Comment avez-vous été emmenée à participer à Free Fire, ce film si fou et avec tant d’hommes aussi déjantés ?
Brie Larson : J’aime votre description du film ! Un film fou avec des hommes déjantés ! (rires) J’étais une fan des films du réalisateur Ben Wheatley. J’avais notamment adoré High Rise que j’ai trouvé très efficace. On s’est recontrés et j’ai tout de suite adhéré au projet de Free Fire. Ce qui est intéressant avec lui c’est que vous ne savez jamais à quel moment vous êtes filmé. Il tourne dans tous les sens et, comme vous le verrez, il y a beaucoup de mouvements. Donc on ne sait jamais si son objectif est braqué sur vous ou sur un autre acteur. De ne pas savoir exactement ce qui se passe vous force à être toujours en alerte et au meilleur de votre forme. Cela vous pousse à être vigilant. J’aime cette méthode atypique de travail car cela me permet de me laisser totalement guider et d’être prise en charge par le réalisateur. Je ne suis plus “in control” et en tant qu’actrice j’aime ce sentiment. En fait, je me suis totalement débarassé l’illusion de controle depuis que j’ai tourné en Inde ce film indépendant, Basmati Blues. Ben aime semer la panique et la confusion pendant son tournage. Et il y arrive et c’est ce qui donne une folle énergie au film.
Vous êtes la seule femme au milieu d'un casting masculin...
Ce fut une bonne surprise de me retrouver au milieu de tous ces hommes…mariés et avec des enfants ! J’étais très protégéé et toujours entourée et cajolée. Vraiment parfait pour moi. C’est comme si j’étais leur petit soeur à tous. J’étais entre de bonnes mains avec ces grands acteurs, que ce soit Cillian Murphy ou Sharlto Copley, ou encore Armie Hammer et Jack Reynor.
Y a-t-il eu un moment plus compliqué qu’un autre pendant le tournage ?
Pour moi, ce film n’est qu’une longue et grande séquence. Donc j’ai l’impression que tout le film fut un défi de chorégraphie et de textes jetés au visage des autres acteurs comme dans une partie de ping pong effréné. Mais bon, c’est vrai que de ramper des heures sur un sol jonché de petits cailloux fut vraiment une expérience pénible. Et évidemment, moi qui voulait me lancer à corps perdu dans ces scènes, je me suis vite retrouvée totalement couvert de bleus et blessures en tout genre. Je crois que la prochaine fois j’écouterai le chef des cascadeurs qui m’avait conseillé de me protéger avec des petites mousses au niveau des diverses articulations.
Avec ce film vous devenez une héroïne bad ass ?
Pour moi, le terme bad ass ne signifie pas forcément intensité physique mais plutôt intensité émotionnelle et force de caractère. Donc une voix affimée peut suffire à être bad ass. Ce n'est pas juste une question de coups de savates ou de poings. Donc oui, je suis bad ass dans ce sens et je veux toujours jouer des rôles de femmes à la forte personnalité et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Le film est produit en partie par Martin Scorsese ? L’avez-vous rencontré ? Ce film peut-il êre vu comme un hommage à Scorsese ?
Non, malheureusement je n’ai pas rencontré Scorsese pour ce film. En fait, avec le réalisateur, nous avons plus parlé des films de John Cassavetes comme Gloria dont mon personnage se rapproche ainsi que le ton du film. Comme Gloria, mon personnage de Justine est super forte mais elle ne cherche jamais à s’imposer comme un homme le ferait avec une approche super macho. Les gens sentent sa force intèrieure et la respectent pour cela. Mais nous avons voulu être frais avec ce film et trouver notre propre voix plutôt que de dupliquer le talent d’autres réalisateurs. Je pense qu’au final Free Fire est vraiment un film unique qui mérite d’être découvert.
Au-delà du film d'action, quels thèmes aborde Free Fire ?
Le film soulève le manque de justification dans la violence. Pourquoi devenons-nous violents ? Pourquoi sommes-nous dans un certain sens accro de la violence ? C’est pour moi le point que soulève le film, le problème de la violence dans notre société. D’autant que nous avons une longue histoire de la glorification de la violence au cinéma. Et ici, je pense qu’au contraire nous tentons de dé-glorifier la violence. Vraiment, je ne vois pas ce qu’il y a de cool à être violent, à posséder une arme. Une arme sert à tuer et non à aimer. Alors pourquoi pensons-nous que les armes sont des objets cool quand ce sont des objets de mort ?
La bande-annonce de Free Fire :