A l'occasion du 43ème festival du cinéma américain de Deauville, AlloCiné a rencontré les membres du jury pour leur faire évoquer leurs souvenirs de spectateurs de cinéma outre-Atlantique. Aujourd'hui, c'est au tour d'Emmanuelle Devos.
AlloCiné : Quel est votre premier souvenir de film américain ?
Emmanuelle Devos : C'est un Buster Keaton que j'avais vu à la Cinémathèque avec ma maman. C'était Les Fiancées en folie. En anglais le titre doit être moins idiot [Seven Chances, NdlR]. Je pense que c'est ma première approche du cinéma américain. (...) Ma maman a bon goût.
Quel est votre film de chevet ?
Vous allez hurler. J'ai une passion pour Jaws, que je vois une à deux fois par an. Mais je le vois plus que mon deuxième film américain que j'adore : Raging Bull. Je crois que j'ai plus vu Les Dents de la mer que Raging Bull. Je ne pourrais pas vous dire pourquoi, je connais tous les plans par coeur, et en le revoyant j'éprouve toujours la même émotion. Un jour je comprendrais pourquoi Jaws.
Spielberg n'est pas le dernier des derniers non plus...
Voilà, mais c'est un mystère. Je saurais un jour pourquoi. C'est étrange mais le film ne me fait pas peur. J'aime les requins, je pense aussi que ce qui me plaît la construction du film, qui est brillantissime. J'ai d'autres films que j'apprécie évidemment, mais celui que je revois le plus, c'est Jaws. J'ai même une affiche dans ma cuisine ! (...)
Le film qui vous fait toujours rire, même après 1000 visions ?
C'est forcément un Woody Allen, et c'est forcément Annie Hall. Je me souviens avoir beaucoup ri devant Tombe les filles et tais-toi, mais je ne l'ai jamais revu. Mais Annie Hall marche toujours avec moi. J'ai découvert un peu sur le tard Judd Apatow, mais je ne les reverrais pas (...). Louis C.K. aussi me donne mal aux abdos mais c'est du stand-up...
Il a aussi une série.
Ah c'est vrai, mais je ne l'ai pas vue.
Et le film qui a traversé les époques ?
Plein. Citizen Kane, à cause de sa modernité incroyable. C'est tellement inventif que ça ne bouge pas.
Incontestable choix ! A quel réalisateur diriez-vous oui sans même savoir quel est le personnage ou le scénario ?
Iñárritu. Il est Mexicain, mais on va dire que ça compte.
Une actrice culte pour vous ?
Un acteur culte ?
Steve Carell. A l'aise dans la comédie (il me fait hurler de rire) et pas seulement.
Le film qui vous a fait le plus peur ?
Je ne vais jamais voir les films qui font peur comme les Freddy, les Saw... Je ne supporte pas. Jaws m'a fait peur la première fois, mais c'est fini depuis. Après, on peut avoir peur hors de l'horreur : avoir peur pour des personnages, par exemple. En parlant d'angoisse plus que de peur, je suis sortie de la salle d'un David Lynch. C'était Lost Highway ! Je n'ai pas été jusqu'au bout, trop oppressant : quel enfer !
Vous avez eu une expérience américaine avec "Frank & Lola"...
Oui, enfin j'ai deux mini-scènes, ce n'est pas non plus...
Oui, mais il est sorti au mois de mars en VOD et je voulais vous demander comment vous vous êtes retrouvés au générique de ce film ?
C'est Matthew Ross qui m'a écrit un mail extrêmement élogieux. Il avait vu beaucoup de mes films. Je lui ai expliqué que j'étais nulle en anglais, que je n'avais pas un bon accent, que je ne saurais même pas lui parler sur le plateau... Mais il était si adorable, et je pouvais tourner avec Michael Shannon donc ça s'est fait. J'ai travaillé mon pauvre texte avec une coach merveilleuse qui s'occupe de tous les acteurs français.
Le tournage a eu lieu à Paris, quelles différences avec le cinéma français avez-vous notées sur le plateau ?
Tout le monde était très concentré. Moi, ça me plaît plutôt. Et puis j'ai fait une suggestion pour un placement que je trouvais plus juste et ils étaient à l'écoute. C'était très bien. Ça restera un bon souvenir.
La bande-annonce de Frank & Lola, incursion d'Emmanuelle Devos dans le cinéma américain :