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    Section Zero : un Braquo à la sauce Mad Max pour la nouvelle série de Canal+
    Caroline Langlois
    Caroline Langlois
    -Responsable vidéos
    Caroline Langlois a eu un parcours classique. Les Visiteurs le dimanche soir en famille, la cassette de Titanic en boucle le week-end. Jarmusch et Hitchcock en sortie scolaire. La première galoche devant Spider-Man 2. Et puis les nuits blanches avec Lost, les répliques culte de Friends...

    "C’est la pire histoire que j’aie écrite" : un brin provocateur, Olivier Marchal donne le ton en présentant sa nouvelle série, un polar d'anticipation développé pour Canal+. Violente et politique, Section Zéro prend place dans un monde à la Mad Max.

    De quoi ça parle ?

    En 2024, dans une Europe laissée à l’abandon par les états, les multinationales ont pris les rênes de l’économie. Ambiance post-apocalyptique pour une population désœuvrée qui revient à son état le plus basique et laisse place à un instinct de survie caractérisé par une violence quotidienne. Alors que Prométhée, faction plus ou moins aux commandes, a renoncé aux plus basses classes, d’anciens flics résistent encore et tentent tant bien que mal de maintenir une forme d’ordre. Mené par Sirius, le groupe va rejoindre la Section Zéro, mise en place par d’anciens policiers, pour faire justice à grande échelle.

    Simon Varsano / EUROPACORP / CANAL+

    Anticipation, pas SF

    Les premiers mots de la série placent immédiatement l’histoire dans son contexte. Le futur ici concerné est proche – 2024 – donc d’autant plus flippant lorsque l’on découvre les images d’une ville laissée à l’abandon et des habitants surarmés avec son lot de drogues, de prostituées et de violence impitoyable. Un environnement qui n’est pas sans rappeler celui, perdu, des Fils de l’Homme. Olivier Marchal définit sa série par une "vision politique pessimiste, un cri d'alerte", elle "préfigure ce qu'il se passe aujourd'hui". Si la politique n'est pas au centre de l'histoire, c'est qu'il a voulu en faire du grand public. Les propos politiques ne sont qu'en sous-texte. L'anticipation est ici un prétexte pour raconter quelque chose de plus profond. On y retrouve des éléments familiers mais projetés dans un avenir pas terrible. Le genre de l’anticipation, maîtrisé principalement par les cinéastes américains, a provoqué chez Marchal et les producteurs une forme d’angoisse jusqu'au tournage du premier plan, une peur du ridicule mais également une peur de choquer une audience affectée par une actualité trop pesante. Outre son regard pessismiste sur le monde à venir, c'est surtout par plaisir et challenge artistique que Marchal a placé son intrigue dans un futur proche.

    Mad Max, inspiration ultime

    La production a avancé énormément de moyens pour rendre réaliste la vision de Marchal. Le tournage de 6 mois s'est déroulé principalement en décor naturel en Bulgarie, ainsi que dans les plus grands studios européens. L'univers n'est pas sans rappeler, et l'auteur ne s'en cache pas, l'univers de Mad Max. Tout, des voitures aux acteurs, a été pensé avec cette référence en tête. Marchal qualifie sa série de "western urbain", de "requiem onirique". L'idée était de retranscrire le côté anxiogène de ce monde qui atteint presque le statut de tragédie grecque. Le propos est manichéen ; les héros sont en quête de justice, le bien combat le mal. Quant au choix de son protagoniste, Marchal voulait un acteur beau et physique, un "Russel Crowe à la française"…  à la suédoise plutôt. C'est Ola Rapace qui incarne l’acharné Sirius. Venu tout droit du nord de l'Europe, il a notamment fait ses armes dans Wallander, enquêtes criminelles. Avec son allure de flic torturé, il se fond tout naturellement dans l'ambiance très cinématographique de la série. L’univers de Mad Max se retrouve également dans la maîtrise du son et des silences que Marchal a "travaillés au même niveau que l’image".

    EUROPACORP / CANAL+

    Violence, patte de Marchal

    Bien évidemment, pas de Marchal sans violence. L'ambiance est noire, rugueuse et poussiéreuse. C'est la loi des armes qui prime. "Les personnages sont violents car ils vivent au cœur de la violence" : c'est ainsi que Catherine Marchal, Elie Klein dans la série, justifie les actes des personnages. D'où ces flics qui usent de tous les moyens, même les plus malpropres, pour établir la justice. Olivier Marchal ne cesse de le répéter : ses personnages "se lèvent le matin sans savoir s'ils seront vivants le soir". Laurent Malet, qui interprète Papa Charly, le dit : "le cinéma permet à la violence de devenir acceptable". Marchal revient sur celle que la population subit aujourd'hui au quotidien. Nul besoin d'être dans Section Zéro pour ne pas voir qu'elle est présente dans le monde et la réalité actuelle. Une citation déviée de Gandhi vient ponctuer le propos de l'auteur : "la violence est nécessaire, plus que le déshonneur". En plus de ses personnages et de son abattage d'armes et de sang, la violence se ressent dans le décor. Hors des sentiers, l'anticipation choisie par Olivier Marchal est régressive. Là où le genre met souvent en avant les prouesses technologiques et la robotisation de l'humanité, il a décidé de revenir vers un univers plus préhistorique, moyenâgeux.

    L’humanité avant tout

    Dans ce monde aux allures post-apocalyptiques où sévissent les hommes les plus impitoyables, les héros n’ont de cesse de se battre, que ce soit pour eux-mêmes ou pour les autres. Les personnages sont des bad boys aux défauts aussi imposants que leurs qualités, ce qui ne cesse d’alimenter notre empathie pour eux et nous fait tolérer leur violence. Cet univers sombre n’est finalement qu’un prétexte pour révéler la nature des hommes. La déshumanisation de certains personnages, ceux appartenant au groupe Prométhée, trouve son équilibre avec l’altruisme des autres - le groupe mené par Sirius. Si celui-ci est un "flic sans espoir" – c’est ainsi que son interprète le définit – il ne reste pas moins celui qui sera sollicité par Franck Varnove, alias Tcheky Karyo, pour rejoindre la Section Zero, destinée à remettre de l’ordre dans la société et à lutter pour "un monde meilleur". Ses acolytes ne sont par ailleurs pas moins déshumanisés. Marchal attribue au personnage de Francis Renaud une "noirceur poétique" et associe Papa Charly, le personnage de Laurent Malet, à sa propre histoire, celle d’un vieux flic nostalgique. Il brille notamment lors d’une séquence mémorable bercée par Sacha Distel. L'humanité émane également des personnages féminins que l'auteur définit comme étant "la lumière". Elles sont fortes et souffrent au même titre que les hommes. Finalement, tous représentent une résistance face, justement, à la déshumanisation de la société et c'est, avant tout, l'idée qu'Olivier Marchal véhicule avec Section Zéro.

    Rejoignez la Section Zéro dès ce lundi 4 avril à 21h sur Canal+.

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