mais qui est réelle et qui, pour moi, est très belle.  

    Haut et Court

    Dans "Madame Hyde", il y a aussi quelque chose de l'ordre du conte. D'ailleurs, quand Madame Géquil se promène dans la nuit, elle est même dans la légende puisqu'elle fait alors penser à la Dame Blanche.

    Tout à fait. Pour moi, elle est plus comme une fée, c'est un être de lumière. Je vais reprendre les mots de Jean Douchet, car je les trouve très bien. Madame Jekyll est une prof qui est obscure. Pourquoi est-elle obscure ? Car elle n'arrive pas à transmettre la lumière du savoir. Comment elle pourrait la transmettre cette lumière ? Comme c'est trop tard pour qu'elle la transmette naturellement, il faut cet accident. Donc elle peut la transmettre en devenant elle-même lumière. C'est ça l'effet spécial, c'est qu'elle est un être de lumière. 

    Mais, par contre, le danger de la lumière, c’est que ça peut brûler. Il ne s'agissait absolument pas de faire un film d'action, ce n'est pas comme les Quatre Fantastiques. Ce n'est pas une femme de feu. La lumière, c'est plus mystérieux. On ne sait pas ce que ça fait comme effet la lumière. Si vous approchez votre main de la lumière, est-ce que vous allez être brûlée, est-ce que vous allez avoir mal ? Est-ce que votre main va simplement prendre une nouvelle couleur ?

    Il y a l'idée que ce qui vous sauve finit par vous détruire

    C'est un effet plus comme la Dame Blanche. C'est que tardivement dans le film qu'on se rend compte qu'il y a quelque chose de dangereux qui se met en place, qui se dérègle. Avec son mari, lorsqu’il approche la main, avec les chiens de sa voisine, avec son seul élève avec qui elle a réussi quelque chose, son favori, son chouchou. Il y a un dérèglement tardif, quelque chose s'écroule. Selon moi, c'est quelque chose de très classique, ce n'était pas non plus quelque chose d'original.

    Quand vous vous transformez sans le vouloir, c'est un peu dangereux, vous ne savez pas jusqu'où ça vous emmène et, souvent, ce que vous gagnez, vous le payez. Il y a l'idée que ce qui vous sauve finit par vous détruire. Pour moi, c'était juste très classique. A partir du moment où il y avait une transformation qu'elle n'avait pas voulue, même s'il y avait des aspects bénéfiques, ça ne pouvait pas finir juste sur : "La nuit, elle se promène comme une luciole et, la journée, elle devient une super prof". Non, c'est autre chose. Il y a quelque chose d'un peu plus grave qui se passe. C'est pour ça aussi que c'est plus douloureux. Sinon le film s'arrêtait 20 minutes avant la fin : Malick était devenu un bon élève et elle était un peu plus phosphorescente. Pour moi, ce n'était clairement pas suffisant. Il manquait quelque chose : tous les dangers de cette transformation qu'on ne choisit pas.

    Parlons de cette scène de rap, à laquelle on assiste alors que Madame Hyde est dans une de ses promenades nocturnes. C'est étonnant de placer une chanson originale dans la nuit qui parle d'école mais, surtout, dans une scène qui lie le conte à la banlieue, ce qui est très rare...

    Tout à fait, pour moi c'est lié à la banlieue et au conte. Basiquement, quand on associe le rap avec des mecs à capuche, on se dit que ça va être des durs, des voyous. Alors, que lorsqu'ils enlèvent la capuche, ce sont des enfants. Ceux qui font les choeurs sont beaucoup plus jeunes que Malick. Ils sont 12, 13, 14 ans. Donc, il y a un côté presqu'angélique. En plus, à ce moment-là, le rap vire un peu vers la pop. Ceux qui enlèvent leur capuche et font les choeurs prennent de plus en plus d'importance. Il y a une sorte de côté mélodique. Et pour moi, c'était très simple, c'était comme un conte parce que comme le film est, disons, très militant sur l'importance de l'école, la noblesse de l'enseignement, la difficulté de transmettre quelque chose à quelqu'un, je voulais aussi qu'il y ait dans le film des gens qui soient contre l'école. Comme le père de Malick qui dit qu'on peut très bien réussir sans avoir fait d'études, la preuve, il y a plein de gens qui ont fait des études et qui se retrouvent au chômage.

    Je pense que ce film est moins agressif que Tip Top

    J'avais juste fait le squelette des paroles aux rappeurs, quelque chose de très simple et basique : les profs, sont vieux, nous on est jeunes, etc. Et ensuite il fallait trouver des bon mots, des punchlines. Ils se sont beaucoup investis. Ce que j'aime bien, c'est que c'est une scène où l'on ne sait pas trop sur quel pied danser, car ça ne ressemble pas à du rap traditionnel. On voit bien que les paroles, très basiques, sont sur l'école, la chanson dérive puis on a ces plans sur eux qui chantent les choeurs [et qui sont] un peu faux. Tout est en son direct, ce n'est pas triché. On a enregistré la nuit et les acteurs ne sont pas allés ensuite en studio pour post-synchroniser. Il y a une sorte de fragilité bizarre que j'aime bien. 

