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    Blade-Runner : Douglas Trumbull nous raconte la création de la scène d'ouverture du film
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Classique absolu de la SF, Blade Runner comporte quelques uns des plans parmi les plus fantastiques et hypnotiques du 7e art, à commencer par son extraordinaire scène d'ouverture. Retour sur sa création, racontée par le maître Douglas Trumbull.

    Légende vivante des effets visuels, inventeur de génie, Douglas Trumbull réalisa notamment les effets visuels de chefs-d'oeuvre de la SF comme Rencontre du 3e type de Steven Spielberg, ceux de Star Trek ou encore ceux de Blade Runner. Trois films qui lui valurent à chaque fois une citation à l'Oscar. Sans oublier bien entendu son immense et fabuleux travail derrière les effets visuels de 2001, l'odyssée de l'espace. Une oeuvre entrée au Panthéon du 7e art, notamment grâce à ses effets visuels justement, révolutionnaires et jamais vus jusqu'alors.

    En novembre 2016, nous avions eu le privilège de longuement nous entretenir avec le maître, notamment à propos de la création de la fameuse séquence d'ouverture du film Blade Runner; ce que l'intéressé appelle d'ailleurs le Hades Landscape; Hades étant évidemment, pour ceux qui l'ignore, une référence au Dieu des Enfers.

    Une ouverture de film hypnotique, qui stupéfia même Philip K. Dick. Après avoir vu un petit montage de 20 min, ce dernier déclara, dans une interview donnée en janvier 1982, que "cette ouverture est l'une des choses les plus stupéfiantes que j'ai jamais vu au cinéma".

    Ci-dessous, l'ouverture en question...

    Voici ci-dessous la transcription :

    "Ridley Scott m’a approché, ainsi que mon partenaire Richard Yuricich, pour réaliser les effets spéciaux de Blade Runner. A ce moment-là, j’allais commencer à travailler sur mon prochain film, Brainstorm, avec mon nouveau procédé baptisé « Showscan » ; film que devait produire David Begelman, qui fut le PDG de Columbia Pictures et derrière la production de « Rencontre du 3e type ». On lui avait permis d’avoir un énorme succès avec ce film. En fait, le film a même sauvé la Columbia, qui était à deux doigts de faire faillite. David Begelman fut néanmoins mis dehors de la Columbia, et pris la tête de la MGM. C’est lui qui m’a finalement proposé de revenir à la réalisation.

    C’est à ce moment que Ridley est venu me trouver pour faire les effets visuels sur son film. Richard et moi lui avons dit : « on peut commencer à les faire, à condition de commencer dès que possible. Mais à mi-chemin de la production, nous devrons nous en aller pour faire notre film. Donc nous avons besoin d’une troisième personne pour nous aider dans cette tâche". David Dryer nous alors rejoint ; c’était un brillant artiste et superviseur d’effets visuels. On a ainsi pu faire avec lui notre transition lors de la production du film ; c’est lui qui a terminé la plupart des effets visuels sur lesquels nous avons travaillé.

    Douglas Trumbull

    Rencontre du 3e type et Blade Runner : même combat

    "Une des anecdotes intéressantes concernant la production de Blade Runner est que nous avions déjà le matériel que nous voulions car il avait servi sur le tournage de « Rencontre du 3e type ». Toutes les caméras que nous avions utilisées, les machines pour les effets de fumée, les Lens Flares, etc. Tout avait déjà été testé, donc c’était aussi un gain financier important. Il faut savoir que Blade Runner était un film à très petit budget, et nous avions peu de plans à effets visuels ; quelque chose de l’ordre de 85 plans, là où nous en avions fait plus de 350 pour «Rencontre du 3e type ».

    Si vous regardez attentivement à ce niveau-là dans les effets visuels, vous verrez de grandes similitudes entre les deux films. L’aspect lumineux dans l’ouverture du film rappelle le Mother Ship du film de Spielberg. Ce sont exactement les mêmes éclairages, la même technique employée, même lentille de caméra…Pareil pour les Spinners, y compris celui d’Harrison Ford, sur lesquels on a utilisé les mêmes effets de Lens Flare et d’animation.

    Le fait d’avoir développé précédemment ce que nous appelions la Smoke Room, traversée par tout un jeu de rayons de lumière, était aussi déterminant ; c’était exactement ce que recherchait Ridley Scott. Une ambiance très brumeuse, due à la pollution, où la lumière passe difficilement, avec des ombres, de la pluie. Il travaillait beaucoup cet aspect là avec son directeur de la photographie, Jordan Cronenweth, ainsi que son Production Designer, Lawrence G. Paull."

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