Attention, l'interview qui suit contient des spoilers sur le dernier épisode des Bracelets rouges, diffusé ce soir sur TF1 ! Si vous ne voulez rien savoir, passez votre chemin !!
Lancée le 5 février dernier, la série événement de ce début d'année Les Bracelets rouges, avec Audran Cattin, Tom Rivoire, Louna Espinosa, Esther Valding, Azize Diabate Abdoulaye, Michaël Youn, ou encore Camille Lou, vient (déjà) de s'achever ce soir sur TF1 avec les deux derniers épisodes de sa saison 1. Des épisodes forts en émotion, qui se sont terminés de manière tragique, en mettant en scène la mort de l'un des membres de la bande des bracelets rouges.
Alors que la saison 2 est d'ores et déjà en écriture, Marie Roussin, la directrice d'écriture et scénariste principale de la série, est revenue pour nous sur son travail d'adaptation, à partir de la série catalane originale Polseres vermelles, sur le pari que représentait Les Bracelets rouges pour TF1, et sur la fin tragique, mais inévitable, de l'épisode 6...
AlloCiné : Comment êtes-vous arrivée sur le projet ? C'était votre envie au départ d'adapter la série catalane Polseres vermelles pour la télévision française ?
Marie Roussin : C'est Véronique Marchat, la productrice, qui avait vu la série originale et qui est allée en parler à TF1 qui était intéressée. Et ensuite elle est venue me proposer d'écrire l'adaptation. Nous n'avions jamais travaillé ensemble mais elle savait que j'aimais beaucoup les personnages d'adolescents.
Lors de la présentation de la série au festival de La Rochelle en septembre dernier, vous avez dit "La version américaine c'est tout ce qu'on ne voulait pas faire". Qu'est-ce qui vous déplait tant dans Red Band Society ?
Il faut que j'y aille un peu mollo avec ça car en réalité j'ai vu 1 épisode et demi de Red Band Society, donc il faut que je fasse attention quand même à ce que je dis (rires). Mais dans cet épisode-là, il y avait tout ce qu'on ne voulait pas faire selon moi. C'est-à-dire que là, pour moi, ils tombaient dans le travers d'édulcorer la réalité en faisant de l'hôpital une hôtel 5 étoiles. D'ailleurs il me semble que c'est presque dit clairement puisqu'il y a un personnage de malade milliardaire qui a refait toute une aile de l'hôpital avec ses millards. Et donc ça, ça ne me plaisait pas. Et aussi d'autres choses que je trouvais un peu too much, comme l'ado qui n'a pas plus de poumons mais qui fume un pétard.
Le créateur de la série originale, Albert Espinosa, a-t-il été impliqué d'une manière ou d'une autre dans l'écriture de ces 6 épisodes ?
Ah non, pas du tout. On a fait un vrai travail d'adaptation. Tous les personnages d'adultes, hormis celui de la mère de Côme et du grand-père de Medhi, ont été créés spécialement pour Les Bracelets rouges. Et tous les ados ont été complètement re-caractérisés. Ce ne sont plus les mêmes familles, donc ils n'ont plus les mêmes problématiques familiales. Ni les mêmes caractéristiques psychologiques. On est vraiment face à des trajectoires de personnages très différentes.
Dans la série originale catalane, il y a un personnage assez important dans l'intrigue qui s'appelle Benito, et qui est un ami un peu plus âgé d'un des ados. Pourquoi l'avoir complètement gommé dans votre adaptation ?
Dans une toute première version, j'avais écrit un personnage de vieille dame qui état l'amie de Clément. Et en fait on n'avait plus rien à lui faire jouer dès que Clément avait des amis, c'est-à-dire à partir de l'épisode 2 (rires). Et on a donc décidé de supprimer ce personnage, car ce qu'ils en faisaient dans la version espagnole ne me plaisait pas vraiment. Je voulais vraiment rester au coeur du conflit de la série, qui est l'histoire de ces ados.
La série marche très bien sur TF1. C'est autant un succès public que critique. Mais est-ce qu'au départ vous aviez peur de l'accueil qui allait être réservé à la série ? Peur que les gens ne viennent pas par crainte d'une série anxiogène ou ultra pathos ?
