Angela 15 ans, Beverly Hills, Code Lisa, Génération Musique, Freaks & Geeks, Parker Lewis, Dawson... Les années 90 nous ont offert des dizaines et des dizaines de séries sur l'adolescence. De ces comédies ou de ces dramas sont nés des blockbusters, des séries multi rediffusées dont les téléspectateurs de l'époque ont tous vu au moins un épisode. Et il y a eu les autres. Des séries qui sont restées plus confidentielles pour tout un tas de raisons...
Lancée en septembre 1994 sur Fox aux Etats-Unis, La Vie à Cinq appartient à cette vague, celle des tendres et inoubliables teen dramas des années 90. Loin d'être un carton aux Etats-Unis, la série, qui frôlait l'annulation quasiment chaque saison, a tout de même duré six saisons. Elle a même décroché un Golden Globe en 1996, battant Urgences et New York Police Blues et, au cours des années, s'est construit une fanbase solide.
En France, La Vie à Cinq a bel et bien été diffusée sur RTL9 et en partie sur M6 avant de passer sur Téva. Certains l'ont suivie de manière chaotique à la télé et en gardent donc un goût d'inachevé. D'autres en gardent un souvenir ému sans vraiment savoir pourquoi quand les derniers n'ont jamais eu l'occasion de la découvrir ni à la télé ni en DVD (seulement deux saisons sont sorties chez nous).
Heureusement, l'intégralité de cette belle série familiale est désormais disponible sur Netflix pour tous ceux qui souhaiteraient enfin la terminer, ceux qui voudraient la revoir ou ceux qui voudraient tout simplement la découvrir ! Elle vous semblera peut-être un peu datée mais vous verrez qu'il s'en dégage un charme indéniable, un petit "je ne sais quoi", aussi réconfortant que touchant. Pas étonnant d'ailleurs qu'elle fasse l'objet d'un reboot...
Le drame et l'émotion avant "This is Us"
Bien avant que les Pearson ne nous fassent verser notre lot de larmes hebdomadaire dans This Is Us, les membres de la famille Sallinger s'en sont donnés à coeur joie. Il faut dire que le parti pris de base est déjà dramatique puisque dans La Vie à Cinq, il n'y a pas de parents. La série raconte en effet comment Charlie, l'aîné de 24 ans, se retrouve du jour au lendemain tuteur légal de ses frères et soeurs après la mort de leurs parents dans un accident de voiture.
Six mois après ce décès prématuré, on découvre donc comment la vie de Charlie, Bailey, 16 ans, Julia, 15 ans, Claudia, 12 ans et le petit Owen, âgé de seulement un an, s'est organisée. Ces derniers, encore des enfants à bien des égards, ne sont évidemment pas préparés à la vie d'adulte qu'ils doivent désormais gérer alors que ceux qui réglaient la comptabilité et les factures, ceux qui auraient dû être là pour leurs premiers chagrins d'amour et pour les accompagner devant l'autel ont disparu.
Comme dans This is Us, il y a quelque chose de tragique mais également de très beau à les voir grandir et évoluer. La série pose sans cesse la question du deuil et détaille des émotions très différentes, faites de rage, de désespoir, de regrets, de culpabilité et de tristesse mais aussi une vertigineuse prise de conscience. Celle de savoir que l'on a aucune certitude dans sa propre vie sauf celle de ne jamais revoir ses parents et, pire, de perdre un jour le souvenir de ce qu'ils ont été.
Face à cette tragédie, au coeur de la série, les Sallinger s'entraident, se soutiennent et, évidemment, se disputent. Chacun tente aussi de trouver sa place et son rôle dans cette nouvelle famille. Loin d'être parfaits, ils sont des personnages faillibles qui, dans des conditions difficiles, apprennent jour après jour et grandissent plus vite qu'ils n'auraient dû. Et nous, téléspectateurs prenons en pleine figure toutes les émotions que leur vie nous amènent, qu'elles soient terribles ou joyeuses, voire les deux en même temps.
Un duo sensible à l'écriture
Ecrite par Christopher Keyser et Amy Lippman, La Vie à Cinq est de ces séries qui savent toucher différentes sensibilités grâce à une écriture intelligente. Si chacun pourra en effet se reconnaitre en l'un des Sallinger, la série se permet aussi d'aborder différentes thématiques susceptibles de bouleverser différents publics.
