Devine qui vient dîner... de Stanley Kramer (1967)
En 1967, Stanley Kramer et William Rose décident d'écrire une histoire pour démystifier les stéréotypes ethniques qui régissent alors les rapports sociaux entre les communautés. L'histoire de Joey, jeune fille de bonne famille qui décide de présenter son fiancé à ses parents sont fiancé lors d'un dîner. Bien qu'affirmant des convitions très libérales et ayant élevé leur enfant dans le refus du racisme, c'est avec stupéfaction qu'ils découvrent que le futur mari de leur fille est noir...
Le rôle du jeune médecin campé par Sidney Poitier a été délibérément idéalisé afin que la seule raison que puissent objecter les parents de Joey pour s'opposer au mariage soit sa couleur de peau : le personnage est surdiplômé, occupe un poste plus qu'honorable à vocation humanitaire, refuse le sexe avant le mariage... Le mariage mixte est clairement le sujet du film et le couple formé par Sidney Poitier et Katharine Houghton est devenu l'un des couples métissés les plus emblématiques de l'histoire du cinéma hollywoodien.
Pendant la production du film, seize Etats du Sud interdisent encore les mariages mixtes. Ce n'est que le 12 juin que cette loi fut reconnue comme anticonstitutionnelle par la Cour Suprême, suite à l'affaire du couple Loving contre l'Etat de Virginie. Stanley Kramer a conservé la réplique du père de John, joué par Roy Glenn : "Dans seize ou dix-sept Etats, vous serez hors-la-loi. Vous serez les criminels." Au moment de la sortie du film en décembre, le Ku Klux Klan organisa des manifestations devant les salles qui programmaient le film. Devine qui vient dîner... était encore à l'affiche lorsque Marin Luther King a été assassiné.
Au cours des premières rencontres avec Spencer Tracy et Katharine Hepburn, Sidney Poitier a fait les frais du racisme ambiant de l'époque, ses partenaires de jeu se montrant méfiants et distants. Ce n'est qu'en raison de sa proximité avec Stanley Kramer et de l'intimité de ce dernier avec les deux comédiens qu'il réussit tout de même rapidement à gagner leur respect.