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    "Captain Fantastic dresse un parallèle évident avec les super-héros" selon le réalisateur Matt Ross
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Passé par Sundance, Cannes et Deauville, "Captain Fantastic" fait sensation dans les différents pays du monde où il a été présenté. Et c'est sur les planches que Matt Ross nous a parlé de son deuxième film en tant que réalisateur.

    On l'a vu, en tant qu'acteur, dans Volte/Face, American Psycho ou American Horror Story. Mais c'est peut-être derrière la caméra que Matt Ross va se faire un nom, grâce à sa deuxième réalisation, le très beau Captain Fantastic. Un long métrage qu'il a évoqué à notre micro, lors du 42ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, d'où il est ensuite reparti avec deux trophées : le Prix du Public et le Prix du Jury.

    AlloCiné : Que signifie ce titre, "Captain Fantastic", qui n'est cité explicitement dans le film ?

    Matt Ross : Je devrais plutôt vous retourner la question et vous demander ce qu'il signifie selon vous. l pourrait d'ailleurs y avoir un point d'interrogation après car je pense qu'il pose une question : [le personnage de Viggo Mortensen] est-il fantastique ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ? Je dresse également un parallèle évident et intentionnel avec les super-héros, et questionne la parentalité, en me demandant si c'est une activité héroïque et si les parents peuvent être des héros d'une façon ou d'une autre.

    ==> Être parent, une activité héroïque ? La réponse de Viggo Mortensen

    Savez-vous si "Captain Fantastic" a modifié la vision que certains parents avaient de leur rôle ?

    Oui, il y en a eu beaucoup. Des jeunes personnes m'ont dit qu'elles voulaient appeler leur père ou leur mère pour leur dire qu'elles les aimaient, ce que j'ai apprécié. Et ceux qui sont déjà parents me disaient qu'ils ne savaient pas s'il faisaient ce qu'il fallait, que le film les avaient fait réfléchir quant à leur parentalité et ce qu'ils font ou ne font pas.

    Quand et comment est née l'idée de ce film ?

    J'ai dû l'écrire en 2011-2012, pendant que je montais mon premier film [28 Hotel Rooms, inédit en France, ndlr]. Mais c'est le fait d'être père, de questionner ce que je faisais et de demander si je faisais bien les choses et si j'étais un bon parent, et même ce que cela signifiait, qui l'a motivé. Il présente une famille qui pratique une forme extrême de parentalité consciente.

    C'est quelque chose que j'essaye de faire : on doit sans cesse se re-calibrer, essayer une chose si une autre ne fonctionne pas. C'est comme dans une relation : il arrive que vous vous disputiez, donc vous devez vous demander pourquoi afin de rectifier le tir. Être parent, c'est la même chose, et ça me restait dans la tête. Je pense que le films posent des questions et qu'ils fournissent des informations, mais pas nécessairement de réponses.

    Nous nous définissons grâce aux gens avec lesquels nous travaillons

    C'est pour cette raison que vous développez plusieurs points de vue dans le film : celui des enfants, puis celui des beaux-parents de Ben. Et ça rend ce dernier ambigu.

    Oui, c'est ce que je recherchais. Je ne veux pas faire un film dans lequel je dis "Voici le méchant, et voici le gentil", car la vie est bien plus compliquée que cela. Tout comme le drame. J'aime voir des films dans lesquels on aime quelqu'un, puis on le déteste, et grâce auxquels on peut parfois être désorientés. Que je ne sache pas quoi penser d'un personnage, mais que le film m'y fasse penser. J'aime ça car ça permet de lire un film comme s'il s'agissait d'un livre.

    Est-ce donc pour contrebalancer la noirceur de certains thèmes que vous avez choisi un aspect visuel aussi coloré pour le film ?

    Oui, absolument.

    Avez-vous choisi Viggo Mortensen en raison de l'image sympathique qu'il véhicule, afin d'appuyer cette ambiguïté ?

    L'image que vous avez de lui est peut-être différente de la mienne, donc non. Je l'ai choisi car c'est un acteur très intègre et doté d'une grande intelligence et de beaucoup de gravité. Je voulais collaborer avec un artiste aussi profond que Viggo. Nous nous définissons grâce aux gens avec lesquels nous choisissons de travailler, et je voulais le faire avec un grand artiste.

    Dans les coulisses de "Captain Fantastic" :

    A quel point le fait d'être vous-même acteur aide lorsqu'il s'agit d'en diriger ?

    Le simple fait d'aimer les acteurs et leur art, et de comprendre leur travail me permet de dialoguer facilement avec eux lorsque quelque chose ne va pas. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'être acteur pour posséder cela, mais vous seriez surpris de découvrir combien de réalisateurs n'aiment ou ne respectent pas les acteurs. Ça n'est pas mon cas. Il me faut discuter avec chacun des membres de l'équipe, qu'il s'agisse des caméramen, des costumiers ou des décorateurs, mais les acteurs et moi avons un langage commun.

    Vous avez travaillé avec beaucoup de grands réalisateurs. Lequel a été votre modèle au moment de passer derrière la caméra ?

    Je n'en ai pas vraiment. Quand je suis engagé en tant qu'acteur, le travail est très difficile et je dois faire attention à ne pas tout faire rater. Il y a aussi des réalisateurs que j'admire mais avec lesquels je n'ai jamais travaillé, et j'aime beaucoup Terry Gilliam et Martin Scorsese [qui l'ont respectivement dirigé dans L'Armée des douze singes et Aviator, ndlr], mais je n'arrive pas à m'identifier en disant que j'ai pris telle chose à Terry, et telle autre à Martin. J'ai davantage observé des façons de se comporter, que j'ai pu reprendre par la suite. Mais je ne copie pas quelqu'un de façon consciente.

    Qu'est-ce qui vous a orienté vers un chef opérateur français, Stéphane Fontaine en l'occurrence ?

    C'est un grand artiste, dont j'ai vu la quasi-intégralité des travaux. Tout comme je cherchais à travailler avec Viggo, je voulais collaborer avec des artistes. Stéphane a beaucoup travaillé avec Jacques Audiard et c'est un grand chef opérateur. Je voulais qu'il apporte son intelligence et son art au film.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 3 septembre 2016

    Le succès mondial de "Captain Fantastic" vu par Viggo Mortensen :

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    Les acteurs déchaînés pendant le photocall cannois :

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