La série ne s'est jamais contentée de s'adresser uniquement aux adolescents et aux jeunes adultes, n'hésitant pas à plonger dans des territoires plus adultes. Dépendance à la drogue, cancer, violences domestiques, infidélités, infertilité.... La Vie à Cinq offre des moments très douloureux et des arcs narratifs qui ne laissent pas indifférents. Bien évidemment, ces sujets se sont retrouvés, et se retrouvent toujours, dans de nombreux autres teen dramas. Mais, La Vie à Cinq a toujours eu une manière particulière et délicate de les raconter. Parfois, sans mot dire.
On se souvient ainsi d'un épisode où le petit Owen était admis à l'hôpital. Une intrigue forte et inquiétante pour toute la famille qui donnait lieu à un tendre et pudique moment lorsque Claudia, deuxième plus jeune membre du clan Sallinger, lui rendait visite et lui jouait un air de violon. Il s'agit d'ailleurs de l'un des moments préférés de la créatrice du show.
Une série révélatrice de talents
Cette dynamique familiale sur laquelle la série s'appuie n'aurait jamais pu fonctionner sans l'alchimie indéniable entre les acteurs principaux. Non seulement ces derniers sont très crédibles en frères et soeurs mais chacun réussit à amener une émotion particulière.
La vie à Cinq a d'ailleurs été un sacré vivier à talents, qu'il est plutôt amusant de redécouvrir aujourd'hui. C'est tout de même grâce à cette série qu'on a pu découvrir Matthew Fox qui, des années après, exploserait dans Lost. C'est aussi là que l'on a pu aimer Scott Wolf, vu ensuite dans Everwood ou encore le reboot de V. Mais, c'est aussi grâce à ce drama que deux stars des années 90 ont pu éclore : Neve Campbell et Jennifer Love Hewitt.
En 1996, Neve Campbell devient en effet le visage du renouveau du slasher movie, en décrochant le rôle culte de Sidney Prescott, la proie du fameux tueur au masque de Scream. C'est probablement en partie grâce à sa présence au casting que La Vie à Cinq a pu se poursuivre dans le temps, l'actrice attirant avec elle de nouveaux téléspectateurs vers la série.
De son côté, Jennifer Love Hewitt n'a que 16 lorsqu'elle devient la tendre Sarah, la petite amie de Bailey dans la série. Alors qu'elle ne devait rester que pour une petite dizaine d'épisodes, l'actrice est finalement rattrapée à chaque fois par les créateurs puis finit par rester presque jusqu'au bout. Non seulement elle obtiendra son propre spin-off en 1999, Sarah, que l'on a également pu voir plusieurs fois sur M6 (et qui a révélé Jennifer Garner), mais l'actrice deviendra aussi un sex-symbol. Love Hewitt deviendra la star de Souviens-toi l'été dernier dès 1997 et, plusieurs années après, reviendra au petit écran avec Ghost Whisperer.
Mais, la série nous a aussi fait découvrir Lacey Chabert qui n'a malheureusement pas percé autant que ses frères et soeurs de fiction (même si on a pu la revoir dans Lolita malgré moi). On a également pu y voir évoluer les talents que sont Scott Grimes, Paula Devicq, Michael Goorjian ou encore Jeremy London. Sans oublier quelques guest-stars que vous reconnaitrez peut-être, comme Kate Hudson, Adam Scott, Rhona Mitra, Brenda Strong, Peter Krause ou encore Brittany Murphy.
Un générique "tourbillon de la vie"
Vous l'aurez compris, on ne saurait que vous conseiller La vie à cinq pour tout un tas de raisons. Mais, l'une d'entre elles vaut tout l'or du monde ! Car si l'ambiance 90's ne vous rebute pas et si, au contraire, vous la recherchez, vous allez tomber fou d'amour de ce générique et de sa musique. En 1996, Entertainement Weekly écrivait d'ailleurs que la radio Z100 de New York recevait à l'époque 400 requêtes d'auditeurs par semaine pour écouter le titre ! Un clip avait alors été enregistré dans la foulée avec le groupe et les acteurs.
Et il faut bien avouer que "Closer to Free" des BoDeans est typiquement ce genre de musique qui donne envie de danser, de faire la fête et, surtout, de profiter de la vie. Quant aux images de la série qui l'accompagnent, elles montrent toute la folie des Sallinger, leur envie de vivre, le tourbillon fou dans lequel ils sont embarqués pour le pire, oui, mais aussi pour le meilleur.
"Everybody wants to live
How they wanna live
And everybody wants to love
Like they wanna love
And everybody wants to be
Closer to Free..."