Ce n'est pas seulement le fruit du hasard si deux films avec Christopher Abbott se retrouvent en compétition à Deauville cette année. D'ex-taulard mutique dans Katie Says Goodbye à tueur psychopathe dans Sweet Virginia, le comédien Christopher Abbott montre cette année l'étendue d'un talent déjà éclos et ne demandant qu'à s'exprimer. Invité du festival, Abbott a évoqué pour AlloCiné sa jeune et déjà intéressante carrière, ainsi que sa façon d'envisager le métier.
Il est de ces acteurs que l'on qualifie un peu trop facilement de caméléon, mais Christopher Abbott est l'un de ceux-là. Dans ses performances de James White, Katie Says Goodbye ou Whiskey Tango Foxtrot, Abbott ne se ressemble pas, et c'est volontaire : "tous les acteurs disent ça, mais j'aime le changement, et ne pas faire deux fois la même chose. (...) Ce que j'aime dans ce travail, c'est de se mettre dans la peau des autres. Dans quel autre métier pouvez-vous faire ça ?".
Et aucun doute, Abbott ne s'est pas trompé de métier. Après des débuts à la télévision dans un épisode de New York Section criminelle ou des films de fin d'études, il participe au film Martha Marcy May Marlene, qui vaut à son actrice principale (Elizabeth Olsen) et à son réalisateur d'être repérés en festivals. Puis Abbott participe régulièrement à la série Girls pour HBO, avant de la quitter car il ne savait plus "où allait son personnage", ce qui l'empêchait de jouer de la façon qu'il aurait souhaité.
Puis vient le succès critique avec James White de Josh Mond, dans lequel il joue un jeune homme paumé cherchant une raison pour ne pas détruire sa vie. Josh Mond reçoit à Deauville le prix Révélation, et Abbott reçoit plusieurs nominations en festivals pour sa prestation.
Sa méthode ? Rentrer dans le personnage uniquement pour les besoins du tournage, loin de la technique de l'Actor's Studio : "Je suis le personnage lorsque les caméras tournent, mais je ne suis pas comme ceux qui arpentent le plateau avec leur scénario, je ne suis pas fou !" (rires). Ce type de performance ne l'intéresse pas, car Abbott a d'autres motivations : "je fais ce métier car je m'intéresse aux comportements humains".
Récemment, Abbott incarnait un père de famille avec un bébé à protéger dans It Comes at Night, et a participé à la série The Sinner avec Jessica Biel... Mais ne lui dites pas qu'il est revenu à la télévision : "Antonio Campos est un très bon ami à moi, et il réalisait les trois premiers épisodes. C'est comme ça que j'ai rejoint l'aventure [The Sinner]. C'était une anthologie, et le tournage ressemblait à celui d'un long film, [La série] a été tournée comme ça et maintenant j'ai terminé et je n'y retournerais plus. Si je dois refaire de la télévision, je crois que c'est vers cela que j'irais. Je n'aime pas revenir [saison après saison]".
Modeste, lorsqu'on l'interroge sur ses projets terminés, Chris Abbott n'évoque pas les trois longs métrages qu'il vient de tourner. Il se contente d'en mentionner un, Piercing, second film de Nicolas Pesce, réalisateur de The Eyes of my Mother, en précisant "j'y tiens beaucoup". Le film raconte comment un homme quitte sa famille et son travail pour s'installer dans un hôtel, et appeler une prostituée innocente dans le but de l'assassiner. Encore un sujet tragique pour Abbott, qui semble s'en être fait -à de rares exceptions près- une spécialité.
Katie Says Goodbye sortira le 3 janvier prochain, et Sweet Virginia n'a pas encore de date de sortie en France.
Découvrez la bande-annonce de James White, sorti en 2015 :