Le raccord sur la serviette dans "Julieta"
Présenté à Cannes et dans les salles en mai 2016, le dernier opus de Pedro Almodovar est reparti bredouille du Festival non sans avoir marqué les esprits et les coeurs. Portrait d'une femme brisée par la perte des êtres qui lui étaient le plus cher, Julieta plonge dans les affres de la relation féminine la plus passionnelle qui soit : celle d'une mère avec sa fille et par extension d'une femme avec elle-même et... le temps qui passe.
Preuve s'il en est de l'alchimie parfaite existant dans le film entre le fond (plein de noirceur) et la forme (pleine de sens), le raccord de la serviette est saisissant. En un plan, l'enfant de l'héroïne essuie les cheveux mouillés et le visage défait de sa mère dépressive (Adriana Ugarte) puis soulève la serviette, découvrant des traits soudainement vieillis (ceux d'Emma Suarez) par le mal être et le temps. Une manière efficace et diablement élégante de souligner les dégâts de la dépression et la soudaineté du vieillissement... qui attaquent sans prévenir.
La poésie d'Almodovar, c'est ici :