Les corps figés d'"Hiroshima mon amour"
L'une des plus belles séquences d'ouverture du cinéma français, toute de douceur et de douleur mêlées. Dans Hiroshima mon amour, l'étreinte est fondatrice qui se joue dès les premières secondes entre un homme et une femme rescapés de l'Horreur. A quoi ressemble les amoureux d'Hiroshima ? A des fragments (car filmés en plans serrés) d'êtres figés, semblant émerger d'un bain de cendres avant de fondre, en sueur.
En enchaînant ainsi ses plans perturbants, sur les accords étrangement inoubliables de Georges Delerue et Giovanni Fusco, Alain Resnais souligne à quel point l'amour a été et sera désormais toujours teinté de la mort et du poids du souvenir, la fusion des corps abîmés rappelant la fusion (puis la fission)... nucléaire.
Un fondu aussi poétique qu'édifiant à admirer ici :