    C'est une scène déroutante et décalée tout comme peut l'être votre humour. "Tip Top" avait aussi dérouté les gens.

    Il faut le reconnaître. Je pense que ce film-là est moins agressif que Tip Top. Déjà, il est plus simple. Tip Top, d'une scène à l'autre, on changeait de personnages, de lieux et l'intrigue était extrêmement obscure. Là, c'est très simple, on est en gros tout le temps avec Isabelle Huppert, Madame Géquil, à part une ou deux micro-scènes et c'est très linéaire. Ensuite, Madame Hyde a une dimension plus sentimentale, plus tendre.

    Haut et Court

    Mais, vous aviez aussi envie de faire rire avec "Madame Hyde"...

    Oui, bien sûr. Je ne n'aime pas les films solennels et l'esprit de sérieux plus généralement. Il y a mille manières de faire les choses. Partons d'un exemple concret [avec le personnage incarné par Romain Duris]. Actuellement, beaucoup de proviseurs, au lieu d'avoir été eux-même profs, viennent du milieux privé, plus comme des sortes de managers. Moi, je trouve que c'est dangereux. Mais, plutôt que de faire un film triste où on verrait un manager qui exploite les profs ou les traite mal en terme de gestion des syndicats, on en fait un sur-manager qui devient drôle parce qu'il se prend pour un Dieu.

    J'ai une intention qui est au départ plutôt sociale, plutôt politique et sérieuse mais je pense que l'humour apporte ça, va dans ce sens et permet de rendre ça plus surprenant que de faire un film où l'on verrait un proviseur martyriser des profs pendant une demie-heure. L'humour n'est pas une manière d'échapper à l'importance des sujets. C'est une manière de les traiter, tout simplement plus agréable.

    Mélanger les tons, c'est classique, c'est juste que ça a été perdu

    Je suis comme tout le monde, j'aime bien pleurer, rire, être surpris. Le fait de mélanger les tons – on m'accorde une certaine originalité extrême là-dedans - mais j'estime que c'est classique, c'est juste que ça a été perdu. Et je ne parle pas de choses obscures. John Ford, Howard Hawkes… Prenons les plus grands cinéastes hollywoodiens, ceux qui avaient du succès, je ne parle pas de cinéastes pour happy few. L'aigle vole au soleil, film de Ford avec John Wayne, ça commence avec des bagarres, des histoires d'armée, des marines qui se battent contre l'infanterie, ils sont tous bourrés, etc. Et puis à un moment, il a un accident John Wayne, il est paralysé à vie. Il peut juste bouger son petit doigt. Là, ça devient un mélodrame. Il dit à sa femme, Maureen O'Hara : "Laisse-moi, je ne veux pas que tu sacrifies ta vie pour un handicapé". J'estime que c'est ça la cinéma. Que dans mes films, il y ait des mélanges de tons, ce n'est pas pour faire le malin, c'est quelque chose qu'il y avait dans le cinéma avant.

    Maintenant, ça n'existe plus trop car il y a une séparation. C'est comme au sex-shop, tout est segmenté. Mais, c'est quelque chose qui est récent, qui est venu d'une espèce de durcissement des distinctions de production avec arts et essai, commerce... Avant, du temps du cinéma hollywoodien, les choses étaient beaucoup plus mélangées et, du même coup, c'était moins calibré. Je pense qu’il faut retrouver cette qualité du cinéma populaire d'avant. Ca ne veut pas dire que mes films font des millions d'entrées, je ne suis pas fou. Ca ne se juge pas au niveau des chiffres, ça se juge au niveau seulement de ce à quoi ça ressemble. On n'est pas d'office dans un rayon : ça c'est pour les festivals, etc. On peut faire autre chose. 

    Capture d'écran / Haut et Court

    C'est un film sur la transmission du savoir et sur les profs. Est-ce que vous trouvez qu'il devrait être montré dans les écoles ?

    J'aimerai bien. C'est peut-être prétentieux, mais en même temps, c'est un fait : dans la plupart des films qui se passent dans des lycées, et il y en a plein, en général, le lycée est juste un décor. On s'intéresse aux relations affectives entre les élèves par exemple. Amitié, amour, deal, querelles... Ou entre les profs. Mais, les cours, c'est deux secondes, on en entend deux mots.