Oui, bien sûr. Il y a pas mal de gens qui m'ont dit "On a regardé ce que tu as écrit auparavant, on a regardé Un Village français, on a regardé Borgia, mais on ne regardera pas ça, c'est pas possible. Les enfants qui ont des maladies, on ne pourra pas". Et finalement ils ont changé d'avis, en partie grâce à la presse je pense. Ils ont donné une chance aux deux premiers épisodes et maintenant ils regardent la suite. Mais évidemment, oui, c'est un sujet extrêmement anxiogène. Après, moi je faisais confiance au jeune public. Mais la question c'était de savoir qui décide de quelle chaîne on regarde à la télé entre les parents et les ados. Mais je faisais vraiment confiance au jeune public car c'est la seule série de drama adolescente en prime-time en France. C'est une offre qui n'existait tout simplement pas.
C'est vrai que ce genre de séries en prime-time sur TF1 c'est un vrai pari...
C'est un super pari, oui. Pendant longtemps, sur la plupart des chaînes françaises, j'avais l'impression qu'il fallait écrire pour un public de vieux. C'est eux qui regardaient la télé. Et je pense qu'il y a quand même des gens qui, à un moment donné, se sont dit "On ne va pas pouvoir continuer comme ça longtemps, car notre public sera mort, donc il faut quand même penser un peu aux jeunes". Et il était temps d'y penser en effet !
La saison s'achève par la mort de Sarah, jouée par Esther Valding. Vous avez eu des hésitations quant au choix du personnage à faire mourir dans le final ou c'était évident dès le départ ?
Oui, pour moi il y avait une sorte d'évidence. Mais c'était un crève-coeur. Sarah est un personnage qui va beaucoup nous manquer et on se débarrasse aussi forcément, du moins en grande partie, sans rien révéler de ce qui va arriver en saison 2, du personnage de son père. Du coup on perd deux personnages et deux comédiens qui étaient vraiment extra. Mais le vrai problème c'est que TF1 n'a commandé que 6 épisodes pour cette première saison et donc on ne profite de Sarah, qui est un personnage vraiment génial, que durant 6 épisodes. J'aurais vraiment aimé en profiter durant 12 épisodes, mais on ne pouvait pas retarder la mort d'un personnage en fin de saison 2 car ça aurait été de la triche. Les gens allaient juger la série sur cette première saison et on ne pouvait pas tricher avec la réalité comme ça.
La saison 2 est déjà signée, c'est ça ? Pour 8 épisodes au lieu de 6 ?
Oui, c'est ça, la saison 2 a été commandée, avec 8 épisodes. (...) L'écriture est en cours. On a déjà écrit toutes les arches narratives et on en est à 5 épisodes sur 8 en première version dialoguée.
Est-ce qu'on reverra Sarah dans la saison 2, sous une forme ou une autre ?
Je ne suis pas certaine d'avoir le droit de répondre (rires). Je ne suis pas habilitée à communiquer quoi que ce soit sur la saison 2.
La saison se termine par un montage final d'images des 6 épisodes, avant un dernier plan fixe sur le visage de Côme. Est-ce qu'on est censé comprendre qu'il va bientôt se réveiller ?
Je ne sais pas si on est censé comprendre quelque chose (rires), mais de toute façon Côme c'est quand même notre point d'entrée dans la série donc personnellement je trouve que c'est un peu une manière de boucler une boucle que de terminer par lui. C'est la voix-off, c'est notre point d'entrée, donc quoi qu'il arrive dans la saison 2, je trouve ça cohérent que la dernière image de la saison 1 soit sur lui. (...) Avec cette saison de 6 épisodes, on avait tellement de choses à raconter, on ne pouvait pas tout traiter, et pour le moment je trouve le personnage de la mère de Côme suffisamment riche et porteur d'intrigue rien que dans cette situation où son fils ne se réveille pas.
Et même si vous ne pouvez rien révéler de l'intrigue de la saison 2, est-ce que vous pouvez au moins dire si cette saison 2 est conçue comme la dernière, à l'image de la série catalane qui ne compte que deux saisons, ou si une saison 3, voire une saison 4, sont envisageables ?
Je pense qu'une saison 3 est envisageable, oui. À partir du moment où les personnages et leurs trajectoires génèrent assez de drama, et c'est le cas ici je pense, alors il peut encore y avoir plusieurs saisons.
La bande-annonce des Bracelets rouges, dont la première saison s'est achevée ce soir sur TF1 :