Le traitement des Indiens d'Amérique par Marlon Brando
L'histoire est célèbre : en 1973, Marlon Brando reçoit l'Oscar du Meilleur acteur (le deuxième de sa carrière après Sur les Quais) pour sa prestation inoubliable de Don Corleone dans Le Parrain. Absent de la cérémonie, il envoie sur scène une jeune actrice apache, chargée de refuser à sa place la récompense. Un acte fort pour l'acteur qui entend ainsi lutter contre l'image négative des Indiens d'Amérique dans les films hollywoodiens.
Morceaux choisis
"Bonsoir. Mon nom est Sacheen Littlefeather. Je suis apache et je suis la présidente du National Native American Affirmative Image Committee. Je représente Marlon Brando à cette soirée (...) C'est à regret qu'il ne peut accepter cette très généreuse récompense, en raison de la manière dont sont traités les Indiens d'Amérique aujourd'hui par l'industrie cinématographique à la télévision et dans les rediffusions de films, et à cause des récents événements de Wounded Knee."
Plus tard, la demoiselle très émue expliquera qu'elle n'avait pu s'exprimer non par manque de temps mais parce qu'avant de monter sur scène, elle avait dû faire face à la colère de personnes voulant l'empêcher de parler et la menaçant de l'arrêter si elle prenait plus de soixante secondes pour s'exprimer.
Ci-dessous un extrait de la lettre de Marlon Brando, que vous pouvez retrouver en intégralité ici :
"Peut-être qu'à ce moment que vous êtes en train de vous dire, que diable cette histoire à avoir avec la cérémonie des Oscars ? Pourquoi cette femme, ici, debout, a ruiné notre soirée, a envahi notre vie avec des choses qui ne nous concernent pas, dont nous nous en soucions pas? Perdre notre temps et de l'argent et s'immiscer dans nos maisons.
Je pense que la réponse à ces questions non posées, est que la communauté du cinéma a été aussi responsable de la dégradation de l'Amérindien et se moque de ses qualités, le décrivant comme sauvage, hostile et diabolique. Il est déjà assez difficile pour des enfants de grandir dans ce monde. Lorsque les enfants des Indiens regardent la télévision, et ils regardent des films, et quand ils voient leur race, comment elle est représentée dans les films, leurs esprits sont blessés, de ces manières que nous ne pourrons jamais connaître. (...) Je vous remercie pour votre gentillesse et votre courtoisie pour Miss Littlefeather. Merci et bonne nuit."