    Dans Madame Hyde, on ne s'intéresse pas aux relations affectives entre les élèves ou les profs, on s'intéresse vraiment à la question frontale : qu'est-ce que c'est qu'enseigner quelque chose à quelqu'un ? Qu'est-ce que c'est qu'apprendre quelque chose à quelqu'un ? Comment on fait ? Combien de temps ça prend ? Quand est-ce que ça arrive ? Je trouve que c'est un truc de franchise. Si on fait un film sur l'éducation, qui se passe donc dans un lycée ou un collège, c'est qu'on ne fait pas un film sur les majorettes ou le ping pong. Donc, à un moment, il faut qu'on voit l'éducation. Il faut prendre le courage et le temps de le faire. Ce n'est pas "courage" pour dire "regardez, je le fais". Parce que, pour moi, ce n'est pas forcément chiant. Quand François Truffaut fait L'enfant Sauvage où il y a des scènes de cours très longues - apprendre à lire, écrire ou parler - je ne pense pas que ce soit ennuyeux.

    Au contraire, si vous y croyez, si vous pensez que c'est quelque chose d'important car le fait d'enseigner est difficile, qui n'arrive pas forcément, il faut le tenter mais pour de vrai. Vous prenez une question. Dans mon film, c'est une question de math, un problème. Et vous arrêtez la scène quand le problème est résolu entièrement. Et pas juste parce que la prof [a fini] mais parce que l'élève a compris. Donc c'est un dialogue.

    Mais, c'est risqué ce genre de scène...

    Oui, c'est risqué. Mon rêve, si vous voulez, c'est que les spectateurs soient comme Malick dans cette scène. Qu'ils se disent : "Mais, de quoi on me parle ? Pourquoi il faut que je m'y intéresse ?" Et comme c'est un dialogue et pas un cours magistral, elle essaie de lui faire accoucher du savoir plutôt que de lui faire prendre des notes comme une dactylo. Mon rêve, c'est que le spectateur se rende compte que ce n'est pas un film sur l'éducation, au sens où c'est un sujet que tu regardes de haut, mais une expérience que tu vis en temps réel. C'est-à-dire que tu es comme l'élève, tu essaies de comprendre ou pas. C'est un problème de 4ème, ce n'est pas pour frimer et ça ne demande aucune connaissance mathématiques, c'est comme en logique. C'est juste deux points, une droite, comment aller au plus court d'un point à l'autre en passant par la droite. 

    C'est une petite preuve par l'absurde. Ca dure quelques minutes mais, mon but c'est que le spectateur soit comme Malick, au même niveau que lui, et qu'il essaie, ou pas, de comprendre. Certains ne vont pas comprendre, certains vont essayer jusqu'au bout, d'autres seront les mauvais élèves qui vont se dire "Rien à foutre, les maths, ça me fait chier. Vivement que ça s'arrête ! Est-ce que ça va durer deux heures ?" (rires)

    Dans la plupart des films qui se passent au lycée, ce dernier est juste un décor

    Je trouve que c'est l'un des plaisirs du cinéma. Ce n'est pas une blague, c'est sincère, j'étais mauvais en maths. Pour moi, à l'époque, ça n'avait pas d'intérêt, ça n'était que du calcul. C'est beaucoup de temps après mes études que je me suis rendu compte que dans les maths, ce n'était pas le calcul qui était intéressant mais le raisonnement. Le fait de réussir à comprendre et démontrer des choses. 

    Maintenant, donc très tardivement, je trouve que réussir à comprendre un truc que vous ne comprenez pas, avoir l'eurêka, de mon point de vue, c'est plus fort que le plaisir, je ne sais pas, de jouer aux jeu vidéo au au foot. Je trouve que c'est l'un des plus grands plaisirs de la vie. Je ne l'ai pas connu quand j'étais jeune, j'avais un blocage. Depuis, c'est quelque chose que j'aime, j'aime bien faire des manuels, des exercices, à un petit niveau bien entendu. Le fait simplement d'arriver à résoudre quelque chose qu'on n'arrivait pas résoudre, le fait de comprendre d'un coup, ce plaisir est fort.

    La plupart des films français qui se passent dans les lycées, même ceux de Brisseau, ils vont plutôt choisir des cours d'art, la poésie par exemple. Parce que la poésie, c'est immédiat, vous avez des rimes, c'est beau. Je trouvais plus excitant de faire comme Truffaut, de ne pas chercher à faire que l'éducation soit agréable pour le spectateur parce que c'est de l'art. Ils viennent voir un film, en espérant que ça soit artistique, ils se retrouvent avec des cours où on leur parle d'art. On reste dans l'art, l'art, l'art…

    Je trouvais ça plus excitant de faire ça par le savoir, par la science parce que ça demande un peu plus de concentration. L'art, ça fait divaguer. Vous écoutez une musique, votre esprit se met à rêver. Pour moi, la science, tu ne peux pas divaguer parce que, sinon, tu ne comprends rien. Je pensais qu'il pouvait y avoir un plaisir propre mais, oui, c'est risqué... 

    Quand Isabelle Huppert s'électrise...

     

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