Philippe POUTOU
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Candidat... et spectateur
- Un film ou une série politique incontournable ?
- Le meilleur Président de cinéma ou de séries ?
Jean Gabin dans Le Président
- Le titre de film qui illustre le mieux cette campagne présidentielle ?
"L’Impasse" (Brian de Palma)
- Quel épisode de la vie politique française ferait un bon film ?
Le PenelopeGate
- Parmi les films, séries ou téléfilms traitant de la politique française, quelle a été selon vous la meilleure et la plus fidèle incarnation d'un(e) homme / femme politique ayant existé ?
- Quel acteur/actrice pour vous incarner à l’écran ?
George Clooney, what else ?
- La réplique de cinéma qui vous résume le mieux ?
"Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses." - Le Bon, la Brute et le Truand
- Vos 3 films cultes
- Birdy
La Culture, parent pauvre de la campagne 2017
- Quel est votre programme de politique culturelle ?
La culture n’est pas un simple "divertissement" : au même titre que l’emploi, le logement, la santé, elle est un besoin social. Elle est porteuse des espoirs, des contradictions, des conflits de la société : elle crée du lien, elle participe à l’émancipation individuelle et collective. La culture ne se réduit pas aux seules industries culturelles, si dominantes soient-elles. Vivante, elle naît d’abord de besoins individuels et collectifs de s’exprimer, dans les structures existantes - institutionnelles, associatives... - comme dans la rue. Elle n’est pas non plus réductible aux arts constitués : les nouveaux médias, le design, la mode ou encore la gastronomie mettent en jeu des processus créatifs qui participent de la culture et qui, à ce titre, devraient être accessibles à tous. La culture n’est pas un "supplément d’âme", ni un pseudo-
remède à la "fracture sociale". L’accès aux œuvres comme l’accès à la formation artistique et aux pratiques créatives sont des missions de service public. Ils doivent être garantis pour tous et toutes, sur les lieux de travail, dans les quartiers, villes et régions.
Or aujourd’hui, le droit à la culture n’est pas respecté. Parce que la production culturelle est régie par la loi du profit. Le résultat : une culture démagogique et uniforme est martelée au public, considéré comme un ensemble de consommateurs tout juste bons à payer, à des tarifs prohibitifs pour les catégories les moins favorisées.
Parce que les politiques publiques sont très en deçà des enjeux. Le budget du ministère de la Culture est en baisse ; l’État précarise les artistes, et se désengage en reportant le coût de la culture sur les collectivités locales. Si certaines ont les moyens et la volonté de soutenir les activités culturelles, pour d’autres, ce sont des cinémas, des théâtres, des musées, des bibliothèques, des festivals qui disparaissent. Le recours au mécénat privé et au sponsoring se développe. Parce que la culture reste enclavée. L’envie de culture, ça se cultive. Ce qui n’est pas le cas quand l’enseignement des arts à l’école, réduit à la portion congrue, reste très inégalitaire ; quand les publics les plus en difficulté se sentent exclus de certaines activités culturelles, même gratuites ou peu coûteuses.
C’est pourquoi nous défendons les propositions suivantes :
- Développer un véritable service public de la culture. Elle doit être rendue accessible à tous, ce qui suppose des moyens. Ceux-ci doivent être augmentés, aux plans national et local. Le budget du ministère de la Culture a rarement atteint 1% du budget de l’État, ce qui est dérisoire. Nous défendons une politique culturelle ambitieuse, pour retisser un maillage culturel sur l’ensemble du territoire.
- Défendre une autre conception de l’audiovisuel public. La publicité doit être bannie des chaînes et radios publiques, dont le financement doit être augmenté ; la redevance doit être progressive, et non rester un impôt injuste comme la TVA. Il faut refuser la course à l’Audimat, et inverser le cours actuel qui veut que la production de programmes soit confiée de plus en plus à des prestataires privés. Service public de la culture ne signifie pas culture d’État : la gestion des outils culturels doit être assurée par des collectifs associant professionnels et usagers. Ce qui ne doit pas empêcher, bien au contraire, une politique publique visant à accorder aux structures locales les dotations nécessaires, à rebours de la logique actuelle de la régionalisation.
- Garantir l’accès à la formation et à la pratique artistiques. À l’école, il faut revaloriser les enseignements artistiques, et surtout accorder une égalité de moyens entre les établissements. Plus généralement, chacun doit avoir accès à une pratique artistique, quels que soient ses revenus : les conservatoires, les musées, les médiathèques, les cours municipaux, les ateliers d’écriture doivent être gratuits. Il faut encourager les pratiques amateurs en multipliant les lieux d’accueil (salles de répétition, lieux d’exposition, etc.).
