1. La scène d'introduction

"Choisir la vie, choisir un boulot..." C'est par ce monologue culte, sorte de philosophie détournée de la vie, totalement anticonformiste et qui agite un gigantesque "Carpe Diem" derrière lequel se cache en fait un saut vers la mort, que Trainspotting démarre. Mark Renton balance ce discours alors qu'il tente d'échapper à des poursuivants dans une course survitaminée à travers les rues d'Édimbourg.

Ses amis nous sont présentés dans la foulée lors d'une partie de foot survoltée qui s'achève quand Renton, assommé par le ballon, tombe à terre et, en parallèle, tombe aussi à la renverse sur le plancher... du squat où ils se défoncent jour après jour. Il finit son discours en nous disant, serein et lucide : "Choisir son avenir, sa vie. Mais pourquoi je ferai un truc pareil ? J'ai choisi de ne pas choisir la vie. On n'a pas besoin de raison quand on a l'héroïne." Voilà l'une des introductions les plus choc du cinéma.

Musique : L'hymne de Trainspotting, c'est-à-dire le "Lust for Life" d'Iggy Pop et David Bowie

A savoir : Cette scène d'introduction fait écho à la scène finale du film, toute aussi culte, dans laquelle Renton poursuit son monologue sur la vie. Mais, cette fois, les choses ont changé...

2. Les pires toilettes d'Ecosse

Pour se sevrer de l'héroïne, Renton a tout prévu. Il lui manque seulement un dernier shoot pour atténuer la douleur. Sauf que son dealer n'a que des suppositoires d'opium à lui proposer. Renton est alors pris d'un besoin irrépressible d'aller aux toilettes. Il atterrit dans un bar et rêve aux toilettes de rêve qui l'attendent. A la place, il trouve les pires WC d'Ecosse ! Il fait sa petite affaire... puis se dit que ce serait une bonne idée de récupérer les précieux suppos. Après l'horreur de la "fouille", la scène vire au psychédélique quand Renton finit par s'immerger dans la cuvette, à nager dans ses eaux profondes jusqu'à retrouver ses précieux cachets dans l'océan des toilettes !

Musique : Brian Eno et son "Deep Blue Day"

A savoir : Cette scène fait référence au roman de Thomas Pynchon, "L'Arc-en-ciel de la gravité" (1973).

3. La petite Dawn

C'est l'une des scènes les plus traumatisantes du cinéma. En plein milieu du film, un terrible cri se fait entendre dans l'appartement où le groupe vient se droguer. Allison, l'une de leur partenaire de shoot, hurle à la mort. En voix-off, Renton explique qu'il pense que leur amie a dû crier toute la journée, voire toute la semaine, mais qu'aucun d'eux ne l'a entendue, tellement ils étaient plongés dans la torpeur de leur dernier trip.

Comprenant qu'un drame vient d'avoir lieu, ils se précipitent dans la chambre de Dawn, le bébé d'Allison et Sick Boy, qu'on avait déjà vu gambader gaiement sur la moquette du squat, entre les shoots des uns et des autres. Là, le pire nous est balancé, frontalement, en plein visage. Dans son petit berceau, la petite, git, morte. Depuis un moment. Certainement victime de négligence, répétée, peut-être d'étouffement. On ne nous l'expliquera pas. Une image difficile à oublier et très difficile à revoir.

4. L'overdose... puis la détox

Quand Danny Boyle filme l'overdose de son héros, il le fait tout en métaphore. Renton tombe à la renverse sur le tapis rouge de l'appartement et, pour simuler l'expérience de la drogue, s'enfonce dedans, comme s'il coulait dans le plancher. Swanney, le traîne jusque dehors sans ménagement, le dépose dans un taxi jusqu'aux urgences. Toute la scène nous est également montrée du point de vue de Mark, dans un plan réduit puisqu'il est toujours enfoncé dans son tapis. De sa vue rétrécie, il voit les gens de l'hôpital venir le chercher, les punks dans la salle d'attente, les infirmières et les docteurs qui tentent de le réanimer. Jusqu'à ce qu'il émerge enfin et qu'il sorte du tapis.

Ses parents prennent ensuite les choses en main et tentent de le sevrer à la dure. Ils l'enferment dans sa chambre et Renton vit, à nouveau, une expérience hallucinante, qui s'appuie sur une mise en scène faite de plans inventifs pour simuler son enfer. Le lit qui recule, ses proches qui lui apparaissent notamment dans ses propres draps, le bébé qui rampe au plafond...

Musique : "Perfect Day", de Lou Reed (pour la scène de l'overdose)

5. Etre écossais, c'est une punition

Ce n'est pas la scène la plus spectaculaire du film ni la plus originale, mais cette scène reste marquante à bien des égards. Le groupe est emmené à la campagne, loin de ses trips habituels, par leur ami Tommy qui, lui, ne se drogue pas (encore). Si ce dernier veut qu'ils marchent, qu'ils prennent un bon bol d'air frais ensemble, ses copains ne comprennent pas trop sa démarche qui, selon eux, n'est "pas naturelle".

Tommy s'insurge en leur posant cette question, toute innocente pour lui : "Mais, vous n'êtes pas fiers d'être écossais ?". Renton en profite pour livrer sa diatribe "anti-Ecosse", le monologue le plus politique du film qui, au demeurant, transpire de désespoir quant aux opportunités offertes à la jeunesse. Un ras le bol et un dégoût qui a, aujourd'hui encore, une résonnance. A l'heure où l'indépendance de l'Ecosse a été refusée par référendum en 2014 et, évidemment, à l'heure du Brexit.

Si jusqu'à présent, Renton déclarait que leurs shoots à répétition étaient dus à une recherche de plaisir, il laisse entrevoir ce qu'on avait déjà bien compris, il n'y a évidemment pas que ça et la drogue est une échappatoire à sa dépression mais aussi à une société en crise. Après cette expérience "à la fraîche", le trio décide de reprendre la drogue, ce que Mark décrit comme une "décision sensée et démocratique" !

A savoir : Cette scène a été filmée à la montagne de Leum Uilleim.

=> Bien évidemment, Trainspotting compte nombre d'autres scènes cultes. A cet égard, on n'oublie pas la scène du "caca" de Spud, l'entretien qu'il bousille exprès, la scène de la bagarre dans le bar causée par Begbie ou encore la scène de la discothèque... Et vous quelle scène vous a le plus marqués ?