Toujours à l'affiche de la comédie Encore heureux de Benoit Graffin, avec Edouard Baer, Sandrine Kiberlain sera, le 30 mars prochain, dans le nouveau long métrage réalisé par André Téchiné, Quand on a 17 ans, projeté aujourd'hui en compétition au Festival de Berlin.
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Rencontrée au Festival de la comédie de l'Alpe d'Huez pour la promotion d'Encore heureux (voir la première partie de notre entretien ici), nous avons saisi l'opportunité d'évoquer plus largement les récents choix de carrière de la comédienne, et parler en particulier de cette première collaboration avec le réalisateur André Téchiné.
AlloCiné : Avec Encore heureux, cela fait plusieurs films dans lesquels vous êtes davantage dans le registre de la comédie. Est-ce par ce qu'on vous en propose davantage ou ça correspond à une envie de votre part ?
Il y a eu tout un moment, mais ça fait longtemps maintenant où j'étais plus souvent dans des films graves, dans des films où mon personnage était intense, ou des choses d'adolescente attardée qui se cherche, assez sérieuse. Et puis, un peu avant Albert (Dupontel), je dirais que c'est Le Petit Nicolas, Les Femmes du 6e étage... des succès comme ça ont fait qu'ils ont dû se dire 'tiens, elle peut aussi donner de la fantaisie dans certains trucs', et donc j'en ai peut être reçu plus.
Et puis, il y a eu la bascule avec Albert (Dupontel avec 9 mois ferme, Ndlr) parce que le film a marché. Quand un film marche et que vous êtes drôle, ça y est, poum !
Mais ce qui est vachement bien, c'est qu'on ne m'a pas envoyé non plus que ça. J'ai beaucoup de chance car je voyage beaucoup entre plein d'univers. Sans doute aussi parce que je choisis d'aller un peu partout, d'être à la fois dans des trucs drôles et des choses plus émouvantes. Des choses de choix.
D'ailleurs votre prochain film n'est justement pas du tout une comédie, le film d'André Téchiné...
Oui, en effet, ce n'est pas drôle du tout. Mais en même temps, c'est aussi moi qui tire les rôles parfois vers quelque chose de joyeux... C'est André (Téchiné) qui m'a dit ça.
Le personnage (de Quand on a 17 ans) n'était pas écrit comme ça et je trouvais que cette femme était très heureuse au début du film. Donc André me dit finalement de rire un peu au début, parce qu'on a trouvé un petit truc de femme excessivement joyeuse, ça la rend un peu barrée.
J'aime toujours -j'espère- apporter une touche personnelle. Ma touche personnelle, elle va peut être vers la fantaisie... C'est une chance d'avoir fait ce film d'André qui est plus dur, qui est plus tragique.
C'est la première fois que vous tourniez avec André Téchiné. En rencontrant d'autres acteurs qui ont tourné avec lui, on a l'impression que c'est une expérience à part, que c'est une expérience qui vous change. Que retirerez-vous personnellement de cette expérience ?
Une rencontre au sommet ! Je l'adore, c'est vraiment quelqu'un qui est passionné, fou de ce métier. Il a l'air plus vivant pendant qu'il fait un film, alors qu'il n'a pas 30 ans. Il a une force de vie, il est passionné des acteurs. Il dit les mots justes pour que vous soyez dans la bonne situation. Il vous laisse aussi être très libre dans l'interprétation de ce qu'il a écrit. Il se sert de ce que vous êtes.
C'est un homme très libre qui a exploré plein de choses pour grandir et toucher au plus près ce qu'il avait envie de vivre. J'ai beaucoup d'admiration pour sa liberté dans le cinéma, dans l'écriture et dans sa mise en scène. Il a touché des univers, des couches sociales qui ne sont pas forcément ce qu'il a connu à la base. Il a beaucoup regardé autour de lui. Et puis, je pense qu'il est fou des actrices. On est magnifiées par lui. C'est une super rencontre.
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Comment s'est passée cette rencontre d'ailleurs ? Aviez-vous peut être une opportunité manquée par le passé de tourner avec lui ?
Non. Je savais qu'il écrivait en pensant à moi, je l'ai su un jour. On essaye d'oublier ça pour ne pas trop fantasmer parce qu'on ne sait jamais si ça se fait ou pas. Et puis, un jour il m'a appelé. J'ai su qu'il écrivait avec Céline Sciamma pour que je joue la mère.
Qu'est ce qui s'annonce pour vous en 2016 ? Avez-vous des tournages qui se profilent ?
Oui, je vais faire le film d'Erick Zonca, avec Gérard Depardieu et Romain Duris. Je joue une mère dont le fils disparait, mais c’est plus compliqué que ça. On s’aperçoit que c’est une disparition qui n’est pas banale. C’est la recherche de cet adolescent qui a disparu. Depardieu joue un flic assez désabusé. Duris joue un prof intrigant.
Avec un peu de fantastique ?
Pas du tout. Il y a beaucoup de noirceur. Mais c’est un film qui se veut noir et qui sera dans la veine des films noirs qu’on ne voit plus trop d’ailleurs. Le film assume complètement ça, il va au fond de ça. C’est très très sombre. Ca s'appelle Le Fleuve noir, c'est noir.
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Ce rôle est très particulier parce que la situation est particulière, mais je ne peux pas trop raconter. C’est un rôle dur, un film assez dur.
C'est une question à laquelle les comédiennes ne veulent pas forcément répondre de peur de casser le désir... Mais est-ce qu'il y a un réalisateur avec lequel vous n'avez encore jamais tourné avec qui vous aimeriez beaucoup faire un film ?
Ah oui, mais quand on insiste pas ou on ne tape pas à la porte… Il y en a plein. Je ne sais pas qui va me venir à l’esprit. Arnaud Desplechin, Bacri-Jaoui, Nicole Garcia, Emmanuelle Bercot, Deniz Gamze Erguven.
Après il y a aussi des gens avec qui j’aimerais retravailler. J’aimerais retrouver Stéphane Brizé, Benoit Jacquot, Albert Dupontel… J’ai eu beaucoup de chance quand même.
Quels sont les noms que l'ont vous dit souvent ?
Jacques Audiard
Ah oui, j’ai travaillé avec lui. Je veux bien retravailler avec lui. J’ai travaillé sur Un héros très discret qui je trouve est un de ses plus beaux films.
La bande-annonce de Quand on a 17 ans d'André Téchiné (sortie le 30 mars 2016)