- Défendre et améliorer le statut des travailleurs de la culture. C’est-à-dire leur assurer une stabilité matérielle et une protection sociale. Réformer la Maison des Artistes et assurer aux plasticiens une véritable protection sociale, aucun revenu en-dessous du SMIC pour les artistes, interprètes et techniciens du spectacle.
- Défendre la diversité culturelle et la liberté d’expression. Les réseaux alternatifs de diffusion des œuvres (friches et squats artistiques, médias associatifs...) doivent être développés et soutenus, pour offrir une plus grande diversité et permettre à toutes les formes artistiques de trouver leur public. Contre la censure et l’ordre moral, la liberté d’expression des artistes doit être protégée, au même titre que l’expression de chacun.
Au-delà de ces propositions immédiates nous défendons l’idée que les arts et la culture doivent pleinement s’inscrire dans la vie sociale, et non être enfermés dans les espaces qui leur sont dédiés aujourd’hui. S’il ne nous appartient pas de dire ce que devrait être "la culture" dans la société pour laquelle nous nous battons - la création est et sera toujours enjeu de débats et de conflits -, nous savons au moins autour de quelles exigences elle doit s’articuler. La liberté de création : parce que l’expression artistique est aussi là pour déranger, pour subvertir. La liberté de diffusion : parce que la rémunération des professionnels doit être pensée hors de la privatisation de la culture. La liberté d’accès : parce que les barrières, financières et sociales, qui séparent le public des artistes doivent être abattues. L’échange et l’enrichissement mutuel : parce que le confinement de bien des cultures minoritaires ou extra-
occidentales, dont la découverte est réservée à quelques "amateurs éclairés", est un appauvrissement pour tous. Enfin, la pleine démocratie : parce que la politique culturelle doit d’abord se décider au plus près des populations, dans le débat entre publics et producteurs de culture.
- Quelle serait votre première mesure pour la Culture ?
De manière large, créer un véritable service public de la culture donc, avec un ministère dont le budget corresponde aux ambitions, avec trois axes prioritaires :
- Soutenir la jeune création (bourses, financements, lieux d'expositions publics et gratuits, etc.) et garantir une protection sociale et un revenu décent, ainsi qu’une retraite qui permette de vivre.
- Développer l'accès à tous les publics (gratuité des musées et collections nationales) et sortir l'art de son "ghetto" actuel (créer des passerelles entre tous les arts, avec les financements ad-hoc (cinéma pour la vidéoart et les installations, théâtre, musique, etc.)
- Développer l'enseignement et la pratique artistique.
Financement du cinéma français
- Un système à bout de souffle ?
Il faut sortir du contexte de concurrence accrue entre les financements publics, les investissements privés et les plateformes et services de vidéo en ligne qui poussent à financer de plus en plus la production de films dit "rentables" au détriment de la diversité cinématographique.
Bolloré, à la tête de Canal + qui investit chaque année 700 à 800 millions d’euros dans la production du cinéma français (c’est-à-dire la moitié de la production cinématographique française en 2015 par exemple) préfère financer des films aux profits exorbitants qu’il pourra diffuser, rediffuser et exporter facilement.
C’est la mort annoncée d’un cinéma d’auteur hors grands circuits classiques de financement, et par la même occasion, de la créativité, de la diversité des points de vue et des contenus.
- Faut-il repenser le régime des intermittents du spectacle ?
Il faut que les intermittents du spectacle puissent vivre de leur métier, qu’ils soient également correctement indemnisés lorsqu’ils sont au chômage. Leur statut doit être pérenne.
- Faut-il encadrer les salaires des comédiens français ?
Pas un salaire en dessous du smic avec un plafonnement en fonction du salaire moyen.
- Quelles obligations pour les nouveaux acteurs (Netflix, Amazon…) ?
Une fois encore ces nouveaux acteurs sont payants. Pour notre part, nous sommes favorables à la gratuité de la culture et donc à son accessibilité par toutes et tous.
- Faut-il encadrer les investissements étrangers dans l'exploitation française ?
Nous sommes internationalistes donc pour nous le principal problème c’est que se sont pour la plupart des investissements privés français comme étranger. Nous sommes favorables à un développement du financement public.
Accessibilité au Cinéma
- Le cinéma est-il trop cher en France ?
