Depuis l'excellente saison 2 d'American Horror Story Asylum qui nous plongeait au coeur d'une clinique psychiatrique en pleine escalade de violence, la série anthologique de Ryan Murphy peinait à refaire l'unanimité. La saison 3, Coven, avait certainement autant de fans que de détracteurs; la saison 4, Freakshow, a provoqué un certain désintérêt; et la 5e, Hotel, un temps reboosté grâce à l'arrivée de Lady Gaga dans la distribution, n'a pas vraiment tenu ses promesses. Il fallait frapper un grand coup pour la 6e saison, relancer l'intérêt et renouveler la narration. L'équipe s'y est employée avec succès. Le moment est venu de faire le bilan de Roanoke, qui s'achève aux Etats-Unis, certainement la meilleure salve depuis longtemps !
La stratégie du mystère
Afin de faire monter la sauce à l'approche d'une nouvelle saison, la stratégie de la chaîne depuis la première était de gaver les téléspectateurs du monde entier de teasers, de bandes-annonces, d'affiches... Une méthode qui a fait ses preuves mais qui a aussi montré ses limites. Virage à 360°c pour la saison 6 : le thème central et le titre ont été gardés (miraculeusement) secrets jusqu'au soir même du lancement et les teasers dévoilés les semaines précédentes étaient tous de fausses pistes... tous sauf un ! Ils ont ainsi réussi à re-créer une véritable attente en maintenant le supense. Bien joué !
Du neuf avec du vieux
Nouveau thème, qui fait furieusement penser à celui de Murder House, mais nouvelle narration aussi, beaucoup plus complexe et méta de "la série dans la série", qui permettent à la saison 6 de se distinguer de toutes les précédentes : le cauchemar d'un couple s'installant dans une petite ville de l'Amérique profonde y est raconté à la façon d'un docu-fiction alternant témoignages des protagonistes et séquences reconstituées par des acteurs.
En reprenant le format des émissions de télé sur le paranormal qui cartonnent sur le câble américain depuis des années (mais qui ne percent pas en France), American Horror Story se permet d'égratigner gentiment Hollywood. Le personnage incarné par Kathy Bates, une actrice dans sa soixantaine qui n'avait jamais réussi à percer jusqu'à ce que le succès ne lui monte à la tête, en est la plus belle preuve; même si la diva un peu cheap que joue Sarah Paulson refléte certainement mieux une réalité.
L'épisode qui fait tout basculer
Ryan Murphy et ses scénaristes poussent le vice et le cynisme bien plus loin, sans doute inspirés par le succès d'estime de la série Unreal, parodiant le célèbre Bachelor en en dévoilant les coulisses peu reluisants, à partir de l'épisode 6 de la saison 6 où tout bascule.
L'histoire reprend un an après les événements des premiers épisodes, alors que le faux programme de télé a été un succès gigantesque et que la production a décidé de réunir à la fois les "vrais" protagonistes et leurs doubles acteurs dans la maison "hantée" pour un jeu de massacre façon slasher qui tient toutes ses promesses, et plus encore, puisque la fiction rejoint la réalité sous l'oeil des caméras planquées partout dans la maison. Quand la production est massacrée, ils sont livrés à eux-même et vivent un véritable enfer aux côtés de cannibales qui ont très faim.
Le retour à l'horreur pure
Alors que la saison 3 avait surtout viré à la comédie girlie, la saison 4 à l'auto-parodie et la saison 5 à un mélange foutraque là aussi auto-parodique, la saison 6 retourne habilement aux fondamentaux, ceux qui ont fait le succès des deux premières saisons, assurément les meilleures, à commencer par le genre même de l'horreur ! A nouveau, les scénaristes parviennent à nous faire sursauter, à nous effrayer, à nous dégoûter même... bref, à nous donner ce pour quoi on était venu à l'origine !
L'aspect "Amérique dans tous ses états" avait quelque peu été abandonné en saison 5, mais la saison 6 y revient en s'appuyant sur la légende de Roanoke, celle d'une colonie du 16e siècle venant d'Angleterre disparue dans son intégralité dans de mystérieuses circonstances, sans que l'on ne retrouve jamais leur trace. Un mythe américain parfait pour la série qui sert surtout de prétexte.
Une distribution parfaite
Cerise sur la mare de sang : l'addition au générique de la comédienne Adina Porter, vue auparavant dans True Blood ou The 100, qui excelle dans un rôle particulièrement intéressant et complexe, aussi touchant que flippant. Elle coiffe au poteau ses acolytes, en particulier une Lady Gaga très peu présente et une Sarah Paulson qui a connu de bien meilleures rôles dans les saisons précédentes ou dans American Crime Story, mais qui s'en sort néanmoins toujours très bien.
10 épisodes seulement !
Les saisons précédentes avaient, entre autres particularités, le malheur de s'étirer en longueur, souvent inutilement, avec leurs 13 épisodes. Ryan Murphy a décidé de bouleverser les règles en ne proposant que 10 épisodes sur cette salve, ce qui permet d'éviter un trop grand éparpillement. Et on aurait même tendance à dire que 8 épisodes auraient pu suffire !
Le teaser du final, qui sera marqué par le retour d'une figure importante de la série !