AlloCiné : Après Les Garçons et Guillaume, à table, il ne s'agit plus d'un film autobiographique, mais vous vous intéressez à quelqu'un dont vous avez croisé la route...
Guillaume Gallienne, scénariste et réalisateur : Maryline est une histoire qui m'a été inspirée. Mais l'écriture fait que je n'ai pas cherché à faire un documentaire sur cette femme qui m'a inspiré cette histoire. Son histoire m'a bouleversée il y a 15 ans. C'est une femme modeste et humble, et elle n'a pas les mots pour se défendre. C'est quelque chose qui m'a toujours touché.
J'ai eu la chance qu'on m'ait donné l'aisance du verbe, presque trop d'ailleurs ! Mais il y a beaucoup de gens qui n'ont pas les mots pour se défendre. A chaque fois, je suis interpellé par la violence que, eux, peuvent ressentir, et la violence que ça peut provoquer chez les autres : le mystère, l'inconnu, l'incompréhension. Ça donne soit de la violence, soit de la bienveillance. Le film raconte ça aussi. Comment tout d'un coup on a de l'empathie pour quelqu'un, ça ne s'explique pas. C'est comme le désir. C'est assez inexplicable et je trouve ça beau ce mystère là.
Comment, tout d'un coup, on a de l'empathie pour quelqu'un, ça ne s'explique pas
Mais j'ai vraiment fait l'effort de ne pas expliquer les choses, juste de créer des contextes, un peu comme des tableaux qui se succèdent, avec ce lien qu'est Maryline. Pour cela, il me fallait une actrice comme Adeline d'Hermy. Je savais qu'elle pouvait être ce lien. Car le danger d'une chronique est justement de n'être qu'une succession d'étapes. Il faut viser le drame. Je savais qu'Adeline pouvait porter le drame, l'incarner tout le long du film et ne jamais lâcher le spectateur. Je le voyais déjà sur les planches à la Comédie française, elle s'inscrit toujours dans l'oeuvre. (…) Elle est assez impressionnante.
Guillaume Gallienne nous présente Maryline, son nouveau long métrage
Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Guillaume Gallienne ?
Adeline d'Hermy, comédienne : Avec Guillaume, on s'est rencontrés à la Comédie française, où nous sommes tous les deux comédiens. On a travaillé ensemble il y a peut être 6 ans sur une pièce d'Alain Françon, la trilogie de la villégiature. Mais nos personnages ne se parlaient pas beaucoup. Ensuite, on a travaillé plusieurs fois au cinéma. Guillaume avait réalisé un film pour la télé, dans lequel je jouais, Oblomov.
Guillaume Gallienne est comme un parrain
On avait déjà une connaissance l'un de l'autre et une reconnaissance très forte, ce qui a permis de commencer ce tournage de manière plus détendue parce qu'on ne se découvrait pas. Et puis, juste avant de tourner, on a travaillé ensemble sur les Damnés à Avignon, au Palais des papes. On s'est vraiment soudés à ce moment. C'est quelqu'un pour moi qui est comme un parrain.
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