Oui, le cinéma comme d’autres activités culturelles, est devenu un luxe que la pluparts d’entre nous a du mal à se payer. Les tarifs ont quasiment doublé en l’espace de 10 ans notamment les tarifs réduits pour les étudiant(e)s et les moins de 26 ans. Il est nécessaire de développer les cinémas de proximité financés par un réel service public de la culture à hauteur des besoins afin de garder un prix stable et accessible des places de cinéma mais aussi un moindre coup en termes de déplacements.
- Faut-il faire évoluer la chronologie des médias ?
Les salles obscures restent, encore aujourd’hui, un lieu privilégié pour découvrir ou redécouvrir une œuvre cinématographique. Il faut rendre accessible à toutes et tous les salles de cinéma, en particulier financièrement (prix des places) mais aussi en terme de diversités des salles (implantation dans les quartiers notamment dans les quartiers populaires privés aujourd’hui de salles de cinéma). Dans un second temps la diffusion ou la rediffusion de films via les acteurs digitaux doit quant à elle respecter le cadre de création et les droits d’auteurs pour un accès aux œuvres en dehors de tout cadre de concurrence.
- Quelle accessibilité pour les personnes handicapées dans les salles de cinéma ?
Nous avons été choqués de voir que des personnes à mobilité réduite n’avaient pu aller voir Intouchables alors que tout le monde s’était réjoui d’un tel succès au vu du sujet. Pour nous, il faut évidemment développer l’accessibilité des personnes handicapées dans les salles de cinéma en particulier dans les salles anciennes ou arts et d’essais par des aides publiques.
- Quelles mesures pour améliorer les dispositifs d’éducation à l’image ?
Il faut un financement public des dispositifs d’éducation à l’image, organisé au niveau national avec une égalité entre les territoires. Aujourd’hui les dispositifs scolaires déjà existants (Lycéens et apprentis au cinéma, collège au cinéma et école et cinéma dépendent respectivement du conseil régional, départemental et des collectivités locales) ne sont pas automatiquement financés et organisés, laissant ainsi des régions ou des départements entiers dépourvus de ce type de dispositifs. Dans le cadre du développement de l’enseignement et des pratiques artistiques, l’éducation à l’image doit être valorisée.
Piratage & Streaming
- Quelles mesures pour adapter le code de la propriété intellectuelle au digital ?
Nous proposons une licence "égale", qui permettrait ainsi de répondre aux trois questions posées par les échanges culturels sur internet : la rémunération, l'accès à la culture pour toutes et tous, et la question du financement. Cette licence égale repose sur deux grands principes : maintien de l'exception pour copie privée des internautes et protection de la rémunération des artistes et techniciens. Elle serait financée majoritairement par l'instauration d'une taxation sur le chiffre d'affaire des grosses majors de l'entertainment, fabricants de matériel informatique, opérateurs de télécoms et fournisseurs d’accès qui, en gagnant des abonnés à coup de publicité sur le haut débit, sont les principaux bénéficiaires des échanges,légaux ou non, des œuvres, et ce afin de compenser les ayants droit pour le manque à gagner occasionné par le téléchargement dit illicite. Concernant la répartition de cette taxe entre les ayant-droits, précisons tout d'abord que nous sommes contre la patrimonialisation de ces mêmes droits : un salarié ne fait pas hériter ses descendants des bénéfices de sa production, et ce sont les futurs salariés de son secteur qui bénéficient de son apport. Même chose ici donc, où les droits post-mortem générés par un artiste serviraient à alimenter un fond d'aide aux artistes fragiles et/ou émergents.
- Faut-il amender Hadopi ?
Le NPA s'est toujours clairement prononcé contre HADOPI : injuste et inefficace, HADOPI est surtout totalement déconnecté de la réalité et non seulement n'assure en aucun cas des revenus justes aux artistes et techniciens (et pas seulement aux "gros et reconnus"...), mais surtout acte de fait, dans une période de crise dans laquelle les biens culturels sont souvent les premiers sacrifiés faute de pouvoir d'achat, la primauté du commerce sur les échanges culturels. C'est pourquoi il faut non seulement l'abroger, mais revenir au fond du problème.
- Faut-il amender la taxe sur la copie privée ?
Oui car c'est en France qu'elle est la plus chère pour les consommateurs. Et pour nous, c'est un "impôt" indirect donc plus défavorable aux plus pauvres.
La France et les Séries
- Soutenez-vous le(s) projet(s) de création d’un Festival International des Séries ?
Les séries aujourd'hui sont en très fortes développement et sont pour la plupart très bonnes. Les séries comme le cinéma mériteraient un festival international.