Allociné : Qu’est-ce qui vous a attiré dans le projet ?
Anna Mouglalis : Tout un tas de choses : l’écriture du scénario, le metteur en scène, les partenaires de jeu… Je ne connais pas très bien l’univers séries mais je me suis dit qu’avec les prochaines élections de 2017 en vue, ce serait intéressant d’explorer les coulisses de la politique. Grâce à cette série, on se rend compte que derrière toutes ces manigances, il s’agit de personnes comme les autres.
Kad Merad : C’est un ensemble de choses aussi… Il y a par exemple le fait d’être le rôle-titre d’une série, ce qui est flatteur. Se voir proposer d’incarner le "héros" de la série, l’idée de se plonger dans une série politique également, l’une des premières en France à s’intéresser l’intimité de ces personnes et puis évidemment le metteur en scène Ziad Doueiri, dont j’avais vu le film L’Attentat. Explorer le monde de la politique c’est se frotter à un sujet très compliqué, surtout pour quelqu’un comme moi qui n’est pas impliqué dedans, si bien qu’il m’a fallu parfois quelques explications, mais nous avons bénéficié du dynamisme d’un réalisateur virtuose, qui maîtrise parfaitement l’aspect technique et la direction d’acteurs. La présence d’Anna et de Niels a également joué un rôle. C’était un projet séduisant pour un acteur comme moi qui est passionné par son métier.
Niels Arestrup : Pour ma part c’est la rencontre avec Ziad, dont j’avais beaucoup aimé L’Attentat. C’est un homme très chaleureux, sympathique, énergique, clair, disponible. Travailler avec lui était une très bonne raison mais également avec Kad et Anna.
Anna Mouglalis : Choisir Ziad pour la mise en scène, qui ne connaissait rien à la politique française et du coup avait un point de vue tout à fait neutre. C’est un réalisateur sans jugement aucun, qui est plus dans une approche américaine que française.
Etes-vous de intéressés par la vie politique ? Avez-vous puisé de l’inspiration auprès de personnalités existantes ?
Niels Arestrup : Je n’avais pas du tout envie de m’inspirer d’un homme politique, qu’il soit actuel ou du passé. Cela me paraissait ridicule d’essayer de me rapprocher de qui que ce soit. Je n’avais donc comme possibilité que la projection vers un imaginaire, et d’imaginer ma propre réaction si j’étais dans cette situation extrêmement particulière où l’on est confronté davantage à l’apparence qu’à la réalité du pouvoir. J’ai trouvé plus excitant de me projeter moi-même dans cette situation et par quels moyens j’essaierais de rester moi-même, ce qui n’est pas facile quand on est président de la République. La politique m’intéresse mais par le petit bout de la lorgnette. J’aime regarder le théâtre politique et ses personnages, qu’ils soient de droite ou de gauche d’ailleurs. C’est un spectacle parfois très décourageant et parfois plus sympathique.
Kad Merad : Ce qui m’a intéressé dans le personnage, c’est plutôt l’aspect intime que l’aspect politique puisqu’avant d’être des politiciens ce sont des hommes avec leurs défauts et leurs qualités. Une fois que j’ai accepté le rôle, j’ai essayé de m’y intéresser davantage et de suivre notamment les discours des députés à l’assemblée ainsi que leur gestuelle en interviews. Il fallait absolument éviter de tomber dans l’imitation et je me suis donc inspiré non pas d’un homme en particulier mais de plusieurs hommes et de femmes. Il y avait ensuite l’aspect humain du personnage mais c’était pour le coup à moi de le créer en m’inspirant de ma propre expérience. Depuis le tournage, je suis devenu passionné par la politique et je m’y intéresse davantage. C’est quelque chose qui m’amuse. Ce qui est intéressant avec cette série, c’est qu’on y suit l’intimité de la politique. On voit ce qu’ils traversent et les moments de coulisses, c’est à partir de là qu’on créée un personnage puisque nous n’avons pas l’occasion de voir cela dans la réalité. On ne les voit pas s’engueuler comme des chiffonniers, et se parler très mal comme cela arrive, même si c’est connu.
Comment définiriez-vous le personnage du Baron Noir ?
Kad Merad : Je crois qu’il n’y a pas d’ambiguïté dans le personnage, il est sincère mais il évolue dans un monde où la manigance est monnaie courante. Il s’adapte donc à la politique. C’est un homme qui vient du milieu ouvrier dans le Nord de la France. Il a sans doute appris le métier sur le tas et son statut de militant lui a permis de gravir les échelons, mais c’est un homme de terrain avant tout. Il est très complexe et va s’avérer surprenant jusqu’au dernier épisode. Je dois bien reconnaitre qu’il est difficile à décrire, j’ai essayé de le jouer en me posant le moins de questions possibles. Pour moi il est très clair, franc et sincère mais le désir de vengeance qu’il a en lui prend le dessus sur le reste. Ce n’est pas quelqu’un qui recherche le pouvoir à tout prix.
Qu’est-ce que le scénario vous a appris sur la politique ?
Niels Arestrup : On a tous un esprit nous permettant d’imaginer ce qu’il se passe dans les rouages de la machine politique. On imagine bien que ce sont des hommes et des femmes qui font de ce métier une carrière. Quand mon personnage dit "en politique il n’y a pas d’amitié", je crois que c’est quelque chose qu’un élu aurait pu dire dans la réalité. Il peut y avoir de la sympathie entre eux mais dès que cela intègre le territoire politique, cela devient un combat à mort.
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