Cet après-midi, l'équipe de The Last Face, le nouveau long métrage de Sean Penn, avec Charlize Theron, Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos et Jean Reno, rencontrait la presse française et internationale dans un grand hôtel cannois. Inévitablement le sujet de l'accueil glacial du film à Cannes hier a été abordé. Sujet sur lequel Sean Penn a accepté de donner son sentiment :
La seule chose qui importe, c’est que le film soit vu. Je sais qu’on a pris une raclée hier. J’en déduis que le public américain ne verra jamais ce film. C’est ce que j’en déduis au moment où je vous parle. Nous n’avons pas de distributeur américain à l’horizon. J’ai fait de mon mieux et je suis fier de mon film. C’est un film qui parle ma langue. Si cette langue n’est plus parlée par les autres, je ne peux pas leur demander de la pratiquer. Voilà où on en est.
Est ce que ça vous blesse ou vous pouvez en faire abstraction ?
Je ne lis pas, et on ne me dit pas ce qui se dit. Mais je sais, je peux le voir sur les visages. Je suis du genre à être très excité si c’est très bien reçu. Mais je suis du genre à ne pas regarder dans le rétroviseur si ce n’est pas le cas. Je me suis souvent pris des coups, mais j’ai aussi eu de belles récompenses. J’ai eu les deux. Mais je sais, si je suis fier de quelque chose, comment être réjoui avec le public s’il l’est aussi.
Si le public ne veut pas être de la fête, j’ai toujours les petits fours que j’ai commandé, et je peux m’asseoir pour les manger seul et fumer une cigarette.
Non, mais je vais bien. Je suis inquiet pour ceux qui ont investi et soutenu le projet. Mais ça ne les aidera pas si je fais le deuil.
Que recherchez vous en tant que réalisateur ?
Je dois pouvoir me dire que je resterai amoureux du projet pendant plusieurs années. Vous réveiller le matin et pouvoir vous dire ce qui vous intéresse dans votre vie, ce qui vous importe, ce qui vous touche, ce qui vous interroge. Et quand vous tombez sur une œuvre qui vous parle à ce moment de votre vie, tout se rejoint.
Est-ce la même chose en tant qu’acteur ?
Idéalement, oui. Mais c’est assez rare en fait. Vous êtes sujets à ce que vous recevez. Quand vous choisissez un projet en tant que réalisateur, vous choisissez quelque chose qui correspond à vos préoccupations du moment.
Jean Reno a dit de vous hier que vous étiez un ange pour les acteurs, mais que vous pouviez être un démon pour vous même. C’est à dire ?
Je dirai que j’aime réaliser des films parce que j’ai des collaborateurs enthousiastes 24 heures par jour avec moi, d’être avec des gens passionnés et ainsi continuer à créer pendant le tournage. Il y a des acteurs qui ne sont pas comme ça, qui pointent en arrivant et en partant. J’aime quand il y a une continuité dans le travail. Et quand j’ai ça, je ne pense pas qu’il y ait de démons, ce sont des amis avec qui on travaille bien ensemble. Si je dois travailler seul, je le fais seul, mais c’est moins agréable.
Sean Penn déclare son amour au cinéma français
Propos recueillis, en table-ronde, le 21 mai 2016 à Cannes