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    Cannes 2017 - Pour le réconfort : "un film d'action de réflexion" signé Vincent Macaigne
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Acteur clé de la nouvelle génération de réalisateurs français, Vincent Macaigne passe lui aussi derrière la caméra, avec le réussi "Pour le réconfort", dont il nous parle au moment de sa présentation cannoise à l'ACID.

    UFO Distribution

    Les cinéphiles le connaissent surtout pour son travail d'acteur, mais ce serait oublier que Vincent Macaigne a mis en scène un court métrage (Ce qu'il restera de nous) et de nombreuses pièces de théâtre. Grâce à Pour le réconfort, son premier long en tant que réalisateur, il sera bien difficile d'occulter cette facette de son talent, et il nous en parle à quelques heures de sa présentation à l'ACID, dans le cadre du 70ème Festival de Cannes, qui constitue l'aboutissement d'un travail de longue haleine.

    AlloCiné : Que signifie ce titre, "Pour le réconfort", qui n'est jamais cité dans le film ?

    Vincent Macaigne : Il m'a fallu beaucoup de temps pour le trouver et il y a eu de grosses discussions. Mon film n'est pas réconfortant, donc c'est un clin-d'œil et une façon de dire qu'il a été réconfortant pour moi de me mettre au travail de cette manière : tout est parti d'un geste et je ne savais pas que j'allais faire un long métrage, puis je l'ai monté pendant quatre ans. Au début je voulais juste filmer les acteurs de manière presque gratuite, avec très peu d'argent. Ce n'est pas un film de recherche pour autant, mais ça témoigne d'une envie de me remettre au travail et de ne pas m'arrêter pour chercher à avoir une place sociale.

    C'est aussi un clin-d'œil car la fin du film laisse plein de questions ouvertes. Je n'ai personnellement pas de réponse et j'ai voulu que le film soit comme ça, qu'il pose des questions politiques sans y répondre. J'ai bien sûr mon avis, ce n'est pas le problème, mais je voulais juste que ça se finisse comme ça, sur une sorte de rien, car c'est ce qui fait un peu peur. Du coup le titre va à l'encontre de cette fin.

    Ces questionnements politiques ont-ils évolués tout au long du montage, quitte à faire changer celui-ci ?

    Ça a évolué oui, mais j'ai l'impression que le propos est encore plus d'actualité aujourd'hui qu'il ne l'était à l'époque. Malheureusement je dirais, car j'aurais préféré que ça ne soit pas dans le mille à ce point-là (rires) J'ai beaucoup retravaillé le film et les couches politiques qui se sont succédées l'ont beaucoup fait bouger, car ça a évidemment influé.

    C'est aussi un film que j'ai redécouvert, et même refait, au montage. Car c'est aussi un film de montage : il y a une forme de dialectique, et c'est au montage que j'ai trouvé l'ordre des scènes, pour faire en sorte que les gens soient divisés en eux-mêmes, qu'ils puissent dire "J'aime ce personnage" puis "Je ne l'aime plus" puis "Je l'aime de nouveau"… Que ce ne soit pas un film moral ou plaisant mais dynamique dans la pensée. Comme un film d'action de réflexion. Je serais ravi que les gens y aillent et débattent ensuite. Pas pour dire s'ils ont aimé ou non le film, mais je trouve sain qu'ils ne puissent pas être d'accord avec lui quand d'autres le seraient. Car le film est pour moi dans une forme de questionnement. J'espère en tout cas.

    J'avais l'impression qu'il n'y avait plus que les super-héros pour dire des phrases au cinéma

    Vous disiez que le film était né d'un "geste" : est-ce que l'idée était de faire un long métrage, avec un scénario très écrit ? Ou l'ensemble est-il né d'un assemblement ?

    On s'est servis de "La Cerisaie" de Tchekhov comme excuse pour travailler, mais c'était un peu comme pour mon court Ce qu'il restera de nous : c'était déjà une sorte de geste d'essai. Comme je viens du théâtre, j'ai un avis sur l'argent public et beaucoup de mal à faire un long métrage avec de l'argent, et d'en demander pour le faire. C'est un peu étrange car je viens d'un milieu dans lequel on doit d'abord faire nos preuves avant d'avoir le droit de demander un peu d'argent.

    C'est l'inverse du cinéma, dans lequel il y a une aide au premier film, mais ça ne paraissait pas du tout naturel de demander de l'argent pour un art dont je n'ai pas la pleine maîtrise. Le début du travail consistait donc à se poser des questions pour trouver des réponses formelles et voir comment je pouvais créer quelque chose et filmer mes acteurs. J'avais aussi envie de travailler sur un film d'action dans les dialogues et, même en étant loin du niveau de Röhmer, il y a une communauté car chez lui aussi l'action se passe dans les dialogues.

    Il y a aussi un peu de Chabrol et je ne me compare pas à ces génies, mais je les rejoins dans cette envie de faire quelque chose qui soit en action. Beaucoup de films sociaux, aujourd'hui, se contentent de dépeindre et filmer des milieux de façon presque documentaire en insérant une histoire dedans. Moi j'avais envie que les personnages s'expriment, aient un point de vue et parlent, comme dans la vie, comme moi je vous parle. Et en ce moment, j'avais l'impression qu'il n'y avait plus que les super-héros pour dire des phrases au cinéma (rires)

    Pour le réconfort sortira dans nos salles le 1er novembre, et Vincent Macaigne sera d'ici-là à l'affiche de Des plans sur la comète et Le Sens de la fête, nouvelle comédie d'Eric Toledano et Olivier Nakache.

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