Le choc d'"Un Chien Andalou"
Ils n'auraient pas aimé qu'on analyse ne serait-ce qu'un des plans fous de leur Chien Andalou, eux qui se sont "amusés" pour ce film au jeu du "cadavre exquis", un exercice "surréaliste" consistant à enchaîner toutes images choquantes nées de leurs inconscients respectifs, sans désir de rationnalisation. Et pourtant, difficile de résister au commentaire de ce court métrage, fruit de l'imagination débridée d'un Salvador Dali et d'un Luis Buñuel inspirés.
Le plus saisissant et inoubliable de ce chef d'oeuvre ? Les plans accolant l'image d'une lame de rasoir fendant un oeil et d'un nuage effilé coupant la lune. Un raccord rêvé par Luis Buñuel lui-même, emblématique de la violence et de la beauté de sa première oeuvre. Une oeuvre dans laquelle l'auteur se met en scène en acteur du sacrilège, en montreur de l'immontrable, en créateur d'une réalité poétique qui déchire les voiles de la perception et secoue le spectateur, invité à "voir d'un autre oeil que de coutume". Rien que ça.
Violence et poésie chez Luis Bunuel :